Nice : "c'est mieux ailleurs que près de chez soi", face aux protestations le centre pour aider les drogués n'ouvrira pas

A Nice, plusieurs habitants ont manifesté leur désaccord concernant l'installation d'un centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues dans leur quartier. Après une réunion avec la mairie, le projet a été avorté.

"On va retrouver des seringues sur le trottoir. Qu'est-ce qu'on attend ? Qu'un enfant marche dessus ?", s'étrangle Éric Fouzari, président du comité de quartier du Piol à Nice (Alpes-Maritimes).

En plein cœur de la ville, tout près de la cathédrale russe Saint-Nicolas, un centre d'accompagnement d'usagers de drogues (Caarud)  devait ouvrir ses portes, boulevard Tzarewitch (pour le moment, il est situé au boulevard Virgile Barel, à l'est de la ville.) 

Mais finalement il n'ouvrira pas : "les acteurs concernés présents à la réunion ont convenu de trouver un site plus approprié pour améliorer le parcours de soin de ces personnes fragiles", a communiqué la mairie de Nice. 

Soulagement pour les riverains

"Nos vendeuses arrivent tôt et repartent tard, ça allait créer de l'insécurité d'avoir des allées et venues de drogués dans le quartier", s'inquiétait Estelle Bouton, la responsable de la boulangerie bio, située à quelques numéros du futur centre. Même son de cloche, pour Eva à la tête d'une boutique de couture dans le quartier : "C'est toujours mieux ailleurs que près de chez soi."

Ce 4 novembre, les habitants s'étaient réunis par dizaines pour protester contre l'ouverture de ce centre. Plusieurs affiches été collées sur les devantures des commerces à proximité. Le maire de Nice, Christian Estrosi, s'opposait au projet : 

Je ne remets ni en cause le savoir-faire, ni le professionnalisme des équipes de la fondation de Nice (…) mais je suis concerné par l'inquiétude des riverains et je considère que l'installation de ce centre n'est pas compatible avec la sécurité des habitants.

Christian Estrosi, maire de Nice

Quel est l'intérêt de ce type de centre ?  

Géré par la Fondation de Nice - une organisation reconnue d'utilité publique et qui mène des actions sociales - ce type de centre a pour vocation de faciliter : "l'accueil, l'accompagnement et le soin des personnes ayant des conduites addictives, en mutualisant les moyens humains, des locaux et du matériel" , rappelle la fondation. 

Financé en partie par l'Agence régionale de santé (ARS), ce nouveau Caarud voulait mener des maraudes quotidiennes pour "rencontrer les publics en extérieur et distribuer du matériel stérile" aux personnes addictes. Elle s'engage par ailleurs à "récupérer du matériel souillé."  

L'objectif : réduire les transmissions de certaines maladies, comme le VIH qui peut circuler lorsque les personnes partagent une même seringue contaminée.

En 2018, la France comptait 141 structures de ce type, dont 13 en région PACA. 

Ne pas confondre avec "une salle de shoot"

On entend souvent parler dans le débat publique des salles de shoot, où contrairement à un Caarud il est possible de consommer de la drogue sur place. Vivement critiquées, à quoi servent-elles ?

Dans ces lieux, la drogue n'est pas proposée, mais le toxicomane peut apporter ses propres produits. Il peut discuter avec des médecins de ses addictions, pour essayer de s'en sortir. Des seringues neuves lui sont fournies, dans une salle qui ressemble à une salle de soins. Parmi les précautions prises, l'entrée est interdite aux mineurs et l'anonymat y est respecté. 

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