Une "trentaine" de personnes de confession musulmane ont été fauchées par le camion du tueur tunisien radicalisé Mohamed Lahouaiej Bouhlel sur la Promenade des Anglais de Nice. La communauté est animée par deux sentiments: la peur d'être montré du doigt mais aussi la colère et la peine. 

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Une "trentaine" de personnes de confession musulmane, majoritairement franco-tunisiennes, ont été fauchées par le camion du tueur tunisien radicalisé Mohamed Lahouaiej Bouhlel sur la Promenade des Anglais de Nice

Tahar Mejri avait crié son désespoir en cherchant deux jours durant son fils de quatre ans fauché dans l'attentat du 14 juillet avec sa maman. Sonné, il assistait mardi à une prière devant leurs cercueils dans une mosquée de l'est de Nice, où des imams ont lancé des appels à l'union nationale.

Victimes majoritairement franco-tunisienne

Une "trentaine" de personnes de confession musulmane, majoritairement franco-tunisiennes, ont été fauchées par le camion du tueur tunisien radicalisé Mohamed Lahouaiej Bouhlel sur la Promenade des Anglais de Nice, estiment les imams niçois, sur la base d'informations encore parcellaires.

Que les victimes soient musulmanes, qu'elles soient chrétiennes, qu'elles soient athées, c'est une douleur pour l'ensemble de l'humanité

A la grande mosquée ar-Rahma (La Miséricorde), dans le quartier populaire de l'Ariane, une cinquantaine d'hommes et une trentaine de femmes ont prié mardi devant deux cercueils d'adultes en bois clair et un petit cercueil blanc d'enfant. Ce sont ceux de la franco-tunisienne Olfa Khalfallah, née en 1985, et son garçonnet Kylan, qui aurait eu 4 ans le 14 août, pleurés par Tahar. Et celui de Bilal Labaoui, un jeune homme de 29 ans originaire de la ville de Kasserine en Tunisie, qui projetait de se fiancer. Les défunts seront enterrés en Tunisie.

"Que les victimes soient musulmanes, qu'elles soient chrétiennes, qu'elles soient athées, c'est une douleur pour l'ensemble de l'humanité", a glissé le vice-président du Conseil régional du culte musulman Boubekeur Bekri durant la cérémonie. "Voilà le résultat de cette barbarie", a-t-il dit tristement aux fidèles figés devant les cercueils.

 'Soyons unis' 

Mercredi, une cérémonie dans une autre mosquée honorera une femme franco-marocaine et son neveu de 13 ans. Jeudi, les fidèles prieront aussi pour deux franco-algériens morts dans l'attentat. Ils s'inclineront sans doute aussi devant le cercueil de la franco-marocaine Fatima Charrihi, 62 ans, mère au foyer de huit enfants, une femme pratiquante portant le voile, qui était arrivée à Nice à l'âge de 20 ans pour rejoindre son mari maçon.

Cinq jours après le carnage qui a fait 84 morts sur la célèbre avenue de front de mer de Nice, les responsables niçois du culte musulman lancent tous des appels à l'union nationale. La tension était très palpable lundi sur la Promenade des Anglais de Nice où des invectives ont fusé à l'encontre des maghrébins présents, selon plusieurs témoignages.

La montée de l'islamophobie, on l'a constatée ces derniers mois. C'est le fait d'une minorité infime

Mais pour les imams, il n'est pas question d'avoir peur et de gommer les signes d'appartenance à l'islam comme le voile. "La montée de l'islamophobie, on l'a constatée ces derniers mois. C'est le fait d'une minorité infime", a estimé auprès de l'AFP l'imam Otmane Aissaoui, en rappelant que ce sont aussi "des Tunisiens qui conduisaient les ambulances ou opéraient dans les hôpitaux le soir de l'attentat".

La communauté musulmane doit dénoncer la radicalisation

"La communauté musulmane doit dénoncer la radicalisation. On a trop laissé le terrain à des personnes extrêmes. Il faut changer de cap, les musulmans français doivent participer aux elections", préconise Boubekeur Bekri, enseignant et imam d'une autre mosquée de l'Ariane.

"Soyons unis au plus haut niveau de l'Etat autour de cette douleur", a lancé Abdelkader Sadouni, très ému, l'imam d'une mosquée des Moulins, un quartier populaire niçois
à l'ouest de la ville. "On voit qu'il y a des gens qui utilisent des mots qui font mal, mais la communauté musulmane va enterrer une trentaine de personnes, c'est toute la France qui est en deuil!", a-t-il insisté.

Au fond de la mosquée ar-Rahma, à l'issue des prières, les femmes se sont assises en cercle autour d'un immense plat de couscous, invitant les non musulmanes à y goûter à leur côté. A l'extérieur, Tahar Mejri, 39 ans, a ressorti d'immenses photos de son fils, bambin au sourire éclatant, dernier hommage à une vie détruite.
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