Le printemps est de retour mais les rues sont désertes, confinement oblige. Les photographes de presse continuent à travailler et leurs clichés circuleront dans le monde entier. Comment immortalisent-ils cette période qui fera date dans l'histoire ? Eléments de réponse à Nice notamment.
Leur visage ne vous dira sans doute pas grand chose. Mais ceux qui lisent la presse reconnaîtront leurs photos. Ils travaillent pour des agences de presse, témoignent d'une actualité inédite, une crise sanitaire mondiale et un confinement dans un département d'ordinaire très touristique.
Qui sont-ils, quel regard portent-ils sur cette épidémie ? Rencontre avec trois d'entre eux.
Valery Hache, pour l'AFP
L’Agence France-Presse (AFP) est, comme son nom l'indique, une agence de presse française. Reportages, photos, elle vérifie et diffuse des informations à ses abonnés qui les relaient dans leurs supports respectifs.Valery Hache est photographe à l'AFP depuis 1995.
Je suis sur le terrain tous les jours. Je suis obligé de sortir avec un masque chirurgical, de photographier à une distance d'au moins 1 mètre 50 dans la rue. Quand je suis avec la police ou à l'hôpital, c'est un masque FFP2. Dans tous les cas, il faut nettoyer tout et se désinfecter les mains.
Je cherche des illustrations originales, car la seule actualité, c'est le Covid-19.
Un prêtre qui prie seul dans une église, des drive pour distribuer des masques, des jeunes qui distribuent des livraisons dans le Vieux-Nice...
Voilà qui témoigne du confinement.
Je n'ai jamais vu ça, on ne sait pas où l'on va, conclut-il.
Yann Coatsaliou - 360Médias
Yann Coatsaliou est photographe à l'AFP comme pigiste, et pour une société qui travaille pour les grands salons de la Côte d'Azur.
C'est impressionnant cette ville vide, c'est à la fois très agréable et très dérangeant.
C'est une période à na pas oublier, je me mets sur des points fixes, fais une photo et je recommencerai au même endroit une fois le confinement terminé.
explique Yann.J’étais sur la promenade je faisais des images au téléobjectif. Quand cet homme m’a vu, il a stoppé net et il s'est mis au garde à vous. Cela a dure 20 secondes. Cette photo symbolise pour moi ce qui se passe actuellement , on n'a pas d’autre choix que de se mettre au garde à vous face à cette pandémie..
Eric Gaillard, Reuters
Il a 35 ans de travail en agence derrière lui. Eric Gaillard a couvert de nombreux conflits dans le monde, mais pas de crise sanitaire comme celle qui sévit en France actuellement.
Et les photos Reuters sur la Côte d'Azur, c'est lui !
Quand je partais sur un terrain de guerre, l'ennemi était identifié et localisé, là il est invisible et il est partout !
D'habitude avec le soleil, c'est joyeux. En ce moment, c'est surréaliste, cette Promenade vide, c'est comme après le 14 juillet 2016, après l'attentat.
Comme Valery Hache ou Yann Coatsaliou, c'est le côté humain ou plutôt son absence qu'il veut immortaliser, la Promenade et ses jolies lumières, les chaises bleues vides.
Ces photos témoignent de la Côte d'Azur dans le monde entier.
J'ai couvert 36 festivals du films à Cannes. Les SDF se reposent à 50 mètres derrière les marches du fameux tapis rouge... C'est une image qui restera, nous dit-il.
Le département des Alpes-Maritimes est meurtri par de nombreux décès, mais malgré tout plus épargné que dans l'est de la France ou à Paris. Le pic de l'épidémie n'est pas encore atteint...