La prolongation de la coulée verte vers l’est de Nice est confortée par la ministre de la Culture. Roselyne Bachelot-Narquin autorise la destruction du TNN.
Elle a conforté le maire Christian Estrosi dans sa démarche. Roselyne Bachelot-Narquin donne son feu vert à la démolition du TNN souhaitée par le premier édile niçois.
Dans un courrier daté du 2 décembre, le maire de la ville a reçu ce feu vert qu'il a commenté dans un communiqué rendu public ce mercredi 8 décembre.
"Je veux remercier la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot-Narquin qui, en approuvant officiellement la démolition du Théâtre National de Nice, [...] rend possible la mise en œuvre de notre projet de prolongement de la Promenade du Paillon qui, je le rappelle, prévoit 8 hectares de parc urbain supplémentaires (soit 20 hectares de verdure au total) et la plantation de 1500 arbres permettant le stockage de 50 tonnes de CO2 et la réduction de 2 à 3 degrés de la températures lors d’épisodes caniculaires."
Enjeu environnemental
Dans ce courrier adressé au maire de la ville, la ministre écrit que le TNN "ne répond plus aux besoins techniques, fonctionnels et artistiques qu’exige un Centre Dramatique National".
Le bâtiment, qui nécessite de lourds travaux pour être mis aux normes, selon l'équipe municipale niçoise, nécessiterait une réhabilitation comprise entre 12 et 18 millions d’euros.
C'est détruire les trois quarts d'une oeuvre
Martine Bayard
Une affirmation que conteste Martine Bayard, la fille de l'architecte à l'origine du site. Elle regrette de n'avoir "eu aucune étude de la part de la Ville qui devait montrer avoir cherché toutes les solutions" avant de choisir une telle destruction.
La descendante de l'architecte n'est pas vraiment surprise de cette mesure. "J'étais au courant que Bachelot avait donné un avis favorable, et que normalement il doit y avoir un conseil municipal le 10 décembre, auquel cas tout ça doit être effectivement énoncé." poursuit-t-elle.
La fille d'Yves Bayard précise :'"Il ne s'agit pas d'un bâtiment isolé, mais d'une oeuvre globale constituée de la Promenade des Arts, qui est un seul permis de construire, avec un rassemblement de différents bâtiments, culturels, tous, dont le MAMAC et le TNN."
Le site bordé par des oeuvres, est complété par une palissade d'un artiste de l'Ecole de Nice. "On parle de la destruction du TNN, mais c'est une destruction bien plus large pour moi" rajoute Martine Bayard.
Le principal opposant politique au maire de Nice, Eric Ciotti, relaie l'article de France 3 Côte d'Azur pour y décrire une "source de gabegie d’argent public et drame culturel".
Un déménagement attendu
Ce projet décrié avait été annoncé il y a quelques mois par Christian Estrosi, en janvier 2020. Depuis, les équipes du TNN s'étaient préparées à un incontournable déménagement.
Muriel Mayette-Holtz, devenue directrice du TNN en novembre 2019, voit avec appétit ce changement de lieux. "Depuis que je suis arrivée, je travaille au futur. C’est une étape logique et positive, c’est la première pierre d’un projet qui fait une grande confiance au Théâtre National de Nice. Dans un mandat, c’est extraordinaire, c’est exceptionnel.Cela va nous permettre de continuer à enchanter les gens avec une programmation et de mettre sur pied des salles qui sont très performantes." explique t-elle après avoir appris la confirmation de la destruction de l'actuel site faite par sa ministre.
C’est une période qui n’est pas confortable parce qu’un déménagement, c’est compliqué, mais c’est un projet qui est incroyablement passionnant.
Muriel Mayette-Holtz
La salle des Franciscains - ainsi que celle du bâtiment de l’Aigle d’or dédié aux équipes administratives - sera accessible le 15 mars prochain. La nouvelle salle modulaire, qui offre une capacité de 350 à 400 places, a déjà un premier spectacle prévu avec en tête d'affiche Isabella Rossellini. C'est elle, la fille d'Ingrid Bergman, qui inaugurera avec Le Sourire de Darwin, cette nouvelle scène le 26 avril 2022.
Un théâtre éphémère, "La Cuisine", de 600 places, sera opérationnel la veille de cette première. Quant au centre-ville, c'est une salle "Iconic" qui verra le jour une fois le bâtiment terminé, à proximité de la gare du centre-ville niçois. Une autre salle de 800 places doit être installée d'ici 4 ou 5 ans, dans l’actuel Palais des Expositions.
Bémol du ministère
Le courrier de la ministre de la Culture spécifie cependant une obligation, celle du respect de l'ordonnance de 1945 relative aux spectacles quant à la destruction du TNN.
Il stipule que "cette autorisation est délivrée sous réserve des assurances que vous pourrez donner à mon administration concernant la livraison en 2022 des trois équipements mentionnés ci-dessus, qui sont nécessaires à la poursuite de l'activité du Centre dramatique national."
Une inquiétude certainement toute relative pour le maire de Nice, qui se félicitait voir les "Franciscains retrouver chaque jour un peu plus de sa beauté d’antan grâce aux importants travaux de requalification entrepris".
Cette dernière visite, mi-novembre, semble servir de réplique à tous ceux qui douteraient de l'aboutissement du projet.