Drones, "border force", coopération internationale : comment l'État endigue la vague d'immigration clandestine dans les Alpes-Maritimes

Le préfet des Alpes-Maritimes a exceptionnellement ouvert aux médias la réunion hebdomadaire consacrée à la lutte contre l'immigration irrégulière ce vendredi. L'occasion pour le représenant de l'Etat de présenter un bilan très positif de la lutte contre l'immigration illégale.

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C'est une réunion habituellement strictement confidentielle, à laquelle le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, a convié la presse ce vendredi matin. Autour de la longue table dressée au premier étage du palais des rois Sardes, à Nice, les chefs de la police aux frontières, du renseignement territorial, de la gendarmerie et des services du foyer de l'enfance rendent compte au représentant de l'État et à son chef de cabinet de la situation en temps réel. Et elle a de quoi satisfaire le préfet.

"Cette semaine 311 interceptions d'étrangers en situation irrégulière ont eu lieu [ainsi que quatre passeurs] ; à mon arrivée [il y a dix mois, NDLR] c'était environ 1500 par semaine !"

Presque cinq fois mois d'interpellations, ce qui satisfait le préfet, car cette baisse n'est pas liée à une moindre efficacité des services, mais bien à une baisse du flux migratoire. "Quand il y a un flux très important, ça se retrouve dans les chiffres de la délinquance, ce qui n'est pas le cas actuellement" assure le préfet.

Trois fois moins de "débarquements" à Lampedusa

"Le nombre de débarquements [d'étrangers en situation irrégulière] à Lampedusa depuis le début de l'année s'élève à 34 700 contre 93 400 à la même période l'année dernière". Ce résultat est à mettre au crédit de la coopération internationale entre l'Italie et les pays de l'autre rive de la Méditerranée. Car le préfet est formel : "ceux qui débarquent à Lampedusa arrivent à notre frontière quinze jours plus tard".

Là, c'est aux forces de police, gendarmerie et de l'armée, coordonnées par le préfet, d'entrer en action. Sur les routes, dans les trains, mais aussi dans les airs, l'État déploie des moyens tous azimuts pour lutter contre l'immigration clandestine dans les Alpes-Maritimes. Un dispositif qui est adapté chaque semaine à la situation observée.

La canicule change la donne

"Actuellement, on détecte plus de passages par les trains", souligne le commissaire divisionnaire Jean Gazan, chef de la Force frontière 06. La canicule dissuade en effet les clandestins de se cacher dans les remorques de poids lourds qui transitent par l'autoroute A8 ou d'emprunter les sentiers de montagne en pleine journée. Le commissaire Gazan propose au préfet d'augmenter les opérations dans les gares et la nuit, quand la température baisse.

Sur les chemins escarpés qui permettent de rejoindre Menton depuis l'Italie, la police aux frontières veille, épaulée par des militaires — chasseurs alpins ou légionnaires — et des moyens aériens. Un petit avion et un drone survolent régulièrement les points de passage connus pour repérer depuis les airs les migrants, et les "cueillir", en sécurité, un peu plus loin.

Boitier détecteur de battement cardiaque

Pas question de poursuivre des personnes sur des itinéraires parfois dangereux, comme le "Pas de la mort" où une dizaine de migrants ont déjà perdu la vie ces dernières années, et où deux d'entre eux, qui se trouvaient en difficulté, ont dû être secourus très récemment.

Ces outils technologiques sont un atout précieux pour le préfet, qui espère pouvoir bénéficier prochainement de nouveaux moyens. "Nous ne pouvons pas contrôler les 4000 poids lourds qui passent chaque jour la frontière. Nous venons d'expérimenter un boitier électronique que l'on pose sur l'essieu des camions et détecte s'il y a des battements cardiaques dans la remorque" révèle le préfet. Ce système, très technique et couteux, pourrait être pérennisé dès l'automne.

"Des délinquants, pas des mères de famille en situation irrégulière"

Dans le même temps, le nombre d'étrangers en situation irrégulière renvoyés dans leur pays serait en hausse de 30%, selon les chiffres donnés par le préfet : 264 "mesures d'éloignement" depuis le début de l'année, dont 156 "profils de délinquants durs". Et le préfet est catégorique : "Ceux que l'on renvoie sont des étrangers qui posent des problèmes d'ordre public, la population dans les centres de rétention administrative c'est des délinquants. Il n'y a pas de traque à la mère de famille en situation irrégulière dans les Alpes-Maritimes !".

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