Aider en offrant des biens de première nécessité, voire aller en Ukraine. Pour venir en aide aux Ukrainiens, de nombreux Français participent à des collectes de biens ou de nourriture. D'autres vont encore plus loin en se rendant sur place. Mobilisés via les réseaux sociaux, ils veulent rejoindre l'armée du président Volodymyr Zelensky.
On est loin des dizaines de milliers de combattants des Brigades internationales de la Guerre d'Espagne, mais déjà des civils français s'organisent pour aller aider en Ukraine.
Réunis via les réseaux sociaux, ces volontaires ne sont pour l'heure que quelques dizaines. Dans un groupe Facebook intitulé "Départ France-Ukraine pour aider les civils sur place", ils sont 1.600 à vouloir ainsi partir pour une mission humanitaire indépendante et a priori de 10 jours.
Sur un autre fil Facebook, "Le groupe des Français volontaires en Ukraine" plus de 3.100 personnes tentent d'organiser des départs groupés en voiture ou en van. Tout s'organise, donc, sur les réseaux sociaux.
À Nice, nous avons rencontré celui qui préfère garder l'anonymat et se fait appeler Djo. Il a 25 ans, au chômage, cet ancien salarié des pompes funèbres, va quitter ce mercredi 2 mars la France.
Dans son sac, il a mis des sous-vêtements, du thon en conserve, des chaussures de marche, des lampes et de l'eau...
J'ai aussi une bouteille de champagne, histoire de profiter avec les collègues, saluer notre courage... Car on ne va pas se cacher : on a un peu peur quand même ! Celui qui dit qu'il n'a pas peur, c'est qu'il n'a pas la réalité en face des yeux...
Djo, volontaire niçois.
Djo suit l'actualité de très près pour se motiver et savoir de façon plus précise où il s'engage.
C'est l'appel à la mobilisation lancé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky le vendredi 25 février dernier qui a poussé Djo à s'engager. Zelensky demandait aux Européens ayant "une expérience du combat" à participer au conflit.
Si vous avez une expérience du combat et que vous ne voulez plus regarder l'indécision de vos responsables politiques, vous pouvez venir dans notre pays pour défendre l'Europe.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à Kiev, le 25 février.
Il partira ce mercredi soir dans un premier temps pour Paris avant de rejoindre en bus la zone de conflit. Ils sont une dizaine à ainsi assurer ce convoi.
Il faut, en effet, se rendre par ses propres moyens jusqu'à la frontière ukrainienne pour pouvoir s'enrôler une fois arrivé.
Aguerris ou sans expérience
Dans ses appels à la mobilisation, le président parlait de citoyens aguerris ou non. C'est le cas de Djo.
"Je préfère parler au nom de tous les volontaires et non en mon seul nom", précise Djo quand on lui parle de sa motivation.
"Pour certains c'est politique, d'autres sont touchés par les images que les médias renvoient. Moi je ne suis ni pro russe, ni pro Ukraine, ou OTAN, mais je souhaite le respect de la souveraineté d'un état. Quand la France a été occupée, on était bien content de trouver de l'aide. C'est dans notre héritage historique."
Il n'a pas de lien sur place, n'y est jamais allé, n'a pas d'attaches particulières avec ce pays. Djo reconnaît simplement vouloir aider la démocratie.
Sans expérience du combat, la question ne le gène pas : allez-vous pour vous battre ?
"Dans un premier temps, on se déclare aux autorisés ukrainiennes, pas forcément pour de l'aide militaire. On se déclare pour aider d'abord. Mais cela ne va pas dire que l'on aura un fusil, une arme pour se battre. J'ai donné des pièces d'identité, un casier judiciaire... J'ai détaillé dans un mail mes expériences professionnelles techniques..."
Dans les groupes Facebook, des alertes sont données aux volontaires :
Si vous êtes sensible, faible, ou immature ne me contactez pas. La mission est humanitaire mais vous allez : Dormir par terre - Manger froid - Voir des choses choquantes.
Message d'alerte sur un groupe Facebook.
Djo reste motivé malgré les alertes et le fait que le Quai d'Orsay redit que tout déplacement en Ukraine est fortement déconseillé aux Français.
Renforts militaire officiels
Plus de 500 soldats sont partis ce mardi de la base aérienne d'Istres dans les Bouches-du-Rhône près de Marseille, à destination de la Roumanie. Un premier départ avait déjà quitté la région, le 26 février dernier depuis Gap.
Des professionnels qui eux vont renforcer le dispositif de l'OTAN dans la région.
Parmi les militaires déployés, des soldats du 27e bataillon de chasseurs alpins (BCA) d'Annecy, un escadron de cavalerie du 4e régiment de chasseurs (RCH) de Gap, une compagnie du 126e régiment d'infanterie de Brive et une compagnie de lanciers belges, représentant au total quelque 550 soldats, a indiqué l'armée.
Ce déploiement de soldats français dans le cadre d'opérations de l'Otan a été annoncé avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, dès le 19 janvier, par Emmanuel Macron. Vendredi à Bruxelles, le président français a annoncé qu'il allait l'"accélérer".
Interrogé sur la mission des soldats en Roumanie, le général Sanzey a répondu à l'AFP : "J'ai dit aux soldats avec une pointe de sourire qu'on n'est pas là pour distribuer des couvertures (...) on est plutôt là pour faire parler les armes si nécessaire".
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