Coronavirus : fabriquer soi-même des masques textiles, "mieux que rien" mais l'efficacité n'est pas validée

Face à la pénurie de masques chirurgicaux, les initiatives se multiplient pour fabriquer des masques textiles pour les salariés obligés de travailler. Des modèles et tuto vidéo circulent sur les réseaux sociaux. L'ARS Paca ne valide pas l'efficacité de ces masques "faits maison".

Les masques manquent et le cri d'alarme des salariés qui continuent à travailler en première ligne malgré le virus a ému bon nombre d'internautes qui proposent de mettre leurs talents de couturières à profit pour fabriquer des "ersatz" en tissu.

A Nice, des couturières bénévoles ont créé un réseau d'entraide depuis leur domicile où elles sont confinées. Le groupe baptisé "Les couturières du Coeur" a sa page Facebook. 

"Au démarrage on ne pensait pas que ce serait aussi important que ça, et au final, on se retrouve avec plus de 500 couturières dans la France entière," se réjouit Abellina Saint-Just.

"Ce qui nous a fait bondir et pourquoi nous avons commencé ce groupe, c'est que nos infirmières n'aient rien pour se protéger, on s'est dit, ce n'est pas possible " ajoute-elle. 

"Chaque couturière travaille avec les mains décontaminées", assure Abellina Saint-Just, mais c'est difficile à vérifier, chacune travaillant chez elle.

"On utilise des épaisseurs de tissu avec une ouverture pour rajouter du Sopalin plié, des alèses, des compresses, de la ouate ou des filtres d'aspirateur, tout ce qui peut passé au lavage à 60°."

Tissu, fil et élastiques viennent à  manquer

Chaque couturière a déjà produit entre 6 et 10 masques depuis le 16 mars. Plus de 10 000 masques ont déjà été distribués, mais la matière première vient à manquer aux petites mains.

Il nous faut du tissu, du fil et des élastiques 

souligne Abellina Sain-Just qui veut que l'Etat et les collectivités procèdent à des réquisitions.

Il faut aussi acheminer ces masques à leurs destinataires. "Il faut que la police municipale récupère les masques mis dans des cartons et que les personnes puissent venir tranquillement au commissariat chercher ce dont elles ont besoin pour travailler sereinement" suggère la bénévole niçoise.

"On sait que ce n'est pas du matériel professionnel, mais combien de personnes sont soumises au décret et obligées de travailler, interroge la couturière, on a les éboueurs en panique, les facteurs, la police municipale, les caissiers... et qui n'ont pas de masques".

30 minutes pour faire un masque

"Chaque masque prend 30 minutes à fabriquer et on a un tuto vidéo très simplifié pour les débutantes, on a plein de jeunes filles qui démarrent et qui veulent donner un coup de main," précise encore Abellina Sain-Just.  Les initiatives comme celle-ci se multiplient dans la région. Ainsi, la Maison d’Enfants à Caractère Social de l’Association Saint Martin à Digne-les-Bains, qui accueille des Mineurs Non Accompagnés (MNA) propose elle aussi de fabriquer ces masques "en soutien aux soignants qui réalisent un travail formidable", comme l'explique le directeur qui lance lui aussi un appel pour avoir des bouts de tissus et des élastiques.

"Un des MNA s s’est porté volontaire pour fabriquer des masques en tissus, il était couturier en Afrique, nous aurions besoin de tissus, de chutes de coton, de molleton fin (molleton dans les anoraks), de polaire fine et d’élastique souple".

Sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, un modèle est particulièrement repris, c'est celui transmis par le CHU de Grenoble à ses personnels soignants.

Ils ne protègent pas des malades atteints du Covid-19

Le document du CHU Grenoble est devenu viral sur la toile. Il précise cependant que ces masques de soin en tissu ne conviennent qu'aux services qui ne recoivent pas de patients atteints du Covid-19. 

La Société Française d’Hygiène Hospitalière Risque infectieux et soins met en garde expressément les personnels de santé de ne pas utiliser de masques en tissu, pas plus que du papier ou des chiffons noués "du fait de données scientifiques concernant leur efficacité (étanchéité) très rares".

Les réserves de l'ARS

L'Agence régionale de Santé (ARS) PACA précise de son côté qu'elle ne valide pas ces masques faits à la maison, même si "c'est toujours mieux que rien pour le public". 

L'ARS rappelle que pour le public, "il ne faut porter un masque que si on est malade".

Beaucoup de questions se posent, sur lesquelles l'ARS reste réservée : tous les cotons sont-ils utilisables, ces masques sont-ils efficaces contre les projections de goutelettes, ne risquent-ils pas de favoriser la contamination ? combien de temps peut-on les porter ? peuvent-ils être lavés et réutilisés ?

Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon répète que "la bonne réponse c’est la distanciation sociale."

Les industries textiles à la rescousse

Face à l'ampleur de la crise, certains professionnels interpellent les industries textiles.  40 entreprises de textile ont d'ores et déjà proposé de fabriquer des masques de protection, a assuré le président de France Industrie, Philippe Varin.  De premiers échantillons ont été approuvés par les autorités. Ces masque réutilisabless, lavables à 60°C, coûteraient de 3 à 4 euros l'unité.  
 
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