"Il fait environ 40 degrés dans les cellules" : à la maison d'arrêt de Nice, la chaleur s'ajoute aux problèmes récurrents des prisons

Alors que la région Provence Alpes Côte d'Azur est repassée en vigilance jaune canicule, la situation dans les prisons, entre la chaleur et la surpopulation, devient explosive.

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Chaque année, les surveillants pénitenciers tout comme la population carcérale redoutent la canicule.

"Forcément, il y a un entassement des détenus qui se retrouvent parfois à trois dans une cellule de 9 m2 donc si on ajoute à ça la vétusté des bâtiments qui sont souvent mal isolés, les prisons peuvent devenir de véritables fours", explique Odile Macchi, responsable du pôle enquête de l'Observatoire international des prisons. 

Un phénomène bien connu à la vétuste maison d'arrêt de Nice, qui souffre d'un taux d'occupation de 151%. Dans les cellules situées aux étages les plus élevés, la température peut monter jusqu'à... 40 degrés, confirme Nordine Souab, secrétaire local du syndicat UFAP UNSa de la prison niçoise.

Des détenus sur les nerfs

Des conditions de vie qui rendent les détenus plus agressifs.

Cela joue sur les nerfs de la population pénale, c'est compliqué de la gérer. En plus pendant l'été, paradoxalement, il y a moins d'activités donc les détenus passent plus de temps en cellule à souffrir de la chaleur

Nordine Souab, secrétaire local UFAP UNSa à la maison d'arrêt de Nice.

"Cela se manifeste par des engueulades entre eux dans les cellules, ça peut aussi être des violences contre le personnel pénitencier", raconte le surveillant, qui admet que les employés de la prison craignent d'être affectés au dernier étage pendant l'été, le plus impacté par les fortes chaleurs. 

Système D

A Nice, les détenus n'ont pas de douches dans les cellules, comme c'est le cas dans certains établissements. Ils ont droit à trois douches par semaine, plus une en période de canicule. Mais cela reste insuffisant pour les calmer : "fatalement, c'est plus difficile parce que les détenus ne peuvent pas prendre une douche quand ils veulent pour redescendre rapidement en température et ne pas être sur les nerfs", explique le représentant syndical.

Alors, les prisonniers ont recours au système D, parfois avec la complicité de l'administration pénitentiaire. 

"Ils mettent des draps aux fenêtres pour éviter que le soleil ne rentre, ils laissent les fenêtres ouvertes, après il y a le ventilateur" - s'ils peuvent le "cantiner", c'est-à-dire l'acheter, détaille Philippe Abime, secrétaire interrégional FO Justice pour la région PACA et la Corse.

"On met en place des petits subterfuges pour faire rentrer l'air dans les cellules, raconte Nordine Souab. Par exemple, quand on apporte le repas ou que les détenus font le nettoyage de leur cellule, on laisse la porte un peu plus longtemps ouverte, quelques secondes, pour faire un courant d'air", ajoute-t-il. 

Contactée, la direction de la maison d'arrêt de Nice n'a pas donné suite à nos demandes d'informations.

L'Observatoire international des prisons demande l'application du plan canicule en détention, déployé depuis 2003. Il prévoit notamment de décaler les horaires de promenade pour éviter les plus fortes chaleurs ou la distribution de bouteilles d'eau.

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