Les crues soudaines frappent principalement quelques départements du Sud de la France mais elles représentent le premier poste d'indemnisation du régime des catastrophes naturelles en France.
En raison des dégâts importants que les inondations causent aux habitations, elles représentent plus de la moitié des indemnisations des assureurs au niveau national. Ce chiffre a été dévoilé en début d'année par le réassureur public CCR, qui propose avec la garantie de l'État des couvertures contre les catastrophes naturelles.
Les crues soudaines dans le Sud de la France
Les crues soudaines, provoquées par le phénomène météorologique connu sous le nom d'épisode cévenol, se concentrent sur le pourtour méditerranéen. Les crues soudaines sont à distinguer des crues dites "de plaine" ou "lentes", comme la crue de la Seine, ou de la submersion marine.
Les experts de l'assureur mutualiste Covéa (MAAF, MMA, GMF) décrivent précisément cet épisode pluvieux : il est de courte durée et très intense, il dépasse généralement les 100 mm à 200 mm en 24 heures.
L'épisode cévenol est le résultat de la rencontre de dépressions venues de Méditerranée avec le relief des Cévennes ou des Alpes du Sud.
Á ce moment-là, les sols trop secs ou au contraire saturés en eau ne peuvent pas absorber la quantité de pluie qui fait alors déborder les cours d'eau.
En 1992, la crue meurtrière de Vaison-la-Romaine est gravée dans les mémoires, plus récemment dans le Var en 2010, dans les Alpes-Maritimes en 2015 ou encore dans l'arrière-pays de Nice et autour de Menton en 2020, avec la tempête Alex.
Les indemnisations
En ce qui concerne les dégâts de la tempête Alex, la présidente de la de la Fédération professionnelle des assureurs Florence Lustman recensait au bout d'un an 12.980 sinistres pour un montant total de 217 millions d'euros et 92% des dossiers avaient perçu une première indemnisation.
Deux ans après la catastrophe dans l'arrière-pays niçois, de nombreux dégâts sont encore visibles dans les trois vallées touchées.
La reconstruction de certaines maisons de nos sociétaires n'est pas encore terminée, ce n'est pas un problème d'indemnisation mais de durée des travaux
Olivier Beroard, directeur des risques de Groupama
Le temps de séchage d'une maison se compte en mois et les dégâts provoqués par une crue soudaine sur une habitation sont "quelque chose d'épouvantable", souligne le directeur des risques de l'assureur Groupama.
Le magazine Cash Investigation consacrait le15 septembre dernier à ce thème : "Sécheresses, inondations : qui va payer la facture ?" Le journaliste Mathieu Robert a notamment enquêté sur les assurances qui refusent très souvent de rembourser les dégâts (Voir le replay).
La facture devrait doubler d'ici 2050
Selon une étude de la fédération professionnelle France Assureurs parue en début d'année, le montant de ce type de sinistres dans l'Hexagone pourrait augmenter de 81%, soit 50 milliards d'euros en cumulé d'ici 2050.
Depuis cinq ou six ans nous constatons que d'autres zones géographiques sont touchées en France
Olivier Beroard
"Ces catastrophes pourraient être amenées à s'intensifier dans les décennies à venir", avertissait la Caisse centrale de réassurance, en début d'année, compte-tenu du changement climatique et de l'artificialisation des sols.
En juillet 2021, en Allemagne et dans les pays voisins, les inondations ont été par exemple le désastre naturel le plus coûteux jamais enregistré en Europe, selon le groupe qui fait office d'assureur pour les assureurs.
Le coût mondial des catastrophes naturelles est estimé à 221 milliards d’euros en 2021. Les compagnies d’assurance tirent le signal d’alarme.