Avant la Vésubie et la Tinée, la concertation citoyenne s'est ouverte pour deux jours dans la vallée de la Roya. 50 habitants tirés au sort participent aux ateliers pour, au-delà de la reconstruction, relancer la vie dans cette vallée sinistrée.
Jean-Jacques est né dans la vallée de la Roya dans les Alpes-Maritimes. A 62 ans, cet habitant de la Brigue n'a pas hésité une seconde à se porter volontaire pour participer à cette consultation citoyenne, 15 mois après le passage dévastateur de la tempête Alex :
Des travaux colossaux ont été entrepris. Il y a un an, je n'étais pas convaincu qu'autant d'argent soit investi dans la Roya. Alors à nous maintenant de faire le reste.
Jean-Jacques, habitant de la Brigue
Il fait partie des 50 habitants de la vallée, tirés au sort parmi les nombreux volontaires, à se retrouver ces lundi et mardi à l'hôtel du Prieuré à Saint-Dalmas-de-Tende.
Au programme, deux jours d'ateliers dans le but de formuler des propositions concrètes pour l'avenir de la vallée. De leur vallée :
Il faut transformer la tempête en chance de renouveau ! La vallée peut-être encore mille fois mieux qu'avant, c'est ce que j'espère, pour continuer à vivre ici et ne pas partir parce qu'il n'y a plus rien.
Julie, habitante de Tende
Au menu de ces deux journées de travail post-tempête, les thèmes, pour le renouveau de la vallée, s'imposent :
- La gestion du risque
- Mieux vivre
- L'attractivité de la vallée
- La mobilité
Le train, moteur pour sortir de l'isolement
Jean-Jacques le dit tout net : "La tempête a été un révélateur d'un malaise qui existait déjà. Le problème de la vallée, c'est son enclavement. Il n'y a qu'une route. Il suffit qu'on coupe de cordon pour qu'il n'y ait plus d'oxygène."
Au micro, le retraité continue : "Dans ce chaos, on est arrivés à obtenir par le train les denrées alimentaires, les matériaux de construction, le foin pour les animaux. On dit que cette ligne est sauvée mais pour combien de temps ? Il faut trouver une manière de l'utiliser de manière plus souple, plus pragmatique, plus efficace pour les habitants, les artisans, le tourisme."
Alors, les idées fusent : augmentation de la cadence des trains, nouvelle politique tarifaire, amélioration des navettes entre les gares des villages...
100 millions d'euros pour réaliser ces projets
Des propositions comme celles-ci seront soumises aux maires et aux élus.
C'est la vocation de cette consultation citoyenne, comme nous l'explique le préfet délégué chargé de la reconstruction des vallées, Xavier Pelletier :
L'idée c'est de redonner de l'espoir à ces vallées, de cultiver tous les atouts, toutes les ressources territoriales.
Xavier Pelletier, préfet délégué chargé de la reconstruction des vallées
Selon le préfet, "l'Etat a réservé 50 millions d'euros pour porter le financement de ces projets. Ils seront complétés par les financements des collectivités territoriales et l'Union européenne. On peut imaginer un potentiel d'au moins 100 millions d'euros."
Dans la Roya, la Vésubie, la Tinée et sur internet
Après ces deux jours dans la Roya, d'autres ateliers suivront dans les deux autres vallées sinistrées, la Vésubie et la Tinée, où, à chaque fois, 50 personnes ont été tirées au sort parmi les volontaires.
Une plateforme a également été ouverte sur Internet pour permettre aux habitants d'apporter leur contribution même s'ils n'ont pas pu participer physiquement aux ateliers.
Cette plateforme restera ouverte jusqu'au 10 février.
Plus de 120 projets y ont déjà été déposés : création d'une Maison de pays pour les produits locaux, projets d'accueil touristique, ouverture d'un café associatif, d'une malterie, d'un festival de musique dans les villages... les idées ne manquent pas, et chacune est soumise au vote de la communauté.
Le 14 février, l’ensemble des participants à ces ateliers se réuniront à Nice au Musée du sport pour mettre en commun leurs idées et tracer les grandes lignes des projets à mettre en œuvre dans les trois vallées sinistrées. Ces grands projets seront ensuite présentés aux élus le 28 février.
A Saint-Dalmas-de-Tende, l'implication de participants semble en tout cas donner crédit à Jean-Jacques, pour qui "cette tempête est devenue un laboratoire d'idées, d'innovation dans le sens de la démocratie populaire." Reste à voir "ce qu'il en ressortira."