Le second tour des élections législatives recompose l’Assemblée nationale et bouscule la vie politique azuréenne. Avec trois élus issus des rangs du Rassemblement national, et un seul sous l’étiquette de la majorité présidentielle, focus sur les nouveaux entrants qui représenteront les Alpes-Maritimes dans l’hémicycle.
Avec un tiers des nouveaux députés étiquetés Rassemblement national, le département des Alpes-Maritimes se réveille ce lundi 20 juin avec de nouveaux représentants et une nouvelle couleur politique dans certaines circonscriptions. Cette élection de printemps tonne comme un renouveau dans le paysage politique azuréen.
Retrouvez l'ensemble des résultats détaillés dans cette carte interactive, par commune ou par circonscription :
Lionel Tivoli, le trentenaire directeur d'entreprise
Surprise de cette soirée électorale du 19 juin, l’une des figures départementales locales de l’Assemblée nationale, l’ancien maire de Vence, a été sortie par Lionel Tivoli. Le candidat Rassemblement national est un adhérent du parti d'extrême droite depuis ses 18 ans. Le nouveau député de la 2e circonscription a battu le candidat le la majorité présidentielle avec 51,65% des suffrages.
Conseiller municipal de Vallauris Golfe-Juan, il est le directeur d'une société de conseil en recrutement et siège également au Conseil régional Provence-Alpes-Côtes d'Azur où il est membre notamment de la commission Politique de la formation et de l'emploi.
Au 1er tour, Lionel Tivoli s'était réjoui en précisant que "jamais un candidat RN n'était arrivé en tête dans la 2e" circonscription. Pourtant le scénario s'était déjà déroulé puisque Jacques Peyrat, alors au Front national, était arrivé en tête en 1993, avant de perdre face à Christian Estrosi.
Ce même Jacques Peyrat était entré à l'Assemblée sous les couleurs du FN en 1986 (jusqu'en 1988), à la faveur d'un scrutin de liste à la proportionnelle, donnant deux députés FN aux Alpes-Maritimes avec Albert Peyron.
Lionel Tivoli est entré quant à lui au Front national en 2006, pendant la campagne pour l'élection présidentielle de Jean-Marie Le Pen, à Marseille.
Jusqu'en 2010, il était simple adhérent, puis s'était engagé pour la campagne des élections régionales de Jean-Marie Le Pen. En 2011, il avait été candidat à Nice aux élections cantonales. Nommé délégué départemental du FNJ (Front national de la jeunesse), puis élu en 2014 conseiller municipal et communautaire d'Antibes-Juan-les-Pins, il devient conseiller régional en 2015 sur la liste de Marion Maréchal-Le Pen.
Alexandra Masson, du droit à la politique
L’avocate niçoise a débuté son parcours politique au RPR à la fin des années 1980, avant de rejoindre l’UMP qu’elle a quitté en 2015.
Au second tour, 56,20% des voix sont allées à la candidate du parti de Marine Le Pen, face à Alexandra Valetta-Ardisson.
Il y a tout juste un an, lors des dernières élections régionales, elle faisait déjà campagne auprès de Thierry Mariani, menant la liste du candidat RN dans le département, pour une élection locale d'envergure.
Agée de 49 ans, Alexandra Masson a été élue députée dans la 4e circonscription avec 56,20% des voix, la plus à l’est du département. Elle représentera ce territoire allant du littoral mentonnais jusqu’aux premières stations de ski azuréennes.
Cette native de Nice est également l’épouse d’Olivier Bettati, l’ancien élu aujourd’hui chargé par Christian Estrosi de la supervision des travaux du port Lympia à Nice, une ville qu’il a longtemps. Lui aussi a porté les couleurs du Rassemblement national, tout comme la nouvelle députée de la 4e circonscription, en étant tête de liste RN pour les élections régionales.
Bryan Masson, l'ancien responsable des Jeunes du Front national devenu député
Âgé de seulement 25 ans, Bryan Masson a été élu face à Jean-Bernard Mion en récoltant 51,35% des voix dans la 6e circonscription. Il est conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur et conseiller municipal de Saint-Laurent-du-Var et l'un des proches de David Rachline, le maire RN de Fréjus, dans le Var.
Ce n'est pas son premier engagement sous les couleurs du parti de Marine Le Pen. Il a été l'un des responsables influents des Jeunes du Front national, et s'était surtout fait connaître aux yeux du grand public dans un reportage diffusé il y a quelques années sur la chaîne C8, où il avait tenu des propos tendancieux et des accointances avec le milieu identitaire.
Il connaît également bien Lionel Tivoli, Bryan Masson ayant été chargé de recrutement dans la société que le nouveau député de la 2e circonscription. Au niveau régional, Bryan Masson est aussi membre de la commission du développement économique et digital, Industrie, export et attractivité, mais aussi membre de la commission Jeunesse, vie étudiante et lien intergénérationnel.
Philippe Pradal, le seul élu de la majorité présidentielle
Sur les neuf députés élus au second tour de ces législatives, Philippe Pradal est le seul à avoir l'étiquette d'Ensemble ! Il a remporté le scrutin face au seul candidat de la NUPES encore présent ce dimanche 19 dans tout le département. Philippe Pradal l'emporte avec 57,44% des voix face à Enzo Giusti, qui obtient 42,56% des suffrages.
Le député fraichement élu a aussitôt remercié ses soutiens sur Twitter.
Le nouveau député de la 3e circonscription est bien connu des Niçois. Il a été maire de Nice en 2016 et 2017, et est l'un des proches de Christian Estrosi. C'est d'ailleurs cette proximité qui lui a valu la faveur de l'étiquette de la majorité présidentiel, le député sortant Cédric Roussel n'ayant pas été soutenu pour se présenter dans cette circonscription.
Philippe Pradal est âgé de 59 ans, il est né à Nice. Il est le troisième adjoint à la Ville de Nice, délégué aux finances, aux ressources humaines, à la mobilité et aux bâtiments communaux. Il exerce aussi des responsabilités de premier plan en étant président délégué de la Métropole, le président de Lignes d'Azur, le réseau de transport, mais aussi de l'ambitieuse Eco Vallée.
Christelle d'Intorni, une proche d'Eric Ciotti dans la 5e circonscription
C'est une autre représentante de la justice locale qui accèdera bientôt à l'Assemblée. L'avocate de 37 ans Christelle d'Intorni a porté les couleurs des Républicains face à a la députée sortante Marine Brenier. Elle a remporté le second tour recueillant 57,54% des suffrages, contre 42,46 pour la représentante de la majorité nationale.
Lors de l'annonce des résultats, Eric Ciotti et elle se sont affichés tout sourire et les mains levés, comme un pied de nez aux anciens membres des Républicains ayant fait le choix de concourir sous la bannière présidentielle.
Dans cette campagne, elle aura bénéficié du soutien de l'ancien finaliste de la primaire Les Républicains, mais aussi du président du Conseil départemental, Charles Ange Ginésy, remerciés tous deux sur Twitter à l'occasion d'un déplacement à Castagniers.
Christelle d'Intorni est également maire de la commune de Rimplas, qui se trouve dans une Métropole dont cette première édile n'a jamais pensé grand bien. Ses sorties médiatiques ont été nombreuses sur la gestion de cette structure présidée par Christian Estrosi, le meilleur ennemi politique d'Eric Ciotti, tant sur les contributions financières de la Métropole pour ses petites communes que pour certains projets à développer sur le territoire.
L'avocate aura fort à faire, elle est désormais la nouvelle députée d'une circonscription encore fortement touchée par les conséquences de la tempête Alex en 2020.
Alexandra Martin, la députée la mieux élue du département
Alexandra Martin a été élue avec 69,27% des voix face à Jean-Valéry Desens, qui obtient 30,73% des voix pour la majorité présidentielle.
La conseillère départementale et aussi secrétaire générale Nouvelle énergie, le mouvement de David Lisnard le maire de Cannes. Elle est arrivé largement en tête dans ce second tour dans cette circonscription largement acquise. Son suppléant n'a pas tardé à salué son score, qu'il juge "en très forte progression par rapport à 2017", lors des précédentes législatives.
Ces bons résultats, Alexandra Martin n'a pas tardé à les communiquer lors de la soirée électorale de France 3. Elle n'a pas eu besoin d'attendre la fin des dépouillements pour annoncer sa victoire : "je peux effectivement vous affirmer que ce soir je suis la nouvelle députée de la 8e circonscription, effectivement, même si je n'ai pas encore les résultats définitifs".
Elle a ensuite égrainé quelques-unes des communes qui lui ont octroyé plus des deux tiers des voix, annonçant faire "70,13% à Cannes ou 70,4% à Mandelieu, et 62% à Théoule."
L'ancien maire de Cannes et député sortant, Bernard Brochand, ne souhaitait pas se représenter, laissant le champ libre à Alexandra Martin dans la circonscription où il est élu depuis 2001. Soutenue par David Lisnard, qui est son suppléant, elle est dorénavant la nouvelle députée de la 8e circonscription.
Alexandra Martin, 53 ans, est la fille d'un ingénieur niçois et d'une mère d'origine pied-noir. Elle entre en 1994 au cabinet du maire de Cannes, Michel Mouillot, après des études de droit public à l'Université de Nice Sophia-Antipolis.
Au côté des deux maires successifs, Bernard Brochand puis David Lisnard, elle
participe ensuite à partir de 2001 à la mise en place de ce qui deviendra la Communauté
d'agglomération Cannes Pays de Lérins (CAPL).
Directrice de cabinet du président de la CAPL jusqu'en 2019, Mme Martin explique
avoir participé "activement" à la mise en place de la politique prioritaire de lutte contre les inondations en lien avec les mairies de Cannes et Mandelieu-la-Napoule.
Mariée, Mme Martin a adopté deux enfants, Christina âgée aujourd'hui de 15 ans et Nicolas, 17 ans, et s'est fortement impliquée dans l'accompagnement de couples dans leur projet d'adoption.
Eric Ciotti, l'éternel opposant réélu
Sûr de lui, le député sortant de la première circonscription a rapidement annoncé sa victoire. Dès 20h35, il se remerciait déjà les votants en écrivant sur Twitter : "Merci du fond du cœur aux Niçoises et aux Niçois pour leur formidable fidélité".
La préfecture des Alpes-Maritimes a confirmé cette victoire plus tard dans la soirée en précisant qu'Eric Ciotti avait obtenu 56,33% des voix, soit 17.737 bulletins en sa faveur, devançant Graig Monetti, le candidat soutenu par Christian Estrosi et la majorité présidentielle.
Le député Ciotti y a vu une victoire claire contre Christian Estrosi, son principal adversaire politique. Le membre des Républicains s'est réjoui, à demi-mot, de voir les candidats estrosistes ne pas s'imposer. Graig MOnetti et Marine et Brenier ont tous deux perdu au second tour. Eric Ciotti a commenté sur l'antenne de France 3 Côte d'Azur : "La réponse, vous savez, en démocratie, elle est dans les urnes. Il n'y a qu'un moment de vérité, il n'y a qu'une heure de vérité, c'est le jour du vote."
Eric Ciotti conserve le poste auquel il a accédé en 2007, avant de devenir président du Conseil départemental pendant près de 10 ans. Il tient également un rôle clé au sein de l'Assemblée en étant le questeur de l'hémicycle.
Lors de son dernier mandat, il y aura été particulièrement assidu en étant présent à 510 reprises en Commission, en effectuant près de 1000 interventions au sein de la représentation nationale.
Il a également proposé 1220 amendements portant principalement sur des thématiques sécuritaires.
Michèle Tabarot et sa place forte du Cannet
Gagnée d'avance cette élection pour Michèle Tabarot ? Les Cannettans ne sont pas loin de le penser. L'ancienne maire de la commune n'a pas eu trop de difficultés pour se faire réélire. Cette 9e circonscription, resserrée autour du Cannet, du sud de Grasse et de Mougins, lui a accordé près de deux tiers des voix lors de ce second tour.
Michèle Tabarot obtient 63,06% des voix devant le candidat RN Franck Galbert. Elle est réélue depuis 2002 et débute désormais son sixième mandat de députée. Elle a souligné son attachement à cette "ville du Cannet, si chère à mon cœur" où son socle électoral a su donner de la voix avant d'expliquer qu'elle allait travailler "en restant fidèle à nos valeurs et à nos convictions. Cette mission, c’est en travaillant avec nos élus locaux et en restant à l’écoute de chacun que je continuerai de la mener."
Michèle Tabarot a obtenu un premier poste politique d'ampleur au début des années 1980, alors adjointe de Pierre Bachelet, l'ancien maire RPR du Cannet. Elle finira par le battre en 1995 aux municipales. C'est l'Assemblée qu'elle intègre dès 2002. Réélue en 2007, elle quittera son poste de maire du Cannet à cause de la loi sur le non-cumul des mandats.
Eric Pauget, le député antibois qui fait rempart à la majorité
"Ce soir je suis le candidat du territoire face au candidat du président de la République.
Quand on est ancré, quand on travaille, on a des résultats" déclarait dimanche soir Eric Pauget, commentant sa victoire au micro de France 3 Côte d'Azur.
Le candidat de la 7e circonscription, celle de l'agglomération antiboise, est sorti vainqueur de son duel électoral avec Eric Mèle, le candidat d'Ensemble !
Avec 64,42% des bulletins obtenus, il devance son adversaire du second tour de près de 6000 voix. Le candidat élu des Républicains a proposé lors de son précédent mandat 1295 amendements, dont 17 ont été adoptés, s'intéressant tant aux forces de l'ordre qu'à l'apprentissage, la laïcité ou l'apprentissage. Il est membre de la commission des affaires économiques mais aussi de différents groupes d'études, comme celui des chrétiens d'Orient, de l'amitié France-Israël.
Eric Pauget a 51 ans, il a débuté son parcours politique en accédant au poste de conseiller municipal en 1995 à Antibes, un siège qu'il n'a jamais quitté depuis, tout comme son rôle d'adjoint au maire de la cité des remparts qui l'occupe depuis 2001. Eric Pauget a également été conseiller général et départemental et vice-président du conseil départemental entre 2015 et 2017.