Ils sont étudiants en géographie et aménagement du territoire à Paris, venus étudier le territoire de Breil-sur-Roya après les ravages de la tempête Alex. Leurs conclusions éclaireront le maire de la commune sur les aménagements possibles.
Ils ont eu une semaine, pas plus, pour faire de Breil-sur-Roya un sujet d'étude.
Pendant une semaine, 28 étudiants en licence de géographie-aménagement du territoire à la Sorbonne avaient une mission : faire des propositions très concrètes d'aménagement du territoire au maire de la commune, en conformité avec les documents d'urbanisme, un an et demi après le passage de la tempête Alex.
Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020, un fleuve déborde et emporte tout sur son passage. C'est la Roya, 60 kilomètres entre Tende, où elle prend sa source à 1871 mètres d'altitude, et Vintimille, en Italie, où elle se jette.
Ce petit village d'un peu plus de 2.000 habitants est dévasté. Un couple de nonagénaires est décédé, emporté par les flots. De nombreuses personnes ont tout perdu, le village est enclavé car les ponts de la vallée ont été détruits et il faut désormais reconstruire.
Pour les étudiants, deux postulats : ne pas oublier qu'une tempête peut se reproduire, sécuriser le territoire en fonction des données géologiques est donc une priorité. Le rendre attractif est tout autant essentiel, la désertification est une menace.
Malihah Hashemi est enseignante-chercheuse à la Sorbonne et elle est co-responsable du groupe avec Thibault Carcano. C'est en janvier 2021, quelques mois après le passage d'Alex, qu'ils ont choisi ce village comme thème d'étude.
A Breil-sur-Roya, une réflexion collective est importante car il faut repenser la ville. C'est autant une reconstruction humaine que matérielle.
Maliha Hashemi, enseignante
A la rencontre des habitants
Ecouter les habitants, les associer à la recomposition du territoire, les étudiants ont travaillé en groupes pour cette première étape.
Meriem Messaouadi n'hésite pas à poser beaucoup de questions aux habitants, aux commerçants ou artisans qu'elle a rencontrés.
On apporte une analyse de terrain, un regard neuf aussi car on n'est pas de la région. Pour comprendre le dynamisme sociologique d'ici, on s'est focalisé sur l'aspect social, d'autres groupes sur le transport, la mobilité ou le patrimoine.
Meriem Messaouadi, étudiante en licence géographie
Et c'est en la chapelle de la Miséricorde qu'après une enquête sur le terrain, ils étudient les documents d'urbanisme et commencent à rédiger un document de synthèse.
Avant-dernière étape : la présentation au maire de leurs conclusions selon 6 axes :
- Réglementaire
- Environnement
- Transports
- Patrimoine
- Problématiques socio-économiques
- Outils numériques pour la cartographie
Ce vendredi matin, l'échange avec le premier magistrat de la ville, Sébastien Olharan, a duré près de deux heures. Un échange jugé très constructif des deux côtés.
J'ai trouvé le diagnostic très complet, très pertinent. Ils ont identifié des projets qui correspondent exactement à ceux qu'on avait identifiés, ils ont donc tapé très juste, cela participe à la réflexion que nous portons sur notre réaménagement.
Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya
Reconstruire mieux
Hasard du calendrier, c'est aussi cette semaine que les conclusions de la consultation citoyenne intitulée " Reconstruire mieux" ont été restituées.
Lancée par la mairie, elle a permis aux habitants de déterminer leurs besoins : rénovation de la piscine, berges de la Roya, places de parking, aires de jeux, les Breillois avaient la parole.
Des conclusions similaires à celles des étudiants de la Sorbonne, qui rendront leur rapport dans sa version écrite, une dizaine de pages, dans les prochaines semaines.