C'est un chantier gigantesque prévu jusqu'en juin prochain : 60 000 tonnes d'enrochement et 20 000 mètres cubes de béton vont consolider les piliers du pont Charles Albert, les rives et le lit du fleuve côtier Var dans sa basse vallée. De quoi prévenir les crues.
"Le pont Charles-Albert est un ouvrage qui était très sensible, il est toujours très sensible, on a pris le parti de le consolider et de stabiliser le lit du Var. En cas de crue, ça va l'empêcher de s'inciser, de s'affaisser et de faire tomber le pont en amont".
Ces propos sont tenus par Patrice Ramin, ingénieur au SMIAGE 06, le Syndicat Mixte pour les Inondations, l'Aménagement et la Gestion de l'Eau maralpin, lors d'un reportage effectué par Jean-Bernard Vitiello et Djamel Mouaki.
Ce pont routier, situé sur la commune de Gilette dans la basse vallée, relie les deux rives du fleuve et lors de la tempête Alex ce début octobre 2020, 650 millions de mètres cubes d'eau ont bien failli sortir du lit, provoquant des dégâts colossaux qui auraient été pires si les piliers de l'ouvrage avaient cédé.
Ces images d'octobre 2020 le montrent bien :
Limiter les risques de crues
C’est pour éviter une catastrophe que des travaux sont en cours dans la basse vallée d'un fleuve de 114 kilomètres, dont la source est située sur la commune d'Entraunes, à 1 790 mètres d'altitude. Et c'est le plus grand chantier à ciel ouvert des Alpes-Maritimes : les chiffres parlent d'eux-mêmes. 60 000 tonnes de rochers consolident les rives pendant que 20 000 mètres cubes de béton consolident le lit du Var qui pourrait se creuser lors d’une crue, et casser à la base les piliers du pont.
Renaturer la vallée
Ces travaux visent donc la renaturation du cours d'eau et de ses berges jusqu'à son embouchure, entre Saint-Laurent-du-Var et Nice.
La renaturation, c'est cette opération permettant à "un milieu modifié et dénaturé par l'homme de retrouver un état proche de son état naturel initial" et elle est engagée depuis 2019.
Et il faudra du temps : avec son sable et ses galets, le lit de ce fleuve côtier a servi de matière première gratuite pour de nombreuses constructions des Alpes-Maritimes et les alluvions naturelles reprendront leurs droits.
Cette renaturation a un coût : 10 millions d'euros, financés par l'État, le département des Alpes-Maritimes, la Métropole Nice-Côte d'Azur et la Région.