Un essai clinique européen de traitement contre le coronavirus piloté par un infectiologie de Nice

A Nice, un médicament présenté comme étant à la fois anti-viral, anti-inflammatoire et réparant le tissu cellulaire fait l'objet d'un essai randomisé sur des malades du Covid-19 de plus de 65 ans ou à risque. Le docteur Eric Cua, infectiologue au CHU de Nice, pilote cet essai et nous en dit plus.

Il s'appelle ABX464. Ce médicament peut être administré à des patients en tout début de Covid-19. Pour bénéficier de ce traitement, il faut avoir plus de 65 ans ou encore être à risque, c'est à dire en surpoids, avec du diabète ou de l'hypertension, des cas où l'on peut développer des formes sévères de la maladie. 

Il s'agit d'une petite gélule à avaler chaque jour, à la maison ou à hôpital. Un essai européen est piloté pour la partie médicale par Eric Cua, infectiologue du CHU de Nice et pour la partie administrative par Eric Monch, à la Direction de la Recherche Clinique et de l’Innovationinclus en Europe.

Il comprendra une dizaine de CHU France, et des hôpitaux en Allemagne et en Espagne. Pour l'instant, faute de patient, personne ne prend ce médicament dans les Alpes-Maritimes.

L'essai Mir-AGE en détail

Le principe est de proposer à environ 1 300 malades du Covid-19 à un stade précoce avec leur consentement, cet essai nommé Mir-AGE,  300 se voyant administrer un placebo.

Eric Cua est infectiologue, il précise la méthode. Ce Niçois tient à rappeler que le temps médical est long. Cet essai lancé en pleine épidémie a obtenu toutes les autorisations mais il est lancé à un moment où cette épidémie semble être en passe d'être terminée.

Quand on fait un essai ambitieux et rigoureux, s'il existe un médicament de référence, on fait une étude randomisée en double aveugle, c'est-à-dire que patient et prescripteur ne savent ni l'un ni l'autre qui prend quoi ( le médicament de référence ou la nouvelle molécule).

Quand il n'y a pas de médicament de référence comme c'est le cas pour le Covid, on compare avec ceux qui prennent un placebo. Eric Cua

L'évolution de la maladie établira l'efficacité ou non du traitement. Trois paramètres seront essentiels : le patient est-il mis sous oxygène, est-il intubé, enfin survit-il à la maladie ? Le chiffres parleront ou pas.

Une cible : les cytokines 

Les cytokines sont des molécules produites par l'organisme à réponse à une infection. Ces agents sont donc essentiels dans le système immunitaire car ils agissent en bataillons contre un agent pathogène. 

Or, dans le cas du Covid-19, une semaine après le début des symptômes, on observe parfois une réaction inflammatoire très grave, c'est un "orage cytokinique" potentiellement plus dangereux que le virus lui-même car cet orage provoque une détresse respiratoire et parfois le décès du patient. 

Quand les cytokines surréagissent, il faut les tempérer, c'est le but du médicament ABX464, qui a fait ses preuves dans une autre maladie inflammatoire, de l'intestin cette fois. Eric Cua.

L'épidémie n'est plus active en France

"On a découvert ce Covid-19, et on s'est trompé sur certaines choses. On a comparé à tort ce virus à la grippe", selon lui.

On a beaucoup appris sur les symptômes, sur la durée de la contagion. On a découvert que beaucoup de traitements y compris avec des molécules prometteuses ne marchaient pas. Il reste beaucoup d'interrogations ! Eric Cua.

Cet essai arrive t-il trop tard ? Pas forcément. L'épidémie en Europe semble derrière nous. Mais pas en Amérique du Sud. Le Brésil, actuellement très touché par la pandémie et le Mexique pourraient intégrer cette étude.

Les généralistes en première ligne

Pour Eric Cua, les médecins généralistes doivent absolument savoir que cet essai existe, ce sont eux qui, s'il y a une deuxième vague, devront orienter les patients.

"Si l'essai ne se fait pas, ce sera une très bonne nouvelle, mais si de nouveaux cas apparaissent, nous sommes prêts", conclut le médecin. 

 

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