La justice turque qui s'acharne à vouloir rejuger la sociologue et écrivaine Pinar Selek, réfugiée en France depuis 15 ans et quatre fois acquittée, a renvoyé ce vendredi 31 mars son procès au 29 septembre et réclamé son extradition.
Depuis 25 ans, Pinar Selek subit une torture psychologique. Poursuivie par la justice turque pour un attentat qui n’a jamais existé, elle a été condamnée à quatre reprises, acquittée à chaque fois. Mais ses acquittements ont été systématiquement annulés. La dissidente devait être jugée par contumace ce 31 mars. Son procès est reporté au mois de septembre.
"Nous avons demandé son extradition aux autorités françaises, c'est à elles de la faire respecter", a déclaré le juge du tribunal d'Istanbul au terme de trois heures d'audience, en l'absence de l'intéressée mais devant un prétoire comble, où l'important comité de soutien à la chercheuse avait pris place.
Pinar Selek suivait l'audience depuis le siège de la Ligue des droits de l'Homme à Paris.
Son père, avocat âgé de 93 ans et sa soeur Seyda Selek, devenue avocate pour la défendre, étaient présents sur les bancs de la défense au côté d'avocats venus de France, de Paris, de Marseille.
Depuis un quart de siècle, l'infatigable militante féministe et défenseure des droits humains et des minorités, est réfugiée en France pour échapper à l'acharnement judiciaire qui la cible dans son pays.
"Cet acharnement politico-judiciaire du pouvoir turc, qui dure depuis 25 ans, s'inscrit dans un contexte de répression inouïe visant toutes les personnes qui défendent la démocratie et l'Etat de droit" a affirmé Amnesty International dans un communiqué de soutien à Pinar Selek.
D'ici au 29 septembre, les élections présidentielle et législatives prévues le 14 mai risquent néanmoins de voir une nouvelle équipe portée au pouvoir en Turquie.
Avec AFP