Crash de la caravelle Ajaccio-Nice : l'enquête continue, les familles des victimes reçues par le juge

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Les avocats des parties civiles et les enfants de victimes du crash de la Caravelle au tribunal judiciaire de Nice, le 4 septembre 2023.
La thèse d'un tir de missile est de plus en plus incontestable dans l'affaire de la disparition du vol Ajaccio-Nice en septembre 1968. À Nice, la justice enquête sur une possible dissimulation de preuves. ©Magali Roubaud-Soutrelle / Jean-Bernard Vitiello / France Télévisions

La thèse d'un tir de missile est prise au sérieux par la justice dans l'affaire de la disparition du vol Ajaccio-Nice en septembre 1968. À Nice, la justice enquête sur une possible dissimulation de preuves.

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La thèse d'un tir de missile est de plus en plus incontestable dans l'affaire du crash de "la Caravelle", un vol d'Air France entre Ajaccio et Nice disparu en septembre 1968. Aujourd'hui, la thèse officielle d'un incendie à bord fait place à celle, évoquée depuis le début de l'affaire, à celle d'un tir de missile accidentel de l'armée française.

Le 11 septembre 1968, jour de la tragédie, l'armée effectuait des exercices en mer à proximité du Cap d'Antibes, au large duquel le crash a eu lieu.

À Nice, à quelques jours du 55ème anniversaire du crash qui a coûté la vie aux 95 passagers de ce vol de tourisme, la justice enquête sur une possible dissimulation de preuves par les autorités françaises.

Ce mardi 4 septembre, les familles des victimes et leurs avocats étaient reçus par le juge chargé de l'enquête au tribunal judiciaire de Nice. Depuis plus de cinquante ans, Mathieu Paoli, dont les deux parents ont péri dans l'accident, réclame justice. "C'est pour toutes les familles qui étaient dans l'avion qu'on travaille, c'est pas spécialement pour nos parents", confie celui qui se porte partie civile au tribunal. "Chaque année, il y a des personnes qui partent, qui quittent ce monde, sans savoir réellement ce qu'il s'était passé", regrette-t-il. 

Enquête pour dissimulation de preuves

C'est en enquêtant sur la dissimulation de preuves que l'instruction veut démontrer la volonté des autorités françaises de cacher la vérité. Est notamment pointée du doigt la disparition de débris d'avion au cours de l'enquête.

Maître Philippe Soussi, avocat des parties civiles, pointe les zones d'ombres de l'enquête menée après la disparition du vol. "Personne n'a demandé, dans ce dossier, entre 1968 et 1973, où étaient passées les boîtes noires. Est-ce que vous imaginez qu'une chose comme ça, puisse se produire aujourd'hui en France ou en Europe, en 2023 ?", demande-t-il.

Il est impossible de considérer que le crash de la Caravelle ait pu être causé par autre chose qu'un missile.

Maître Philippe Soussi, avocat des parties civiles.

Des témoignages récents appuient en outre la théorie d'un tir de missile sur l'avion. En 2022, un documentaire diffusé sur France 2 révélait le témoignage de Jean-François Saint-Perrier, un militaire qui se trouvait à bord d'un lance-missile de la marine française, stationné à Toulon le jour du drame, et qui accréditait la théorie d'une collision entre la Caravelle et un missile. "On a tiré le missile avant le crash. Je peux être catégorique parce que j’y étais. Un quart d’heure après, on nous a dit d’aller sur les lieux parce qu’une caravelle s’était crashée. Nous y sommes allés pour retrouver des rescapés et récupérer des débris", confiait l'ancien matelot.

Une "bataille politique"

Les acteurs de cette tragédie ont pour la plupart aujourd'hui disparu, empêchant la tenue d'un procès. "Restera la bataille politique", avance Maître Paul Sollacaro, le second avocat des parties civiles. "Celle-ci, nous la gagnerons lorsque (...) le président de la République, un conseiller ou le ministre de la Défense lui-même, reconnaitra ce qu'a reconnu la justice et ce que l'opinion publique considère comme une vérité, à savoir que la Caravelle a été frappée par un missile", exprime-t-il.

Une plongée autour de l’épave de l’avion, située à 2 300 mètres de profondeur au large d'Antibes, avait été demandée par l'association des victimes en 2014 puis en 2020, sans succès.

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