Si toute l'humanité vivait comme les Français, elle aurait consommé ce 5 mai toutes les ressources que la planète peut renouveler en un an. Dans les Alpes-Maritimes, les associations rappellent les points sur lesquels il faut agir rapidement et localement.
Construction, pêche, circulation ou encore consommation énergétique, la Côte d'Azur et son million d'habitants ont encore des progrès à faire pour limiter leur impact sur la planète.
Ce 5 mai 2022," jour du dépassement de l'utilisation des ressources planétaires", en France, les associations maralpines rappellent les points sur lesquels le département doit encore faire ses preuves.
Le jour du dépassement, qu'est-ce-que c'est ?
Si toute l'humanité vivait comme les Français, elle aurait consommé ce 5 mai toutes les ressources que la planète peut renouveler en un an a annoncé WWF, estimant que la France pouvait faire reculer ce "jour du dépassement" de 25 jours d'ici 2027.
Chaque année, l'ONG américaine Global Footprint Network calcule le "jour du dépassement" pour le monde, en croisant :
- l'empreinte écologique des activités humaines (surfaces terrestres et maritimes nécessaires pour produire les ressources consommées et pour absorber les déchets de la population)
- la "biocapacité" de la Terre (capacité des écosystèmes à se régénérer et à absorber les déchets produits par l'homme, notamment la "séquestration" du CO2).
Cet indice ne cesse de se dégrader depuis des décennies (à l'exception de l'année 2020 marquée par la crise du Covid-19), il vise à illustrer la consommation d'une population humaine en expansion sur une planète limitée.
La bétonisation de la Côte d'Azur
Le tourisme est la première activité économique sur la Côte d'Azur, avec environ 5 millions de visiteurs par an. Ces flux touristiques et l'attractivité du secteur, façonnent le visage du littoral : de plus en plus de béton et de moins en moins de verdure.
La part des logements collectifs est de 70 % en PACA, ce qui est sensiblement plus qu’en France métropolitaine (61 %). Alors que la construction de logements individuels se maintient un peu au-dessous de 1 000 par mois en moyenne depuis 2013, le logement collectif et en résidence a augmenté régulièrement jusqu’en 2018, rappelle la préfecture.
D'après le ministère de la Transition écologique et solidaire, le secteur du bâtiment génère des millions de tonnes de résidus polluants. Il représente 75 % des déchets produits en France. De plus, de nombreuses ressources naturelles sont nécessaires pour élaborer l'ensemble de ces constructions. Il s'agit là essentiellement des énergies fossiles telles que le charbon, le pétrole, le gaz naturel ou l'uranium.
Autre problématique sur le littoral, la circulation très dense. A titre d'exemple, Nice est la 5ème ville la plus embouteillée de France, on pourrait penser que cette statistique est liée au fait qu'elle soit la 5ème ville la plus peuplée, mais Toulouse pourtant 4ème ville de France, n'arrive qu'en 8ème position de ce classement. La voiture qu'elle soit électrique ou non, reste un outil polluant, qui utilise beaucoup de ressources (pétrole, minerais, métaux etc.)
Sur l'autoroute, à Nice et Aix-en-Provence, 7 conducteurs sur 10 sont seuls en voiture.
Pour Hélène Granouillac, présidente de l'association terre bleue et élue d'opposition à la ville de Nice, il faut souligner le manque d'infrastructures :
Les déplacements quotidiens ne dépassent pas 5 km, on attend des collectivités de meilleurs aménagements pour favoriser le vélo
Repenser ses modèles de consommation
"La sobriété ça n’enlève rien à personne et ça apporte à tous", ajoute l'élue. Arriver à modérer, limiter, sa consommation peut être un des viviers pour faire reculer le jour de dépassement de la terre.
En première ligne, la lutte contre le gaspillage alimentaire et le recyclage de ses déchets.
Il faudrait mieux recycler les bio déchets, notamment auprès des restaurateurs azuréens.
Hélèné Granouillac, présidente de l'association Terre bleue
Les déchets biodégradables sont des déchets constitués, pour l'essentiel, de matière organique naturelle pouvant être décomposés, plus ou moins rapidement, par des bactéries ou des microchampignons avant d’être réintégrés par les écosystèmes.
D'autres pistes sont soulignées par la présidente l'association :
- repenser les modèles agricoles
- miser sur le circuit court
- réduire notre consommation d'énergie
Sur ce dernier point, la Côte d'Azur a beau faire partie des régions de France les plus ensoleillées (300 jours par an, soit un potentiel de 5 kWh/m2), elle est à la traîne quant au développement de ses installations photovoltaïques.
Prendre soin de la mer Méditerranée
Pour préserver l'or bleu qui borde la Côte d'Azur, il y a certains réflexes qu'il faut continuer à adopter. Pour Joko, responsable du pôle Antibois de Project Rescue Océan, "la pêche à outrance abîme la biodiversité", il ajoute : "certains chalutiers raclent les fonds, c'est un massacre".
Bien que la pratique soit encadrée, les herbiers de posidonie restent encore vulnérables. Dans plusieurs communes, des bouées d'amarrage sortent de l'eau pour remédier au phénomène.
A cette problématique, s'ajoute aussi celle des déchets retrouvés dans la mer, déchets qui étouffent l'écosystème :
Il y a quelques jours, sur Juan-les-Pins, nous avons ramassé 100 kilos de en macrodéchets en mer, seuls 30 seront recyclés.
Joko, responsable de Poject Rescue Océan à Antibes
Plusieurs fois par an, des citoyens se mobilisent pour essayer de dépolluer la mer. Ce matin, une opération de nettoyage avait lieu au Port Vauban à Antibes. Une opération menée conjointement par des plongeurs, des pompiers, des gendarmes et des bénévoles.
Des vélos, des batteries, des filets de pêche ont été retrouvés ! Ce sont au total près de deux tonnes de déchets.
Joko ajoute : "il faut vraiment rectifier le tir aujourd’hui, demain après ça sera trop tard."
5 mois plus tôt qu'en 1961
Pour 2022, le jour du dépassement pour la France tombe le 5 mai, environ 5 mois plus tôt qu'en 1961. Si le monde entier consommait aujourd'hui comme les Français, il faudrait 2,9 "Terres" pour subvenir aux besoins des habitants.
"Tous les présidents de la Ve République ont laissé l'empreinte écologique du pays se dégrader. En moyenne, selon les données utilisées chaque année par le Global Footprint Network, entre 1981 et 2007, le Jour du dépassement a avancé de 10 jours à l'issue de chaque mandat", a dénoncé WWF France.
Depuis 1970, les populations de vertébrés poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles ont chuté de plus de 60% au niveau mondial.