Il y a 54 ans, le 11 septembre 1968, 95 personnes perdaient la vie au large du Cap d’Antibes dans un crash d'avion. L'armée effectuait simultanément des exercices en mer. Un documentaire diffusé sur France 2 alimente la thèse d’un tir raté de missile.
Une immense zone d’ombre a toujours plané sur le crash de la caravelle Ajaccio-Nice de 1968. Si aujourd’hui l’enquête est toujours ouverte 54 ans après, un documentaire diffusé sur France 2 lundi 18 avril dans l’émission « Affaires sensibles » révèle un nouveau témoignage qui accrédite la thèse de la collision avec un missile et non celle de l’incendie à bord.
Un témoignage qui fait froid dans le dos
Depuis 54 ans, selon la version officielle de l'armée, le Suffren, frégate lance-missiles, était à quai à Toulon le 11 septembre 1968. Le témoignage de ce militaire vient donc mettre cette thèse à mal.
On a tiré le missile avant le crash. Je peux être catégorique parce que j’y étais. Un quart d’heure après on nous a dit d’aller sur les lieux parce qu’une caravelle s’était crashée. Nous y sommes allés pour retrouver des rescapés et récupérer des débris.
Jean-François Saint-Perrier Ancien matelot du Suffren
Officiellement nous n’avons pas eu d’ordre de la part du commandement, mais en tant qu’équipage on sait qu’il s’était passé quelques chose, que nous avions fauté.
Jean-François Saint-Perrier Ancien matelot du Suffren
« Ce témoignage est un élément nouveau » Paul Sollacaro Avocat de l’association familles des victimes
Alors que l'enquête est toujours en cours, le juge d’instruction a ordonné récemment un certain nombre d’expertises qui portent sur des documents importants de ce dossier.
L’étau se resserrait depuis des années autour du Suffren, et ce témoignage nous apporte un élément nouveau. Nous allons demander à ce que ce monsieur soit entendu par un juge d’instruction, à ce que ses déclarations soient vérifiées et que des investigations aient lieu sur la base de ces déclarations. C’est effectivement un élément important dans le cadre de ce dossier.
Paul Sollacaro avocat de l’association des familles des victimes
« Cette enquête a pris beaucoup de temps » Alexandra Colineau, réalisatrice du documentaire « Caravelle Ajaccio/Nice : un crash secret défense »
Cela fait 54 ans que les familles des victimes dont les corps sont restés au fond de la mer se battent pour connaitre la vérité. C’est pourquoi Alexandra Colineau, titulaire notamment d'une licence Information et communication à Paris 3, a décidé de se pencher sur cette affaire qui restera parmi les plus mystérieuses de ces dernières décennies.
Interviewée par France 3 Côte d’Azur quelques heures avant la diffusion de son documentaire lundi 18 avril, Alexandra Colineau a expliqué le déroulement de son tournage et les embuches auxquelles elle a été confrontées.
Cette enquête a pris beaucoup de temps, surtout pour obtenir des archives déclassifiées auxquelles j’ai fini par avoir accès après avoir insisté lourdement auprès de l’Elysée, de l’Etat-major d’Emmanuel Macron, auprès du ministère de la Défense pour avoir accès aux archives.
Alexandra Colineau Réalisatrice du documentaire « Caravelle Ajaccio/Nice : un crash secret défense »
Pour voir le documentaire « Caravelle Ajaccio/Nice : un crash secret défense » diffusé sur France 2 dans l’émission « Affaire sensibles » cliquez ici.
Un documentaire qu'ils attendaient tous
Depuis la date fatidique du 11 septembre 1968, entre funérailles et pourvois en justice, les familles des victimes n'ont jamais cessé de se battre.
Les membres de l'Association de la caravelle Ajaccio-Nice attendaient ce documentaire avec impatience :
En revanche je n’ai pas eu d’interviews. On a déposé une fin de non-recevoir à mes demandes.
Alexandra Colineau , réalisatrice du documentaire "caravelle Ajaccio-Nice, un crash secret défense".
Aujourd’hui Alexandra Colineau aimerait avoir d’autres témoignages de militaires qui étaient sur place ce jour-là parce qu’il ne reste plus beaucoup d’archives écrites. "Enfin, nous aimerions explorer l’épave de la caravelle dont nous connaissons la localisation, et dont nous serions capables techniquement de percer les secrets".
Une plongée autour de l’épave de l’avion située à 2.300 mètres de fond avait déjà été demandée par l'association des victimes en 2014 puis en 2020 aux services de l'Etat, sans succès.
Prochainement devrait être promulguée une loi scellant la déclassification des éléments qui se sont déroulés autour du crash de la caravelle. Les informations devraient donc devenir accessibles grâce à la levée, enfin, du secret défense.