Élections européennes. Quand Bruxelles s'intéresse à l'hôtellerie, ça peut faire applaudir ou grogner les professionnels du tourisme

Véritable force de l'économie azuréenne, le tourisme, en général, n'échappe pas à l’intérêt de l’administration du Conseil de l’Europe. Le secteur de l'hôtellerie, en particulier, aussi. Alors, si Bruxelles créée de règles européennes plutôt bien accueillies par la profession, d'autres les font considérablement grogner.

La France : terre de tourisme. La Côte d'Azur, une de ses destinations phare, avec 11 millions de visiteurs par an. Un secteur d'activité qui n'échappe pas à la volonté de Bruxelles, d'également, tout contrôler.

Dans ce deuxième article de notre série sur l'Europe, sur les aides mais aussi  les contraintes auxquelles sont soumises les entreprises de la région, des réglementations, nouvelles ou pas, nous nous intéressons au secteur de l'industrie hôtelière. Des normes imposées par l'Europe pour le meilleur et... aussi... pour le pire ! 

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Le label "Clef Verte" ou "Green Key" : pour le meilleur !

Pour atteindre l’objectif de baisse drastique d’émissions de gaz à effet de serre affiché dans son "Pacte vert", l’Union européenne a annoncé, en début d’année 2024, différentes mesures ont été prises par Bruxelles, dont le texte qui a passé l’étape de l’adoption en première lecture au Parlement européen le 12 mars 2024.

Parmi les différents labels qui existent, la "Clef Verte" ou "Green Key" représente un incontournable pour les 1665 établissements français qui s'en revendiquent.

Initialement, créé au Danemark en 1994, son but est de valoriser un tourisme durable avec peu d’impact sur l’environnement.

Présent sur les cinq continents, l’écolabel touristique "Clef Verte" est également le premier label de tourisme durable international pour les hébergements touristiques et les restaurants.

Il y a des établissements qui sont trop coûteux en énergie. Il faut régler ça, il faut prendre le tourisme vert en compte.

Thierry Marx - Président de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie.

Sa charte prévoit la mise en œuvre d'une politique environnementale, d'une démarche socialement responsable, d'une gestion intelligente des déchets (réduction à la source, collecte et recyclage), de la maîtrise des consommations d’énergie et d’eau, d'achats responsables, en particulier pour l'alimentation et l'entretien, ainsi qu'une sensibilisation active de la clientèle.

Bref, tout un tas de mesures plutôt bien accueilli par l'ensemble de la profession comme a insisté Thierry Marx, lors de son premier congrès de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), qui s'est déroulé à Angers du 28 au 30 novembre dernier : "Il y a des établissements qui sont trop coûteux en énergie. Il faut régler ça, il faut prendre le tourisme vert en compte".

Le label Digital Markets Act ou DMA : pour le pire ?

Entré en vigueur le 6 mars dernier, dans toute l’Union européenne, le "Digital Markets Act", ou "règlement sur les marchés numériques" vise à garantir des marchés numériques plus équitables et ouverts, en contraignant les géants du numérique à un certain nombre d’obligations et d’interdictions nouvelles. 

Sont notamment visés les systèmes d’exploitation, les navigateurs web, les moteurs de recherche, les messageries en ligne, les réseaux sociaux ou encore les services d’intermédiation (comme les places de marché, les boutiques d'applications).

En gros, l'idée est de rendre plus équitable la réservation de chambres sur internet !

Là encore, le président de l'UMIH n'a pas oublié les "DMA" dans son discours du congrès d'Angers : "Sur le digital, on a l’impression que tout va bien dans le meilleur des mondes. Mais c’est quasiment Google qui prend le pouvoir et s’organise avec ses partenaires comme Tripadvisor, Booking.com…"

Car, en effet, dans la pratique, lorsque vous recherchez un hôtel sur Google, vous arrivez sur un géant du web, une plateforme et/ou un comparateur de prix, enfin sur tout, sauf le site de l'hôtelier !

Sur le digital, on a l’impression que tout va bien dans le meilleur des mondes. Mais c’est quasiment Google qui prend le pouvoir et s’organise avec ses partenaires comme Tripadvisor, Booking.com…

Thierry Marx, président de l'UMIH

Si l'intention, louable à l'origine, était de donner plus de visibilité aux propriétaires des établissements, finalement, ils sont devenus totalement transparents comme l'explique, Christine Welter, la présidente du Syndicat des Hôteliers du bassin cannois : "Nous, hôteliers indépendants, ou groupes hôteliers, n'avons plus accès à la première page de Google. En anglais, on appelle ça les gatekeepers ! Ça veut bien dire ce que ça signifie ! Ils tiennent les clefs. Ils ont les codes ! Ils tiennent la porte ! Ce sont des gens qui ont une expérience du numérique bien plus importante que l'ensemble des spécialistes qu'on peut avoir à la commission européenne qui sont des gens de bonnes volontés, mais qui n'ont pas forcément les mêmes compétences".

Les répercussions financières sont considérables. En effet, à chaque fois qu'un client réserve une chambre sur un des sites comme Booking, Kayak ou Last minute l'hôtelier reverse une commission, à l'opérateur, à hauteur de 15 à 20% du prix affiché !

Ils ont une expérience du numérique bien plus importante que l'ensemble des spécialistes qu'on peut avoir à la commission européenne qui sont des gens de bonnes volontés, mais qui n'ont pas forcément les mêmes compétences.

Christine Welter - Présidente UMIH bassin cannois.

Pour rectifier le tir et limiter cette concurrence, les groupements d'hôteliers ont déposé des recours.

Rivaliser avec les géants du web n'est jamais simple mais pas impossible ! La preuve avec une nouvelle réglementation européenne sur les séjours courte durée, qui s'appliquera au mastodonte de la location :

"Cette réglementation va mettre en place l'obligation pour les plateformes d'enregistrer chaque location avec un numéro d'immatriculation qui sera sur le même format pour l'ensemble des pays européens. Via ce numéro d'immatriculation, derrière c'est magique ! Les communes pourront réclamer la taxe de séjour, procéder aux changements d'usage puisque ce n'est pas le même usage, l'habitation ou la commercialisation, et puis à terme récolter de la TVA. Et ça, c'est très important !"explique Christine Welter, la présidente du Syndicat des Hôteliers du bassin cannois.

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