Élections européennes 2024 : quand Bruxelles réglemente le poisson qui arrive dans nos assiettes

Ce 9 juin, se déroulent les élections européennes. Mais qu’apporte l'Europe, qui semble quelque peu nébuleuse pour nous, communs des mortels, européens ? France 3 vous propose, de tenter, de décrypter ces normes aux contraintes et avantages qui s'appliquent aux entreprises, aux artisans et aux producteurs de la Côte d'Azur. Un jour, un thème.

Chaque jour, sans que nous nous en rendions compte, les réglementations européennes impactent notre quotidien. Par exemple, saviez-vous qu’avant que n’arrive dans votre assiette un morceau de thon, ou une langoustine, pêchés en baie de Saint-Jean-Cap-Ferrat dans les Alpes-Maritimes, ils leur ont fallu affronter un océan de paperasserie dicté par Bruxelles !

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À 36 ans, Arnaud Allari est artisan pêcheur. C’est le dernier pêcheur de la petite commune de Saint-Jean-Cap-Ferrat, dans les Alpes-maritimes. À chacune de ses sorties en mer, Arnaud, qui a préféré les bancs de poissons à ceux de l'école dès l'âge de 16 ans, doit affronter la législation européenne !

"Avant, être pêcheur, c'était le métier de la liberté. Aujourd’hui, c’est fini ! Maintenant, pour gagner notre vie, il faut y aller ! Ils nous pondent des lois impossibles. Ils croient que c’est facile de remplir 50 papiers à chaque fois qu’on remonte un poisson. Toute cette législation, c’est très dur pour nous."

Ils nous pondent des lois impossibles. Ils croient que c’est facile de remplir 50 papiers à chaque fois qu’on remonte un poisson.

Arnaud Allari - Artisan pêcheur

Tracas numéro 1 : les quotas

Les quotas, Arnaud sait de quoi il parle ! Dans sa famille, ils sont pêcheurs de père en fils depuis 5 générations.

Lui, du lundi au samedi, il est en mer au moins 10 heures par jour ! Et si sa préoccupation principale doit être de relever du poisson ou des crustacés dans ses filets, la réalité est tout autre. Son autre préoccupation, ex æquo avec celle de son gagne-pain, est : les quotas.

"Si par exemple, je prends un thon ou un espadon, il faut que j’appelle le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage ou CROSSA, à Etel, en Bretagne, pour faire un préavis de 4h pour pouvoir le débarquer. Tant que les affaires maritimes ou la gendarmerie maritime ne viennent pas pour le déclarer et baguer le poisson, je n’ai rien droit de faire". 

La réalité de la réglementation européenne impose des devoirs, très encadrés, à cet artisan.

Si prends un thon ou un espadon, tant que les Affaires-maritimes ou la police maritime ne viennent pas pour le déclarer et le baguer, je n'ai le droit de faire !

Arnaud Allari.

En premier lieu, noter tout ce qui est relevé dans ses filets. En second, et c’est là que cela se corse, l’application stricte des quotas. À savoir : pas le droit de pêcher plus de 5 thons et 10 espadons par an et par bateau.

Tracas numéro 2 : les amendes

Une réglementation très stricte et pesante, mais qu’il est préférable de respecter. En effet, l'amende pour un thon pêché non déclaré est salée : 1 500 euros par kilo !

D’autant plus quand le cours du thon rouge de Méditerranée est fixé entre 17 et 19 euros le kilo hors taxe !

Tracas numéro 3 : Vivre, ou plutôt survivre, d'une pêche de qualité

Alors, pour s'assurer un revenu correct et pour maintenir son activité à flot, Arnaud est devenu stratège ! Il mise sur une pêche de qualité et sur des pièces très recherchées par les plus grandes tables de la région. "Je pêche de la langouste, de la langoustine, du homard ! C’est le plus gros de mon travail et c’est un sacré boulot. L'autre jour, j'ai remonté 10 langoustes. Toutes trop petites. Je les ai toutes remises à L'eau. Ça fait partie du jeu !".

L'autre jour, j'ai remonté 10 langoustes. Toutes trop petites selon la régelementation. Je les ai toutes remises à L'eau. Ça fait partie du jeu !

Arnaud Allari.

Pêchée a plus de 450 mètres de fond, la pêche à la langoustine demande de la rigueur pour être efficace : "Pour ce type de produit, je suis en mer de 6h du matin à 16h non-stop. Et il ne me faut pas moins de 10h pour remonter mes filets !".

Langoustines, langoustes, homards, des produits attractifs pour les touristes, en grand nombre sur la Côte d’Azur. En effet, avec 11 millions de visiteurs par an, une clientèle à ne pas négliger pour les restaurateurs et le dernier pêcheur de Saint-Jean-Cap-Ferrat, mais aussi par Bruxelles.

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