Costumes, musiques, chars, lumières... Le Carnaval de Nice est un tout, un ensemble où parfois les petites mains sont dans l'ombre des Grosses têtes et un peu oubliées. On vous invite en coulisses à découvrir les maquilleuses qui transforment des visages en créatures fantastiques.
Indigo, corail, pourpre, bouton d'or ou magenta... Comme un poème, comme du Prévert et comme un détour par l'atelier d'un peinture. Pourtant ces tons, chauds, froids, aux noms gourmands, sont des invités du Carnaval de Nice jusqu'à ce samedi.
On pense d'abord et forcément aux chars, aux costumes, aux plumes et frous frous venus parfois du bout du monde pour réchauffer la capitale azuréenne lors des corso et des batailles de fleurs. Non, ces couleurs sont la base du maquillage des créatures, ces étrangers personnages qui animent les défilés et hantent les pellicules de photographes...
15 bêtes, 15 créatures
"On a plusieurs styles, des Alien, des mélanges d'Avatar du Cirque du soleil ou encore inspirés par Lady Gaga... Des maquillages extraordinaires, un peu excentriques, un peu fantastiques et surnaturels", c'est leur "père" Claudel Bertilli qui en parle ainsi.
Un prénom de peinture pour celui qui est à Nice professeur de danse, chorégraphe et modèle.
Un côté animal et tribal mais surtout inhabituel et surprenant. C'est avec Camille FK, une maquilleuse professionnel qu'ils ont forgé cet univers et dessiné les modèles.
"Les "make up" sont pour chaque personne, chaque créatures et ce en fonctions des costumes. Nous voulions que les visages fassent partie intégrante du costume, comme un prolongement", précise leur "mère".
Côté visage, Camille FK, s'est inspirée de deux choses : le costume et Claudel.
"C'est le visage qui inspire d'abord le maquillage aussi chaque visage avec Claudel on a construit un personnage et je crois que le résultat est spectaculaire le thème est sur les créatures fantastiques, quand on voit le résultat, je crois franchement que c’est wouah ! Regardez, Camille est très beau en vert !
Elle nous explique son travail :
Camille a regardé les combinaisons pour les reprendre sur le visage, les prolonger et pour que cela puisse faire un être fantastique.
Camille Claudel.
En près de une heure, un visage en devient un autre.
Première étape : la pose de lentilles colorés, comme des yeux de chats. Shanon Gilles, fait partir de la brigade On commence toujours pas les lentilles, puis viennent se poser les couleurs, comme de la peinture parfois posées avec un mini-pistolet. Le relief du visage se transforme, les joues se creusent parfois, le front et le menton se rejoignent par des perspectives improbables faites de spray ocre ou indigo.
Shanon Gilles enchaîne les "make-up" :
Camille et les quatre autres maquilleuses qui œuvrent discrètement en coulisses, sont des professionnelles habituées au monde du spectacle, du cinéma, de la mode ou de l'événementiel.
Des pro aussi du "body paint'art", la peinture sur corps.
Le carnaval c'est vraiment l'occasion de s'exprimer vraiment, de laisser la place à l'imaginaire et à la créativité. C'est plus fun que d'autres job que l'on peut faire habituellement. On peut se lâcher !
reconnait Gil Ripault, maquilleuse depuis 12 ans.
D'ailleurs après chaque pose, Gil garde pour son book un cliché de son modèle ainsi grimé.
Les technique diffèrent aussi. Pour parader place Massena, rien n'est trop beau ni "too much". "C'est vrai que les paillettes, j'évite pour un maquillage de mariage" s'amuse Gil qui après deux difficiles années touchées par la pandémie et le manque d'activité, se libère enfin.
"Paillettes par petites touches ou grosses poignées, faux cils, tout est important, rien ne va s'en l'autre ! On peut toujours rajouter des choses, c'est passionnant ! En fait, on s'arrête quand on doit passer à un autre modèle. Je plaisante, je m'arrête quand je trouve qu'elles sont présentables..." avoue Gil Ripault, maquilleuse depuis 12 ans.
C'est en effet des toiles en 3D, en relief et en chair qu'elles réalisent.
C'est très confortable à porter, mais pas tous les jours ! Le démaquillage ? C'est presque la douche !
s'amuse Joséphine qui affiche un visage tout droit sorti d'un film de sciences fiction.
Shanon Gilles alias Vue de loin : "on refait totalement la forme du visage avec la construction de ces créatures, c'est long. Les filles sont parfois en début d'après-midi engagées sur les batailles de fleurs, alors il faut les démaquiller pour repartir sur une feuille blanche !"
Une feuille jamais blanche après environ 45 minutes de maquillage, de temps suspendu, avant de plonger dans le tohu bohu du carnaval et d'ajouter quelques perles de sueur et des confettis à ces créatures.