Coronavirus : annonces pour la culture, les festivals se préparent à une "longue traversée du désert" en Paca

Emmanuel Macron a présenté mercredi 6 mai son plan pour la culture. Parmi les mesures annoncées, la promesse d'un soutien aux intermittents du spectacle. Dans la Région Paca, terre de festivals, les structures culturelles réagissent.

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Le président du festival Off d’Avignon Pierre Beffeyte a écouté attentivement les annonces d'Emmanuel Macron pour la culture. L'édition 2020 de son festival n'aura pas lieu, laissant pour-compte ses 7 000 intermittents.

"On ne peut que se réjouir qu’il accorde une année blanche de l’assurance chômage pour les intermittents", se réjouit-il. "Mais je tiens à rappeler que les intermittents ne vivent pas du chômage, mais de leur travail".

L’Avignonnais l’affirme, il n’attend pas les mesures du gouvernement pour sauver son entreprise.

Selon lui, sa profession n’a d’autre choix que de se réinventer : "C’est sûrement au niveau local que ça doit se faire. Les maires doivent travailler avec les structures locales pour se réorganiser, et réinventer un nouvel espace public par exemple".

Sur Twitter, le festival décrypte les mesures du gouvernement en faveur de la culture, notamment le fonds d'urgence pour le spectacle vivant privé (FUSV) créé par le Ministère de la culture.

Dans son allocution, le président de la République a évoqué "un apport en fonds propres avec la banque publique d'investissements pour les petits festivals, les petites structures".
 
Le président du festival Off d'Avignon veut créer un nouveau monde. Il ne souhaite pas s'en remettre uniquement à ces aides : "C'est une bonne chose, mais l’argent, on ne va pas l’inventer. Il faut travailler ensemble, pour imaginer des choses. Le ministère doit être moteur là-dessus".

Pierre Beffeyte ne souhaite pas rester passif face à la crise. "Imaginer un nouveau modèle, les artistes peuvent le faire, si on leur donne la possibilité de le faire. Entre autres, la possibilité financière. Mais pas que".

À Marseille, Marsatac craint pour sa pérennité 

A Marseille, certains festivals restent dans l’incertitude après les annonces présidentielles. C’est notamment le cas de Marsatac. Ce festival de musique accueille chaque année quelque 25 000 festivaliers sur trois jours.

Sa directrice, Béatrice Desgranges, attendait beaucoup de cette prise de parole. "L’année blanche pour les intermittents, c’est une mesure importante. Ils sont un élément indispensable de nos équipes, qu’ils soient artistes ou techniciens".

Actuellement, elle craint pour "l’écosystème" de la culture : "On est une chaîne. Si un maillon est défaillant, tout s’écroule".

La directrice s'est exprimée sur Facebook, où elle dit aussi s'inquiéter pour la pérénnité du festival. Plus largement, elle redoute une hécatombe dans le secteur de la culture.Beaucoup d’interrogations se posent encore pour l’organisatrice : "La décision du gouvernement d’interdire les évènements de plus de 100 personnes cet été n’est toujours pas traduite par un texte ou décret. Aucun cadre juridique n’a été défini. Ça nous laisse sans garantie".

Le festival connaît d’autres complications : "Du point de vue de la billetterie, ce n’est pas simple. La juridiction ne donne pas forcément la possibilité de reporter les billets. Les cadres législatifs sont encore très flous sur plusieurs niveaux".

Aujourd’hui, elle est dans l’expectative : "On attend du gouvernement des fonds dédiés. Une année blanche, ok, mais si on se retrouve tous en année blanche, il faut aussi trouver les moyens pour la tenir. On veut des échéanciers, des allègements fiscaux, pour tenir jusqu’à 2021".
 

C'est sûr, certains ne s'en sortiront pas.

"On a besoin de pouvoir se projeter plus longtemps, même si c’est douloureux. Je préfèrerais presque des mesures plus radicales : qu'on nous dise qu’il n’y aura rien jusqu’à 2021, et d’ici là, on trouve des solutions. Mais répondre au mois par mois, ce n’est pas possible".
 
La directrice s’inquiète pour son secteur d’activité : "Dans notre écosystème, il y a énormément de métiers très différents les uns des autres, qui n’ont pas forcément de fonds de secours".
 
Béatrice Desgranges continuera de suivre les annonces gouvernementales à venir, en espérant plus de visibilité. Avant la prochaine édition de Marsatac, elle redoute une "longue traversée du désert, angoissante économiquement".
 
Dans la milieu de la culture, "c’est sûr, certains ne s’en sortiront pas", assure-t-elle, résignée.
 
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