Une enquête commune entre policiers français et italiens a permis de mettre au jour le trafic d'un petit réseau de passeurs discrets qui ont organisé des dizaines de convois de migrants entre l'Italie et la France.
Le 13 février dernier, l’antenne de Nice de l’office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM) ouvrait une enquête préliminaire des "chefs d’aide à l’entrée et à la circulation irrégulières d’étrangers en France en bande organisée et de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni de dix ans d’emprisonnement", sur la base de renseignements fournis par les autorités italiennes.
Le Procureur de Nice a dans un communiqué, fait part de la suite de cette affaire ce 29 juillet.
Quatre hommes âgés et 20 à 30 ans, interpellés en juin, ont été condamnés la semaine dernière à des peines allant de un à quatre ans de prison. Tous sont originaires de Nice ou de ses environs et certains avaient déjà été récemment condamnés et incarcérés pour des faits similaires, a précisé le parquet dans un communiqué.
Sur la base de renseignements des autorités italiennes, une enquête ouverte en février avait permis d'établir un lien entre des rabatteurs identifiés par la police italienne à Vintimille et Bordighera, près de la frontière française, et des chauffeurs identifiés par les autorités françaises.
Une enquête commune a donc été mise en place en mai, sous l'égide des parquets de Nice et d'Imperia (Italie), permettant un partage plus souple des informations ainsi que l'envoi d'enquêteurs français en Italie ou réciproquement.
130 trajets
Elle a révélé l'existence d'un "réseau particulièrement organisé et actif, très prudent", qui faisait passer les migrants en utilisant de nombreux véhicules différents, quasiment toujours de location.
Au total, 130 trajets ont été identifiés entre février et mai, avec parfois plusieurs allers-retours en convoi en une seule nuit, pour une rémunération allant jusqu'à 200 euros par personne transportée. Et lors d'une tentative d'interpellation, les chauffeurs n'ont pas hésité à mettre la vie de leurs passagers en danger en refusant d'obtempérer puis en abandonnant les véhicules en pleine voie.
Si les flux sont moins importants cette année en raison d'une nette baisse des arrivées sur les côtes italiennes par rapport à l'an dernier, les Alpes-Maritimes sont depuis des années une zone de transit privilégiée par les migrants. C'est notamment le cas pour les mineurs non accompagnés (MNA). "En huit ans, l'explosion des flux migratoires a amené le département à une prise en charge des MNA multipliée par 28", indiquait le département, à l'AFP en 2023.