Le Théâtre national de Nice rejoint le mouvement du théâtre de l'Odéon à Paris. Syndicalistes et intermittents du spectacle se sont rassemblés sur le parvis du théâtre pour demander la réouverture des lieux culturels fermés depuis le 30 octobre. Une "agora ouverte à tous" est prévue mardi à 14h.
C'est une tragédie dont le monde du théâtre se serait bien passé. A Nice, à la demande d'un collectif, près d'une centaine d'intermittents, travailleurs précaires et gilets jaunes se sont rassemblés ce lundi matin sur le parvis du TNN. Une première manifestation avait déjà eu lieu vendredi dernier, le 12 mars. Une assemblée à laquelle ont participé des représentants des étudiants en théâtre du conservatoire.
"Revendications vitales"
Covid oblige, le théâtre est actuellement fermé au public, comme la totalité des établlissements culturels. Mais les équipes techniques travaillent à l'intérieur pour préparer les pièces. Dans un post Facebook, le Théâtre National de Nice - Centre Dramatique Nice Côte d’Azur, exprime "sa solidarité envers les revendications vitales pour son secteur d’activité" et demande notamment : la réouverture des lieux de culture dans le respect des consignes sanitaires, le prolongement de l’année blanche, au minimum jusqu’à un an après la sortie de crise, l'accompagnement de la jeunesse et de la nouvelle génération d’artistes.
"Année blanche"
Cet après-midi, le collectif a fait part de ses exigences :
- Le retrait pur et simple de la réforme d'assurance chômage et l'ouverture de la protection sociale à toutes et tous.
- La prolongation de l'année blanche, son élargissement à tous les travailleurs et travailleuses précaires, intermittent.e.s de l'emploi. Une baisse du seuil d'heures minimum d'accès à l'allocation chômage pour les primo-entrant.e.s ou intermittent.e.s en rupture de droits.
- Des mesures d'urgence pour garantir l'accès aux indemnités journalières de congés maternité, paternité et maladie, à toutes les travailleuses et travailleurs à l'emploi discontinu, autrices, auteurs et indépendant.e.s.
- Le maintien des emplois permanents dans les structures culturelles.
- La création d'une filière spectacle vivant dans la fonction publique.
- Des mesures d'urgence pour les jeunes et les étudiant.e.s face à la précarité financière et psychologique. Un plan d'accompagnement d'accès à l'emploi.
- Abrogation de l'arrêté préfectoral interdisant la pratique du spectacle vivant dans les espaces publics.
- Des états généraux pour accompagner la réouverture des lieux
Le collectif donne rendez-vous demain, mardi 16 mars 2021 à 14 h sur le parvis du Théâtre de Nice "pour une agora ouverte à toutes et tous."
Lutte commune
Le Théâtre national de Nice laisse la porte ouverte au dialogue. Dans un communiqué, le TNN explique sa position. La direction souhaite échanger avec le collectif pour soutenir le mouvement national, "cette lutte commune", et faire entendre les revendications du secteur culturel. La direction demande : "un dialogue avec l’État pour des décisions justes et un respect du secteur culturel sous tension."
L’occupation du théâtre est aussi à l’ordre du jour. La direction permettra l’accès au hall public du théâtre. Mais cet accueil de personnes extérieures à son équipe devra impérativement se faire dans des conditions particulières :
- L’application des règles sanitaires (couvre-feu, port du masque, hygiène des mains, distance physique de 2 mètres, ventilation, etc...)
- Un maximum de 10 personnes dans le hall
- Le respect du travail en cours, avec le maintien de l’outil de travail en ordre de marche dans les salles de spectacle et de répétition
Murielle Hayette-Holtz, directrice du TNN, attend le résultat des tests PCR pour pouvoir rencontrer cette délégation de manifestants. Certains se disent prêts à investir les lieux. Deux étudiants feront partie de la délégation.
L'idée c'est d'avoir des actions avant tout artistiques. C'est pas un mouvement qui est agressif contre les théâtres. C'est pas une contestation contre les théâtres. L'idée c'est de travailler main dans la main avec ce mouvement.
"Continuer à créer et à travailler"
Car la fermeture s'éternise ! Sur le site web du TNN, s'affiche ce message de l’équipe du Théâtre National de Nice : "les représentations des mois de janvier et février n’auront pas lieu. Les salles du TNN resteront fermées au public jusqu’au 27 mars inclus. Nous allons tout mettre en œuvre avec les équipes artistiques pour imaginer nos retrouvailles, comme nous l’avons fait jusqu’à présent. (...) Nous sommes profondément désolés de cette situation qui se prolonge et nous vous remercions de votre attention toujours renouvelée, de votre fidélité et de votre confiance. Vos messages de soutien et d’encouragement sont des moteurs pour continuer à créer et à travailler."
21 salles occupées
Un mouvement qui fait tâche d'huile. De Lille à Lyon en passant par Limoges, Rennes et Saint-Etienne, de nouveaux théâtres, opéras et scènes musicales ont rejoint vendredi le mouvement d'occupation des lieux culturels, par nature allergiques au confinement. Il a débuté la semaine dernière à l'Odéon à Paris et touche désormais 21 salles. La fronde d'organise aussi sur les réseaux sociaux, avec le #occupationodeon et sur Facebook :
Fermés depuis le 30 octobre
Le mouvement veut faire pression sur le gouvernement pour obtenir la réouverture des lieux culturels, fermés depuis le 30 octobre pour cause de pandémie. Autre demande : une nouvelle prolongation des droits des intermittents du spectacle au-delà du mois d'août. Au moins 21 salles étaient occupées vendredi soir à travers la France. Mercredi, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot avait jugé "inutiles" et "dangereuses" ces occupations.
Jeudi, le gouvernement a débloqué 20 millions d'euros supplémentaires en soutien au monde de la culture.