Commentaires haineux, sexistes, homophobes, tout utilisateur des réseaux sociaux est potentiellement une cible. Une application les filtre en temps réel et contribue à la lutte contre le cyberharcèlement.
Il s'appelle Charles Cohen, Niçois, geek depuis toujours. Il a un peu plus de 20 ans, le bac en poche. Nous sommes en 2018 quand cet autodidacte apprend qu'une enfant s'est donné la mort : elle s'était pendue car harcelée sur les réseaux sociaux.
Il a alors une idée : créer un système qui filtrerait les commentaires, et préserverait les utilisateurs de contenus haineux, toujours traumatisants.
L'idée était bonne, une levée de fonds de 2 millions d'euros plus tard, voilà donc Bodyguard, garde du corps en français, l'appli gratuite qui filtre et protège. Et pour la développer, une start-up est créée.
Tout le monde concerné
Un médecin menacé de mort par des antivax ? Un collégien harcelé et moqué sur les réseaux sociaux ? Un politique ciblé par ses adversaires ? Des commentaires racistes, haineux et traumatisants sur Twitter, YouTube, Instagram et Twitch ?
Les exemples sont multiples. Le principe du filtre est expliqué par son concepteur. Cela passe par des algorithmes qui scannent toutes les minutes les comptes des clients, et repèrent les commentaires problématiques et les modèrent automatiquement.
Mais il y a en plus une intervention humaine qui permet de recontextualiser les propos. Un double bouclier pour analyser les "posts".
Chaque utilisateur peut choisir un niveau de modération plus ou moins fort. Les commentaires malveillants ou haineux sont immédiatement masqués.
Un "meilleur internet"
Pour Charles Cohen, internet est un espace d'échanges formidable, où règne la liberté d'expression. C'est aussi "une toile qui tisse la haine". Et la période de Covid a amplifié le phénomène, car cette "haine en ligne" a considérablement augmenté.
On ne veut pas faire de l'argent. Notre ADN, c'est construire un meilleur internet, faire en sorte d'en finir avec le cyber harcèlement.
Charles Cohen, fondateur et CEO de Bodyguard
Preuve que ce Bodyguard correspond à une demande, la même technologie a été ouverte aux entreprises (via un abonnement) : leurs plateformes commerciales et communautés en ligne sont en proie avec des "haters", des personnes qui postent sur les réseaux des messages diffamants.
La startup détecterait 90 % des contenus inappropriés et ne comptabiliserait que 2% d'erreurs.
Toujours plus de salariés
Pour faire face à toujours plus d'utilisateurs, le nombre de collaborateurs est en constante augmentation. Installée dans un incubateur d'entreprises à Nice, la société employait 15 personnes en 2020, le double début 2022.
Une deuxième levée de fonds est en cours et ils devraient être 70 d'ici la fin de l'année.
Célia fait partie de l'aventure depuis le début, c'est elle qui est en charge de la communication et des partenariats. Elle ne cache pas son enthousiasme.
Nous sommes tous ambassadeurs de notre boîte. Les personnes recrutées viennent toutes de grands groupes, qu'elles quittent car elles sont en quête de sens. On cherche des profils experts, et quelques juniors, on ouvre les portes à tous ceux qui veulent se rendre utile dans ce vaste monde qu'est internet.
Célia, chargée de communication à Bodyguard.
Autre bonne nouvelle : le déménagement programmé dans d'autres locaux pour accueillir les nouvelles équipes.
Des récompenses
Charles Cohen lui, a gagné plusieurs prix : Bodyguard est le lauréat 2021 du prix "10.000 startups pour changer le monde", dans la catégorie "Impact".
Bodyguard a aussi gagné le trophée « For Democracy », à l'occasion des "Talent Awards", qui récompensent les meilleures équipes de la French Tech.