Déconfinement : à Nice les artistes plasticiens ont "l'habitude d'être les parents pauvres du système"

Le gouvernement annonce un grand plan de relance de la culture. Mais certains artistes, ceux qui dépendent des expositions, des ventes de leurs oeuvres, passent souvent sous les radars. Même en temps normal. Leur situation pendant le confinement a souvent été catastrophique.

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Le 109, situé dans les anciens abattoirs de Nice, se prépare à rouvrir le plus tôt possible. Il en va de la survie économique de tout un secteur.
"En temps normal, une petite centaine de personnes dépendent du 109, via la Station et l'Entre-Pont. Pour toutes ces personnes, la fermeture était très difficile à vivre," confie Cédric Teisseire, directeur artistique de ce pôle culturel.
Pour autant, tous ne sont pas logés à la même enseigne.


Le monde de la culture, notamment le spectacle vivant, estime avoir été entendu. La promesse gouvernementale de prolonger les droits des intermittents apaise certaines craintes. Mais il est un monde de la culture qui, même en temps normal, passe sous les radars.

De nombreux artistes plasticiens dépendent de la vente de leurs oeuvres, des expositions, du mécénat.
Pour ceux-là, Emmanuel Macron a promis un grand plan de commandes publiques. "Malheureusement, on sait très bien que ce sont toujours les mêmes qui vont en profiter..." Ni du dépit, ni de la jalousie, mais un constat. Celui de Martin Caminiti, directeur de la Villa Thiole, école municipale d'art à Nice. Lui-même artiste-sculpteur, et lucide sur la situation.


"En France, le monde artistique est ainsi fait. C'est du relationnel, du copinage. Tous les moyens sont concentrés entre quelques mains. Moi, je m'en sors grâce à mon salaire de prof..."

Reste que, comme de nombreux collègues, les expositions auxquelles il devait participer ont été annulées ou reportées. Pas de vernissage, pas de publicité, pas de ventes. Des revenus inexistants, et aucune existence administrative. Ce qui fait dire à Martin Caminiti :

"On a l'habitude d'être les parents pauvres du système..."

"Le problème, c'est que les profils sont aussi variés qu'il n'y a d'artistes, reprend Cédric Teisseire. "Chacun essaie de joindre les deux bouts à sa manière. En temps normal, c'est compliqué, mais pendant le confinement cela a été catastrophique. Un indépendant sans activité, c'est zéro revenus."

Aide exceptionnelle de 1.500 euros

Le CNAP, le centre national des arts plastiques, a dégainé dès le 27 mars une aide exceptionnelle : 1.500 euros alloués en urgence à certains artistes-auteurs. Une aide appréciable, mais qui là encore ne touche pas tout le monde de la même façon, puisque conditionnée aux revenus du foyer (moins de 12.000 euros annuels). Or les  revenus des artistes sont par définition très incertains et aléatoires, sauf à avoir la chance, par exemple, d'intervenir comme enseignant.
 


Le CNAP a également annoncé un programme d'acquisition d'oeuvres doté d'une enveloppe de 600.000 euros. Au niveau national. "C'est une initiative qu'il faudrait aussi à l'échelle de la ville de Nice," lance Kristof Everhart. Artiste-plasticien et scénographe.
"La meilleure façon de nous aider, c'est de lancer un programme d'achat de nos créations. Et de prévoir le plus tôt une exposition qui met avant les artistes niçois."Kristof a la chance d'avoir plusieurs commandes en cours. Mais les incertitudes se multiplient, les paiements sont différés.
"J'ai engagé plusieurs milliers d'euros pour deux créations pour une exposition à Cologne qui devait se tenir en octobre. Mais la structure qui me les a commandées n'est pas sûre de passer l'été, et ne m'a pas encore payé," déplore-t-il.
Une autre commande, dans le cadre du 1% logement sur un bâtiment public, était bien avancée, mais là encore : beaucoup d'incertitudes, alors que les frais sont déjà engagées.

Une réaction en chaîne

Chaque évènement annulé, chaque exposition, chaque chantier retardé, produit une réaction en chaîne et complique beaucoup la vie des artistes. "Le pire, c'est que nous n'avons même pas pu travailler, depuis le 16 mars," remarque Cédric Teisseire.
Les ateliers du 109 étaient fermés, comme quasiment tout le reste du pays, les artistes n'ont pas pu prendre de l'avance.
La ville de Nice a suspendu le paiement des loyers des ateliers.

"La priorité, c'est que tout réouvre : les galeries, les musées, les expositions...", reprend-il.

"Mais la pause imposée permet aussi de se poser un peu. On se pose beaucoup de questions sur la fragilité de notre activité, sur la rémunération des artistes et de la culture."

La culture : une activité essentielle pour une ville ou une nation, souvent mise en avant, mais pas vraiment reconnue.
Des mesures d'urgence et une grande exposition estivale
Ce jeudi, le maire de Nice a confirmé aux artistes la suspension du paiement des loyers des ateliers du 109. Il a également promis une subvention de 500 euros aux artistes identifiés par la ville.

Il a également confirmé la réouverture des ateliers dès le 11 mai. En outre, la municipalité souhaite encourager au maximum une grande exposition des artistes locaux cet été. 
"Comme de toute façon il sera très difficile de faire venir des artistes extérieurs," explique Cédric Teisseire, "nous avons imaginé que chaque artiste résident au 109 invite un ami : ça devrait permettre de mettre en lumière le travail de 90 artistes niçois." En outre, le 109 sera (comme les années précédentes) transformé en juillet et août en lieu de vie et de ralliement, agrémenté de cinéma en plein air, de concert de musiques actuelles, de spectacles de danse contemporaine ou de théâtre...

La ville mise sur son attractivité touristique cet été et veut proposer autre chose qu'une simple offre balnéaire. Cela, bien évidemment, dans l'hypothèse où l'épidémie de Covid-19 ne connaît pas de regain dans les semaines à venir.
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