"J'en envoie parce que j'aime bien en recevoir !" : la carte postale a toujours la cote sur la Côte d'Azur

On l'avait un peu vite enterrée, mais la carte postale est encore là. Malgré internet et les smartphones, ce morceau de papier cartonné ne semble pas vouloir disparaître. Encore moins sur à Nice et sur la Côte d'Azur, où les paysages ont inspiré les plus grands peintres et les cartes les plus kitsch.

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Casquette noire vissée sur le crâne, une dame compare avec sérieux des paysages d'un bleu outrancier ou des bâtiments aux couleurs éclatantes... Sa fille et son mari patientent à côté, résignés. Et cette famille représente à elle seule toutes les considérations qui entourent la carte postale.

"Je cherche les plus jolies..." dit Madame. Mais pourquoi en envoyer, à l'heure du numérique et d'internet ? "J'en envoie parce que j'aime bien en recevoir ! Mon problème c'est que tout le monde connaît déjà Nice dans ma famille, alors je ne sais plus trop quoi leur envoyer." Toujours les mêmes représentations : la Promenade des Anglais, la baie des Anges (ce qui est un peu pareil), le Vieux Nice, les monuments, les tenues plus ou moins folkloriques...

"C'est démodé"

Sa fille, la vingtaine à vue de nez, est convoquée à la barre pour présider au choix. "Moi, je n'en envoie jamais. C'est démodé." Jugement sans appel.

Mais Monsieur est encore plus catégorique : "ça n'a plus aucun sens d'en envoyer. Ça coûte cher, et les gens les foutent directement à la poubelle." On sent derrière ce constat un peu d'amertume : "j'ai beaucoup voyagé, dans le temps... J'aimais bien ramener des cartes postales de chaque destination. Mais depuis que je suis marié, je n'ai plus le droit de les afficher au mur..." 

Poubelle, la vie.

Finalement, Madame passe outre et complète ses emplettes : quatre cartes postales pour la famille en Hongrie, pour la modique somme de deux euros. Le buraliste n'a pas vraiment de quoi se frotter les mains : "c'est un produit d'appel !" Avec ce constat formel, néanmoins : la carte postale n'est pas morte !

"Depuis l'année dernière, il y a un regain, même un engouement," explique-t-il avec sérieux au travers de ses lunettes. "Je ne me l'explique pas ! Je n'ai rien changé. Certains prix ont même augmenté, en ce qui concerne les cartes un peu plus luxueuses, à cause des coûts de fabrication qui ont eux aussi augmenté."

Toujours plus de cartes ? Ça ne surprend pas José Maria.

Ce collectionneur niçois passionné a même ouvert sa boutique, parce qu'il ne savait plus quoi faire des centaines de milliers de cartes postales qu'il stockait à la maison. "C'est une tradition qui ne s'est jamais perdue et qui ne se perdra peut-être jamais, si j'en crois les chiffres des éditeurs qui continuent à augmenter."

Les usages ont évolué, en un siècle et demi, forcément. "La carte postale, c'était le SMS du XIXe siècle ! Parfois, on en envoyait plusieurs dans la même journée. Et une carte envoyée le matin pouvait arriver à Paris le jour même !"

Cachet de la poste faisant foi !

Certains collectionneurs, comme José, s'amusent à relever les imperfections et autres fêtes qui truffent nos missives. "On dit toujours que c'était mieux avant, que les gens écrivaient mieux, mais c'est faux !", s'exclame l'octogénaire avec un sourire espiègle.

"Il y a des textes magnifiques, et d'autres qui sont carrément écrits en phonétique !" 

D'accord, mais est-ce qu'il en envoie encore, José ? "Ah non ! Les cartes modernes, je les trouve beaucoup trop moches." Son truc, c'est l'ancien. Et il prend souvent la chose à rebours. "Si quelqu'un me dit qu'il va à Lisbonne ou à Strasbourg, je peux lui sortir des dizaines de cartes postales de là-bas. Pour moi, c'est le patrimoine. On arrive à retrouver beaucoup d'éléments de la vie quotidienne grâce aux cartes postales." 

Témoignages involontaires de notre insignifiance ou testaments brillants pour les générations futures, la carte postale a encore de l'avenir, même sur Internet.

La preuve :

Post-scriptum : il existe, pour les amateurs de petites missives, un musée de la carte postale à Antibes dans les Alpes-Maritimes. Il est ouvert de 14h à 18h, tous les jours sauf le lundi. Le timbre pour y entrer est de 8 euros.

Un autre musée dédié aux cartes se trouve à Baud dans le Morbihan. 

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