Deux Italiens arrêtés et placés en détention provisoire à Nice, soupçonnés d’appartenir à la mafia calabraise ‘Ndrangheta vont être remis à la justice de leur pays d'ici 10 jours. Pour Fabrice Rizzoli, enseignant et spécialiste de la grande criminalité et des mafias, la présence de ces clans remonte à une quarantaine d'années.
"La présence de mafieux italiens sur le sol français est documentée. Elle remonte à 40 ans. Depuis les années 1980, on arrête un mafieux par an en France et la plupart du temps, ils sont extradés vers l’Italie", indique Fabrice Rizzoli, enseignant à Sciences Po et à l’HEIP - École des hautes études internationales et politiques, spécialiste de la grande criminalité et des mafias.
Historiquement, la première loge de la mafia calabraise a été créée en 1982 à Antibes par Paolo De Stefano. En outre, on a arrêté en 1991 un Calabrais à Marseille. (...) Il y a en a eu d’autres à Cannes. Bernardo Provenzano s’est fait soigner à La Ciotat. (...) Il y a une présence de la mafia italienne en France.
Fabrice Rizzoli, enseignant à Sciences Po et à l’HEIP, spécialiste de la grande criminalité et des mafias.
Jeudi 4 mai dernier, ce sont deux Italiens qui ont été arrêtés et placés en détention provisoire à Nice. Ce mercredi, ils comparaissaient devant la chambre d'instruction d'Aix-en-Provence. Ils sont soupçonnés par les autorités italiennes d’appartenir à la mafia ‘Ndrangheta. Les deux hommes ont accepté d'être remis à la justice de leur pays.
Présente dans le sud-est de la France
Selon le spécialiste, la présence de la mafia calabraise est marquée dans le sud-est de la France. En cause ? La présence d'une "implantation diasporique" récente. "Ils bénéficient de complicité qui peut les cacher", poursuit-il.
Le groupe visé par les arrestations de ces derniers jours en Europe, notamment sur la Côte d'Azur, par Europol a visé particulièrement le groupe calabrais de San Luca, berceau de la mafia locale, précise Fabrice Rizzoli. Environ 130 membres ont été interpellés. Un message fort de l'agence de l'UE pour la coopération policière à l'encontre des mafieux, estime le chercheur.
Le message est : 'vous n’êtes pas à l’abri vous, mafieux italiens, qui avez profité longtemps à l’étranger. Vous n’êtes plus à l’abri nulle part.
Fabrice Rizzoli
Ce qui ne veut pas dire la fin de la mafia calabraise pour le spécialiste : "Bien sûr que les clans de San Luca en question vont être affaiblis, je le pense. Mais il reste 160 clans en Calabre. L'État italien et la coopération internationale aujourd’hui font des actions importantes mais ça ne va pas redimensionner les actions des mafias."