Covid 19 : dépression, précarité, cours à distance... Les étudiants et les enseignants ont manifesté leur colère à Nice

La colère gronde dans l'éducation. A Nice, ce mardi 26 janvier, les étudiants et les enseignants se sont alliés pour manifester leur désarroi. En cause, les mesures prises par le gouvernement pour endiguer l'épidémie de coronavirus. Ils réclament des cours en présentiel et plus de moyens. 

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Comme Léa, Antoine, Tracy, Cléo ou encore Julien, ils étaient des centaines d'étudiants à manifester leur colère à Nice ce mardi 26 janvier. Une jeunesse qui se sent abandonnée, à la dérive et incomprise par le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020. Entre les cours à distance, la perte des boulots étudiants ou l'extrême solitude, les envies suicidaires ont doublé chez ces jeunes et les états dépressifs ont été multipliés par deux cette année selon les statistiques de  l'Observatoire de la vie étudiante.

Des chiffres glaçants qui témoignent du désarroi de cette génération. Malgré les nouvelles mesures prises par l'exécutif au mois de janvier, comme les repas dans les restaurants universitaires à un euro ou un possible retour en présentiel une fois par semaine, les étudiants dans toute la France ne décolèrent pas. 

Un sentiment de détresse chez la jeunesse 

"Nous connaissons une grande précarité. On est isolé. On se sent méprisé par le gouvernement. Pourtant, ils savent qu'on est là, qu'on existe et aucunes vraies mesures ne sont prises" confie avec amertume, cet étudiant en 3e année de géographie venu manifester.

Une situation désastreuse que déplore également Marine, étudiante en Master 1 d'expertise du politique et des affaires publiques. Elle témoigne de son inquiétude.

Je suis étudiante et je travaille dans une boutique de vêtements. Je suis en extra je n'ai pas de contrat. Si on est reconfiné, je serai dans une grande précarité financière car je n'aurai pas le chômage partiel.

Marine, étudiante

Dans le cortège de la manifestation niçoise, les lycéens ont également répondu présents. Ils sont pour leur part préoccupés par le baccalauréat en contrôle continu. Une annonce faite par le Ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer le 21 janvier. 

Certains élèves craignent d'avoir un diplôme moins valorisé par les employeurs avec ce contexte, d'autres estiment que la suppression des épreuves efface le "caractère  égalitaire" des épreuves. En effet, selon les établissements les notations ne sont pas les mêmes. C'est notamment l'avis de Cléo, en classe de première. 

On se retrouve avec des examens qui vont déterminer notre avenir alors qu'on est souvent à distance. On n'a pas tous de bonnes conditions pour travailler. C'est très difficile.

Cléo, lycéenne

Les étudiants sont motivés à retourner en cours avec précaution  

Sous l'impulsion du haut-parleur, d'Amaury Baudoux, président de la fédération étudiante Face 06, une centaine de jeunes se sont assis en signe de protestation dans les jardins du campus Valrose. Ils ont tenu à prouver qu'il était possible de respecter les gestes barrières et donc de remettre les cours en présentiel. 

Cette expérience, les étudiants l'ont réitéré dans un amphithéâtre de physique de l'université.

90 élèves se sont prêtés au jeu sous le regard approbateur du président de l'université Côte d'Azur, Jeanick Brisswalter. Seul bémol néanmoins : les étudiants qui se croisent en entrant et sortant des salles de cours. 

Ce que l'on souhaite et ce que l'on demande, c'est que l'université puisse rester active s'il y a un troisième confinement.

Jeanick Brisswalter, président de l'université Côte d'Azur

Les étudiants veulent ainsi pouvoir bénéficier des mêmes conditions que les lycéens durant la deuxième vague. A savoir, une alternance entre groupes à distance et groupes présents sur place, afin de pouvoir reprendre un rythme scolaire. Une mesure qui permettrait de lutter contre l'isolement et le décrochage. 

Selon un sondage Ipsos, réalisé pour la fédération étudiante Fage, 84% des étudiants estimaient au début de l'été avoir décroché de leurs études pendant la fermeture des sites d'enseignement.

Pour le moment, le gouvernement a uniquement décidé de permettre aux étudiants de 1e année de retrouver les bancs de la fac depuis le 25 janvier, pour des travaux dirigés en demi-groupe.

Un élargissement progressif pourrait suivre mais uniquement si la situation sanitaire le permet.

Pour les enseignants, c'est un "ras-le-bol !"

Aux côtés des élèves, ce sont les professeurs qui ont interpellé l'exécutif ce mardi 26 janvier. Le corps enseignant reproche le manque de moyens pour lutter efficacement contre la pandémie. Pas assez de professeurs, ni de matériels pour effectuer les cours à distance dans de bonnes conditions. Les gestes barrières sont difficilement applicables et les contaminations augmentent de jour en jour.

C'est par exemple le constat amer de Jean-Paul Clot, professeur d'histoire géographie et co-secrétaire du syndicat FSU 06.   

Il n'y a plus que le ministre qui croit en l'école de la confiance. Nous on manque de moyens et on ne lui fait plus confiance.

Jean-Paul Clot, délégué syndical FSU 06

Même constat pour une enseignante en classe de CE1, venue de Grasse, qui confie avec agacement : "dans ma classe, je n'ai que quatre ordinateurs et j'ai internet qui fonctionne par intermittence. Le gouvernement voulait pourtant qu'on passe au tout numérique...laissez moi rire !" 

Les infirmièrs scolaires sont très préoccupés pour les jeunes  

En première ligne aussi dans les établissements, les infirmiers et conseillers de santé, ils s'indignent de la situation. Depuis le début de la crise sanitaire, ils subissent des horaires à rallonge afin de "pister" les élèves atteints par le virus mais ils sont aussi confrontés aux troubles psychologiques des jeunes qui se développent. Etre confrontée, aux tentatives de suicide ou aux crises d'anxieté des élèves, ça fait dorénavant partie du quotidien d'Isabelle, qui exerce dans un lycée niçois. 

Il y a une très grosse souffrance des jeunes avec le distanciel et la peur du futur. On a beaucoup de crises d'angoisse et de tentatives de suicide. On est très inquiet à ce niveau là.

Isabelle, infirmière

Les personnels d'aide à l'enfance (ASE) ont également rejoint la manifestation. Pour protester contre le manque de moyens alloués par l'Etat pour exercer la profession dans de bonnes conditions pendant l'épidémie de coronavirus. 

 

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