Lutter contre la haine sur internet passera peut-être par la responsabilisation des hébergeurs, c’est l'objectif de la loi votée ce 9 juillet à l’Assemblée Nationale. 44 plaintes ont été déposées pour contenus haineux en 2018 dans les Alpes-Maritimes.
Pédopornographie, terrorisme, cyberhaine… comment lutter ?
Il faut faire drastiquement baisser le niveau de haine en ligne et la première chose à faire, c'est de mettre fin à l'impunité des auteurs de haine en ligne.
avait commenté sur Franceinfo Cédric O, le secrétaire d’État chargé du Numérique.
La proposition de loi de la députée La République en marche Laetitia Avia vient d'être adoptée en première lecture par 434 voix pour, 33 contre et 69 abstentions. Il passera à la rentrée au Sénat, en vue d'une adoption définitive rapide.
Elle oblige les hébergeurs comme Facebook, Twitter en les obligeant à supprimer tout contenu haineux dans les 24 h après leur signalement.
L’article 1 de la #PPLCyberhaine vient d’être adopté ! ?
— Laetitia Avia (@LaetitiaAvia) 4 juillet 2019
✅ Obligation de retrait des contenus manifestement illicites sous 24h après signalement pour les grandes plateformes et les moteurs de recherche. pic.twitter.com/NKpWDyaAbC
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les députés ont mis en exergue dans le texte de loi le "respect de la dignité humaine" et la lutte contre l'apologie des crimes contre l'humanité, mais n'ont pas étendu le champ d'application au négationnisme, ce qui a fait débat.
Ça vous choque dans la rue. Pourquoi l’accepter sur internet ? #PPLCyberHaine pic.twitter.com/IGAAgZiFr5
— Laetitia Avia (@LaetitiaAvia) 25 juin 2019
Seront inclus tous les contenus haineux portant atteinte à la "dignité" de quelqu’un, les attaques fondées sur la race, la religion, l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou un handicap.
Cette proposition de loi sera soumise au vote mardi 9 juillet.
Si la loi est adoptée, la peine encourue sera d’un an de prison, l'amende pourra atteindre 4% du chiffre d’affaire mondial
On peut se poser la question de la censure. C’est un problème d’éthique. Il faut définir où est la limite entre la critique et la haine ?
Explique ce matin, au micro de France Bleu, l’adjudant Henri Rodriguez, spécialiste de la cybercriminalité dans les Alpes-Maritimes. Dans le département, deux gendarmes sont rattachés à la cybercriminalité. En 2018, 44 plaintes ont été déposées pour contenus haineux.
En mars, une dizaine de policiers avait déposé plainte pour insultes et menaces sur les réseaux sociaux suite à la chute de Geneviève Legay, lors d'une manifestation des Gilets-Jaunes à Nice.
Il faut déposer plainte et porter à la connaissance des autorités ces faits de violence. Car plus les contenus haineux se seront dénombrés, plus ils seront importants, et plus des moyens seront mis en œuvre pour lutter contre ces appels à la haine.
Henri Rodriguez rappelle que l’anonymat et le secret de l’instruction sont garantis par la justice française.
Facebook veut dévoiler les adresses IP
Selon ce spécialiste, Facebook s’est dit prêt à coopérer avec les autorités françaises en communiquant l’adresse IP de tous ceux qui propagent la haine sur les réseaux.L’adresse IP, c’est l’adresse matérielle, physique de la box. Pour nous, c’est extrêmement important, car c’est notre seul moyen de savoir d’où vient le message.
Toujours selon Henri Rodriguez, Facebook aurait également dépêché un groupe d’ingénieurs pour travailler spécialement sur les régulations. Des régulations qui pourraient être en grande partie gérées par des algorithmes via une alerte de mots-clés.
Il faut avoir conscience que ces messages haineux peuvent conduire à des sacrifices suprêmes. Nous l’avons constaté notamment au travers de messages, mais aussi de jeux comme le « Momo Challenge ».
a conclu Henri Rodriquez, spécialiste de la criminalité dans les Alpes-Maritimes.