Le maire de Nice Christian Estrosi a présenté ce jeudi 2 juin son projet de "transformation" du port de Nice. Les travaux doivent débuter dans les deux ans.
Sur les images de synthèse qui présentent les abords du port de Nice tels qu'ils devraient être dans quelques années (aucune date de livraison n'a été communiquée), la verdure remplace le goudron, les piétons occupent l'espace des voitures, des yachts luxueux sont amarrés à la place d'un cimentier.
Le maire de Nice vient de présenter cette "la transformation du Port de Nice", "grand projet de reconquête", au terme de la concertation menée par Olivier Bettati.
Objectif annoncé : "reconnecter le port à la ville, en faire un haut lieu de l’art de vivre à la niçoise, en cohérence avec notre classement au patrimoine mondial".
Les images de synthèse fournies par la ville de Nice donnent une idée du futur aspect des quais et des abords immédiats.
Infernet végétalisé
C'est par le côté ouest, au pied de la colline du Château, que les travaux les plus importants sont prévus, avec la spectaculaire végétalisation du quai Internet. Adieu le parking goudronné, bonjour verdure. "Un vaste jardin avec vue sur la Méditerranée, et des restaurants et boutiques sous un auvent protecteur" seront aménagés.
Le quai actuel, profond de 70 mètres, sera réduit à une trentaine de mètres sur toute sa longueur, pour permettre la création de nouveaux locaux, réalisés par l'assemblage de caissons en béton acheminés par la mer, précise Olivier Bettati, responsable de la mission port de Nice, à France 3 Côte d'Azur.
Sous la nouvelle dalle, 5000 m² seront dédiés à la création d’un centre culturel, technologique et scientifique unique au monde autour de la transition écologique: "le Pavillon Méditerranée".
Luxe et croisière à la place du cimentier et des ferries
Au niveau du plan d'eau, "le quai sera dédié exclusivement à des navires de croisière de moins de 140 mètres (Le Ponant, Club Med) et à de très belles unités de plaisance : toutes ces unités devront se raccorder électriquement pour s’amarrer au port de Nice" précise le maire de Nice.
Sur l'une des images qui préfigurent l'avenir du site, on devine le Maltese Falcon qui, avec ses 88 mètres de long et ses trois mats aux vergues courbées, reste aujourd'hui l'un des plus grands voiliers privés de luxe du monde. Un véritable "quai d'apparat", surplombé d'un jardin et de restaurants.
La grande absente de la communication municipale, c'est l'activité commerciale. Quid du cimentier Capo Cinto, qui exporte 140.000 tonnes par an vers la Corse (Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio, Propriano) et le port italien d'Impéria ?
Il n'est pas précisé à ce stade ou seront accueillis les navires de commerce. Sur Twitter, Stéphanie Charpentier, membre de l'équipe d'Olivier Bettati au sein de la "Mission port de Nice", précise toutefois que "le port de Nice reste statutairement un port de commerce, l'activité Corse reste présente sur le quai du commerce".
Le cimentier Capo Cinto qui sera aussi relocalisé.
Ombre et trottoirs quai des Deux Emmanuel
De l'autre côté du bassin, sur le quai des Deux Emmanuel, il n'y aura plus qu'une voie de circulation. Le trottoir côté port sera élargi et dallé avec un revêtement clair "pour limiter la chaleur l’été et pour pouvoir y installer des terrasses". De "grands arbres méditerranéens" seront plantés tout le long du trottoir pour offrir un peu d'ombre.
110 arbres sur la place Île de Beauté
Verdure encore, au centre, sur la place Île de Beauté qui sera entièrement réaménagée. Cent-dix arbres doivent y être plantés et 1150 m² végétalisés "pour créer ici un vaste ilot de fraîcheur".
Les terrasses des cafés et restaurant devraient également s'y agrandir.
35 millions de travaux sur la digue
La digue protégeant le bassin devra elle aussi faire l'objet d'important travaux. Les plus onéreux même, d'un montant d'au moins 35 millions d'euros selon nos informations.
Ils consisteront d'abord à consolider sa structure, mais aussi à l'équiper de systèmes de production d'électricité utilisant les courants marins et de captation d'eau en profondeur pour climatiser les bâtiments.
Flou autour du financement
Toutes ces annonces et leur financement dépendront d'une "société portuaire", un nouveau cadre juridique que la métropole dit "construire avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Nice Côte d'Azur, actuelle gestionnaire du port, et la Région Paca. Il s'agirait d'une société privée à capitaux publics, financée par l'activité du port.
"Il convient de préciser que ce projet n'a été ni débattu ni voté par le conseil de la Métropole Nice Côte d'Azur" souligne l'élu d'opposition Jean-Christophe Picard, qui ironise aussi sur le calendrier choisi, "par une coïncidence incroyable dix jours avant les élections législatives". Le projet sera présenté au prochain conseil communautaire, en juin.