Ce jeudi 20 avril, le Conseil d'État statuait dans la matinée sur l'arrêté interdisant le déplacement des supporteurs suisses, au sein de l'Allianz Riviera, pour le match retour de quart de finale de la C4. Certains ont fait demi-tour à la frontière italienne, d'autres ont quitté Nice, pour rejoindre San Remo en Italie.
Les supporteurs suisses avaient une dernière lueur d'espoir de voir évoluer leur effectif du FC Bâle face au pensionnaire de Ligue 1, l'OGC Nice, ce jeudi soir.
Après un match nul 2-2 à l'aller, en terre helvète, pour le compte des quarts de finale, où les supporteurs niçois avaient été accueillis sans encombre à Bâle, la Côte d'Azur a décidé de ne pas leur rendre la pareille. Tout comme le Conseil d'État.
Celui-ci rejette ce jeudi les requêtes de différentes associations de supporteurs ainsi que du FC Bâle qui souhaitaient voir le public suisse assister à la rencontre, ce soir.
Comme l'a expliqué France Bleu Azur, 16 bus d'ultras suisses se sont arrêtés à l'autoport de Vintimille, puis ont fait demi-tour pour rallier San Remo. De leur propre chef, et face à une présence policière déployée par la préfecture des Alpes-Maritimes.
La direction de la communication du club helvète nous a aussi confirmé que plusieurs dizaines de personnes, présentes à Nice ce jeudi, ont rejoint les groupes de supporteurs installés à San Remo pour y voir le match avec eux. Un épisode regretté, d'ailleurs, par le club de Bâle qui voit surtout une fête du football gâchée.
Les Suisses contre-attaquent
Dès le 11 avril, alors que cette première confrontation n'avait même pas eu lieu, le maire de Nice avait déjà décidé de ne pas accepter les supporteurs suisses au match retour.
Une volonté municipale confortée par la prise d'un arrêté, signé par Gérald Darmanin, "interdisant le déplacement" pour "éviter tout débordement".
L'arrêté ministériel a même dépassé les attentes du premier édile niçois, en interdisant purement et simplement l'entrée sur le territoire national, dans sa totalité, aux personnes revendiquant leur soutien au club du FC Bâle.
Le jeudi 20 avril 2023 de zéro heure à minuit, le déplacement individuel ou collectif, par tout moyen, de toute personne se prévalant de la qualité de supporter du Football Club de Bâle ou se comportant comme tel, est interdit entre les points frontières routiers, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires français, d'une part, et la commune de Nice, d'autre part.
Ministère de l'Intérieurlegifrance.gouv.fr
Une décision saluée par le maire de Nice qui est allée bien au-delà de ses premières volontés.
Les Suisses contre-attaquent
La traditionnelle neutralité helvète n'aura pas résisté à cette nouvelle, prise moins de 48 heures avant le match qui va décider qui, de Nice ou Bâle, jouera les demi-finales de la C4.
Les suiveurs du club suisse du FC Basel, soutenus par l'association Football Supporters Europe (FSE), avait annoncé mercredi avoir déposé un recours devant le Conseil d'État contre l'interdiction de déplacement à Nice jeudi en quart de finale retour de Ligue Europa Conférence.
Une absence pour les joueurs du FCBasel, déjà regrettée par les joueurs et l'entraineur du club, Heiko Vogel.
Associés également au FC Bâle et à l'Association Nationale des Supporters, six groupes de supporteurs du club contestaient l'arrêté pris mardi par le ministère de l'Intérieur.
Leur communiqué commun dénonçait "24 heures de confusion totale", reprochant l'annonce de cette décision "à moins de 48 heures du coup d'envoi", qui "démontre le mépris pour la liberté de circulation des supporters et leur droit à suivre leur équipe dans un environnement sûr et accueillant".
Le ministère a alors justifié sa décision par le fait que les déplacements du FC-Bâle sont "fréquemment sources de troubles à l'ordre public" en raison du "comportement violent de certains supporters ou d'individus se prévalant de la qualité de supporter de cette équipe".
Or, aucun incident n'a été relevé lors de la première rencontre entre ces deux clubs en Suisse, et aucune rivalité n'est ancrée dans le passé commun de ces deux clubs.
D'autre part, "certains supporters" de l'OGC Nice "adoptent fréquemment un comportement violent", "aux abords et dans l'enceinte des stades", ajoute le ministère de l'Intérieur.
Une prise de contact en vue d'un affrontement ?
Le ministère de l'Intérieur a justifié cette décision en évoquant des différences politiques ou une prise de contact en vue de prochains affrontements entre certains supporteurs.
"Les relations entre les supporters" des deux équipes, "qui partagent une idéologie politique opposée, sont empreintes d'animosité", poursuit la place Beauvau, précisant qu'en amont du match aller à Bâle, le 13 avril, "les supporters à risque des deux équipes ont pris contact et prévu de s'affronter".
Le jour de cette rencontre, il y a eu "un usage massif d'engins pyrotechniques" et "des incidents et provocations ont été relayés sur les réseaux sociaux, sans toutefois que les affrontements programmés aient lieu", ajoute le ministère. Selon lui, "il est à craindre" que le match retour de jeudi "soit le théâtre de ces affrontements".
Des antécédents pour les supporteurs suisses ?
Les supporters du FC Bâle avaient fait parler d'eux lors du 8e de finale aller de la même compétition en mars 2022, à Marseille. Des affrontements avaient opposé des ultra des deux camps.
De violents affrontements avaient aussi eu lieu entre supporters niçois et ceux du club allemand du FC Cologne en septembre 2022, dans les tribunes de l'Allianz Riviera, avant le coup d'envoi d'une rencontre de Ligue Europa Conférence.
Lors de ces incidents, 32 personnes avaient été blessées, dont une grièvement, et quatre hospitalisées.
- Avec AFP