Dans les Alpes-Maritimes, les embouteillages font perdre des milliers d'heures de productivité aux entreprises

Dans les Alpes-Maritimes les embouteillages empoisonnent le quotidien des automobilistes et des entreprises. Pour Pierre Ippolito, président de l'Union Pour l'Entreprise 06, les pouvoirs publics doivent trouver des solutions afin d'éviter une perte d'emplois sur le long terme.

Sur l'autoroute A8, les cauchemars se suivent et se ressemblent. Le dernier en date, mercredi 10 avril, un bouchon monstre qui a duré plus de six heures de Mandelieu-La Napoule à Saint-Laurent-du-Var, suite à un accident de poids lourd dans la nuit.

Le problème n'est pas nouveau. Il est difficile de circuler dans les Alpes-Maritimes. Les embouteillages sur l'autoroute et les voies secondaires créent un stress quotidien pour les conducteurs.


Nous avons posé cinq questions à Pierre Ippolito. Le président de l'UPE 06 explique que les entreprises azuréennes sont également victimes de ces ralentissements. 

Quel est l'impact économique des embouteillages dans les Alpes-Maritimes ?

Pierre Ippolito : C'est dur à quantifier, car il y a le coût direct et indirect. Il y a déjà le temps passé pour les collaborateurs qui mettent plus de temps pour venir, qui sont plus fatigués, donc il y a une baisse de la productivité. Également du turn-over parce qu'il est trop contraignant de faire une heure de bouchons pour aller dans telle ou telle entreprise. On a vraiment quantité de problématiques indirectes.

Pour les entreprises, la journée du mercredi 10 avril a été catastrophique. Beaucoup d'entre elles nous ont appelé pour nous dire par exemple : "J'ai perdu ma journée, je suis plombier, je n'ai même pas pris ma voiture pour faire les dépannages, je n'ai pu en faire que deux au lieu de dix."

Il y a donc une perte de chiffre d’affaires et une perte de pouvoir d'achat pour les collaborateurs. L'entreprise ne peut pas payer les gens qui ne sont pas venus, même si ce n'est pas leur faute. Donc  donc il faut qu'ils rattrapent. Ce sont des contraintes pour tout le monde. Nous avons eu une vraie baisse de notre chiffre d’affaires sur la journée de mercredi.

La difficulté de circuler est-elle spécifique aux Alpes-Maritimes ?

D'autres régions ont aussi leurs contraintes : l'Île-de-France a ses problématiques, les grandes métropoles ont leurs problématiques. Dans les Alpes-Maritimes on a des spécificités : Dès qu'il y a un problème sur l'autoroute A8 cela engage l'ensemble du réseau secondaire.

Et puis une autre chose : on a des vallées et un littoral. Cette spécificité est unique à notre département et notre croissance économique ces dernières années a créé encore plus de flux sur les routes. Ça s'accentue et nos infrastructures n'évoluent plus. Nous avons donc une vraie problématique de mobilité et de logement. De plus en plus d'actifs qui ont du mal à se loger. Il faut qu'ils aillent de plus en plus loin de leur lieu de travail, il faut qu'ils prennent leur voiture par manque de solutions de transports en commun. Et si vous prenez plus votre voiture, si vous faites plus de kilomètres pour aller au travail, il y a plus de bouchons.

Quelle est la solution ? 

La première solution est de faire évoluer nos infrastructures pour s'adapter à notre demande actuelle, donc des réseaux secondaires, des contournements sur certaines zones, un accroissement de la capacité de l'A8.

Il y a d'autres solutions : il faudrait que les entreprises et les logements soient plus proches les uns des autres et que l'offre de transport en commun réponde aux demandes actuelles. En effet, le système de bus n'est pas toujours adapté pour les entreprises et les actifs. Il faut peut-être penser à de nouvelles infrastructures pour du transport collectif différent.

Le télétravail est-il une solution ?

Le télétravail est une solution, mais on estime que 75% des entreprises des Alpes-Maritimes, comme celles liées au tourisme et au BTP, ne peuvent pas en faire.
Ça marche par contre dans certains secteurs, notamment à Sophia Antipolis où le télétravail fonctionne et limite une partie de la problématique.

Combien d'heures de travail sont-elles perdues ?

On parle en millions d'euros et en centaines de milliers d'heures de productivité et de manque à gagner pour les entreprises et de perte de confort pour les salariés.
Le logement et la mobilité sont des sujets de société très importants pour notre territoire si on veut continuer à être attractifs. Sinon on détruira de la valeur et on détruira des emplois à long terme.

Entretien réalisé par Olivier Chartier-Delègue.

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