Alors que le mois sans tabac a débuté le 1er novembre, les équipes du CHU de Nice veulent sensibiliser et dépister le plus tôt possible les cancers du poumon. Car le tabac est responsable de 75.000 décès chaque année en France.
En ce samedi après-midi, l'image est cocasse : un grand panneau "dépistage du cancer du poumon" est posé devant le revendeur de tabac de cette galerie marchande de La Trinité (Alpes-Maritimes).
Dans l'allée, au milieu des caddies, un pneumologue en blouse blanche interpelle les passants. "Bonjour Madame, est-ce que vous savez qu'on organise une après-midi de dépistage si vous avez fumé dans votre vie ?"
"Je suis soignée pour ça déjà !", lui répond la cliente avant de repartir faire ses courses.
Pré-diagnostic gratuit
Au milieu des caddies, Charles-Hugo Marquette, pneumologue au CHU de Nice, cible les hommes et les femmes de plus de 50 ans, fumeurs ou anciens fumeurs. Pour lui, il est vital de faire de la prévention pour lutter contre le cancer du poumon de manière précoce.
"Si vous ne dépistez pas, le cancer du poumon, trois fois sur quatre, est diagnostiqué à un stade évolué", détaille le médecin.
Si vous faites du dépistage, trois fois sur quatre, c'est dépisté au stade d'une petite olive. Et là, c'est très facile à traiter !
Charles-Hugo Marquette, pneumologue au CHU de Niceà France 3 Côte d'Azur
Quand l'interpellation fonctionne, le passant est emmené dans le laboratoire de la galerie marchande pour un pré-diagnostic. Le test est gratuit, rapide et indolore.
Majid a 40 ans, il est en théorie trop jeune pour passer le test. Mais il veut se rassurer car il "fume presque un paquet par jour". "Je sais que c'est risqué, j’essaie d’arrêter la cigarette, mais bon... C'est une bonne chose de faire un dépistage, au cas où."
Un dépistage avant un scanner
"Gonflez les poumons... Soufflez fort !" Dans la salle de prélèvement, Nadine, 71 ans, expulse le plus d'air qu'elle peut dans un tube. Isabelle Barraquier, l'infirmière, l'encourage : "et on tient, on tient, on tient...!"
La machine calcule si le souffle est en-dessous ou au-dessus des normes. Si une anomalie est détectée, cela multiplie par trois le risque de cancer du poumon.
Nadine fume depuis plus de 40 ans et a tout de suite accepté de faire ce dépistage. "À 27 ans, j’ai accouché. J'avais des kilos et je me suis dit 'si je fume, je les perds'. Au final, la cigarette est restée, voilà !"
"On va vous donner quelque chose pour vous aider à mieux respirer", conclut l'infirmière. Il faut ensuite répondre à un questionnaire pour évaluer les antécédents familiaux.
Certaines personnes dépistées obtiendront un rendez-vous pour un scanner à l’hôpital.
Dépistage massif à Monaco
En ce mois de sensibilisation contre le cancer du poumon, le département des Alpes-Maritimes n'est pas le seul à s'engager. À quelques kilomètres de là, la principauté de Monaco lance, pour la première fois, une "campagne de dépistage nationale", à destination des Monégasques et des salariés pendulaires (les Français et les Italiens qui travaillent à Monaco et qui sont rattachés aux caisses sociales monégasques).
Objectif : dépister tous les fumeurs de plus de 50 ans qui ont consommé au moins un paquet de cigarettes par jour pendant vingt ans. "Un courrier sera adressé à tous les assurés sociaux de Monaco de plus de 50 ans afin que toutes les personnes concernées puissent se faire dépister gratuitement au moyen d’un scanner pulmonaire", explique le gouvenement princier dans un communiqué.
"On table sur environ 15.000 personnes qui pourraient être éligibles à ce dépistage, mais tous ne le seront pas forcément, notamment s'ils sont fumeurs occasionnels", expliquait à France 3 Côte d'Azur, le mois dernier, Christophe Robino, le ministre de la Santé monégasque.
75.000 décès par an en France
Selon l'Institut national du cancer, "le tabac est responsable de 75.000 décès, dont 46.000 par cancer, chaque année en France. [...] Sans tabac, près d'un tiers des décès par cancer pourraient être évités". En effet, le tabac est responsable de plus de 8 cancers du poumon sur 10 et est aussi souvent présent dans les cancers des voies aérodigestives et de la vessie.
En 2020,plus de trois Français sur dix âgés de 18 à 75 ans déclaraient fumer (31,9%) et un quart déclarait fumer quotidiennement (25,9%).
Institut national du cancersur son site Internet
"La situation reste préoccupante", poursuit l'Institut national du cancer, car "ce taux de prévalence du tabagisme quotidien est l’un des taux les plus élevés recensés dans les pays occidentaux".
Fumer a également des conséquences pour l'entourage du fumeur. "En France, près de 1.100 décès seraient liés au tabagisme passif chaque année, dont 150 par cancer du poumon", indique le Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard.
Chaque année, le tabagisme tue plus de 8 millions de personnes dans le monde, dont 7 millions de fumeurs actifs ou anciens fumeurs et environ 1,2 millions de non-fumeurs exposés aux fumées du tabac, selon l'Organisation mondiale de la Santé.