Ce mardi 31 janvier, à l'occasion du mouvement social contre la réforme des retraites, les agents de la mairie de Contes dans les Alpes-Maritimes, ont fait valoir leur droit de grève. Le maire communiste Francis Tujague l'assure, il n'a pas fermé son hôtel de ville. Il a simplement respecté la décision des employés de mairie.
Quel autre choix que de respecter le droit de grève des employés lorsque l'on est leur employeur ? Ce 31 janvier 2023, la mobilisation des Français contre la réforme des retraites portée par l'exécutif a été massivement suivie, dans de nombreux secteurs d'activités.
Quelque 1,272 million d'après les forces de l'ordre, quand la CGT en a comptabilisé 2,8 millions.
Les agents municipaux n'ont pas échappé à cette mobilisation. A Contes, au nord-est de Nice, la mairie n'a pas pu fonctionner normalement au vu du nombre de grévistes.
Dans cette commune de 7500 habitants, des services ont été perturbés par l'absence de personnel, mais le premier édile se défend d'avoir fermé sa mairie. "Ce n'est pas une décision du maire, c'est une décision des agents qui ont décidé d'utiliser leur droit de grève" explique Francis Tujague (PCF) au lendemain de la mobilisation du 31 janvier.
Il a égrainé, service par service, à l'hôtel de ville, les personnes qui se sont déclarées grévistes. "Tous les agents du siège, il y en a 3 en comptabilité, 2 en urbanisme, 2 pour les écoles et 2 pour la communication. Après, il y a les ceux d'autres services qui ont fait grève. Les agents de l'Etat civil, qui sont dans une mairie annexe..."
Pour lui, pas question d'aller à l'encontre du droit de grève, accordé dès 1946, et présent dans la Constitution de la Ve République du 4 octobre 1958.
Je ne suis pas un maire irresponsable, ceci dit, je respecte le droit de grève. C'est tout à fait simple et naturel. C'est une question de principe.
Francis Tujague, maire PCF de Contes
Service minimum
Francis Tujague a pris soin de communiquer en amont auprès de ses administrés : "Nous avons passé un message avant, sur les réseaux sociaux, car nous savions qui allait faire grève, en disant que les services ne fonctionneraient pas, comme cela peut arriver. Sauf les services d'urgence, en cas d'obsèques, en cas d'incendie. Il y avait des agents qui étaient réquisitionnés pour assurer des services s'il y avait besoin. C'est classique."
Nous avons gardé un service minimum, en cas de problème, mais je n'ai pas décidé de fermer la mairie.
Francis Tujague, maire de Contes
L'appel de Roussel entendu, mais pas suivi à Contes
Quelques jours avant la mobilisation, Fabien Roussel - député du Nord et Secrétaire national du Parti communiste français - avait appelé à la mobilisation les maires affiliés de son parti. De nombreux élus à travers le pays avaient répondu favorablement à cet appel.
Le maire de Contes, lui, n'y a pas répondu. Il n'est quant à lui pas de l'avis de l'ancien candidat du PCF aux présidentielles de 2022 qui avait récolté 802.422 voix en sa faveur au 1er tour.
"Même si c'est Fabien Roussel qui a lancé l'idée, je n'avais pas l'intention de le faire. Je préfère que ce soit les agents qui décident en toute liberté. Nous, on assume les conséquences, tranquillement" s'amuse Francis Tujague.
Des mairies "solidaires" ailleurs en France
La première des villes de France et sa maire Anne Hidalgo (PS) a vu son célèbre Hôtel de Ville consacré mairie solidaire ce 31 janvier.
Le bâtiment du 4e arrondissement est en effet resté fermé au public toute une journée.
En région parisienne, plusieurs maires PCF ont eux suivi les recommandations de leur secrétaire national.
A Bonneuil-sur-Marne, Villejuif ou Montreuil, c'était journée "mairie morte".
Pierre-Paul Léonelli, l'adjoint au maire de Nice, a quant à lui affiché son "mépris" pour ces élus qui ont décidé de fermer leur mairie. Il y voit de quoi bafouer le service public et ses salariés.
Pour les prochaines journées de mobilisation annoncées par les syndicats, les 7 et 11 février, ce sera légèrement différent.
Cette première date, un samedi, ne posera que très peu de souci. "En dehors de l'Etat civil qui fonctionne le samedi, les autres services ne fonctionnent pas. On gèrera les urgences, il y a un service de nettoiement aussi, mais je n'ai pas d'inquiétudes" conclut Francis Tujague.
Reste à savoir si ces nouvelles manifestations de défiance à l'égard du projet de réforme des retraites seront autant suivies que cette ultime journée de janvier.