Soupçonné de radicalisation par l'Etat, l'homme a demandé la suspension de l'assignation à résidence. La demande vient d'être rejetée par le tribunal administratif de Nice. En janvier, il avait écopé de 6 mois de prison avec sursis pour avoir menacé un boulanger, selon lui "un mauvais musulman".
Le tribunal administratif de Nice a rejeté mercredi une demande de suspension de l'assignation à résidence du gérant de deux snacks niçois,
soupçonné de radicalisation par l'Etat. Un arrêté de la préfecture des Alpes-Maritimes, pris dans le cadre de l'état d'urgence, mentionne que l'assignation à résidence de cet homme est motivée par le fait qu'il "participe à la radicalisation de jeunes volontaires pour le jihad armé en Syrie", qu'il est le "co-gérant d'un établissement reconnu comme étant un haut lieu du salafisme niçois" (fermé par la préfecture) et qu'il "est en relation avec le responsable d'une katibat en Syrie"
.
L'homme a expliqué avoir été voisin d'un individu "connu pour être l'un des principaux recruteurs français de jihadistes et depuis décédé en Syrie où il dirigeait une katibat" (brigade), précise la décision du tribunal. Il n'a pas contesté une note blanche des services de renseignements indiquant qu'il avait permis à ce recruteur de bénéficier d'un service de semi-liberté, en lui procurant une promesse d'embauche de complaisance. Mais l'assigné à résidence a expliqué que le recruteur "exerçait une emprise menaçante" dans son quartier.
Le tribunal administratif a tenu compte dans sa décision de la condamnation du gérant de snacks à six mois de prison avec sursis en janvier 2015, pour avoir menacé un boulanger, accusé d'être un mauvais musulman car il vendait des sandwichs au jambon et de l'alcool.
Le point sur les mesures prises dans le cadre de l'Etat d'urgence
Depuis la mise en oeuvre de l’état d’urgence le 14 novembre dernier, les mesures prises par le Ministre de l’Intérieur (assignations à résidence) et par lePréfet (autres mesures administratives), dans le département des Alpes-Maritimes sont les suivantes :
Mesures individuelles :
- 6 assignations à résidence (4 à Nice, 1 au Cannet, 1 à Carros)
- 50 perquisitions à domicile (1 à Antibes, 1 à Cagnes-sur-Mer, 2 à Cannes, 1 au Cannet, 4 à Carros, 4 à Drap, 1 à Grasse, 2 à Menton, 20 à Nice, 1 à Peillon, 1 à La Roquette-sur- Siagne, 1 au Rouret, 1 à Saint-Jeannet, 1 à Tourrette-Levens, 3 à La Trinité, 3 à Valbonne, 1 à Vallauris, et 2 à Vence)
- 6 restrictions de liberté d’aller et venir
- 4 perquisitions de lieux de culte clandestins (Beausoleil, Drap, Nice et Tourrette-Levens)
- 4 arrêtés de fermeture de lieux de culte clandestins (Beausoleil, Drap, Nice et Tourrette-Levens)
- 7 perquisitions d’établissements commerciaux (6 à Nice, 1 à Cannes)
- 4 fermetures de lieux de restauration (1 à Cannes et 3 à Nice).