Gérald Darmanin est à Marseille pour deux jours. Le ministre de l'Intérieur fait un point sur la stratégie de lutte contre les trafic de stupéfiants alors que les morts dans les règlements de compte se multiplient dans le département.
Gérald Darmanin est en déplacement à Marseille jeudi et vendredi. Le ministre de l'Intérieur vient aborder la question de la lutte contre le trafic de stupéfiants et la circulation des armes.
"Le premier responsable, c’est le consommateur. S’il n’y avait pas de consommateurs, il n’y aurait pas de trafics", a-t-il déclaré sur le plateau de France 3 Provence-Alpes, invité du JT du 19h.
Le ministre a évoqué un trafic qui s'est "enkysté", faisant vivre des "centaines de personnes avec de l'argent facile".
26 points de deal en moins dans les Bouches-du-Rhône
"Nous avons, depuis deux ans, mis beaucoup de moyens y compris des CRS partout dans les Bouches-du-Rhône et notamment à Marseille. Rien qu'au premier semestre de cette année, c'est 40% de saisies en plus de cannabis, c'est 2.000% de saisies en plus de cocaïne, c'est 26 points de deal en moins, il y en a encore 200 dans le département donc il y a encore beaucoup de travail, et c'est aussi 70% d'armes saisies en plus", a-t-il détaillé sur le plateau de France 3 Paca.
On mettra des moyens considérables pour continuer à faire reculer la drogue à Marseille.
Gérald DarmaninFrance 3 Paca
Le ministre a souligné le manque de moyens technologiques : "On n'a pas assez de caméras de vidéoprotection dans les Bouches-du-Rhône.(...) Nous sommes prêts à payer une grande partie de ces équipements."
Début février, la préfète de police de Marseille Frédérique Camilleri s'était félicitée des amendes pour consommation de stupéfiants et des arrestations en 2021.
Sur les quelque 150 points de deal répertoriés à Marseille, un travail régulier de "pilonnage" a été effectué, à raison de 3 à 6 opérations par jour, avec tous les services de police et notamment les deux compagnies de CRS (120 hommes) envoyées en renfort à Marseille en mars 2021.
Dans les quartiers nord de Marseille, la cité La Bricarde est l'un des points stupéfiants les plus actifs. En 2021, la police appliquait une politique assumée de harcèlement de ces points de trafic de drogue. Revoir notre reportage :
Au total, plus de 16.000 amendes forfaitaires pour usage de stupéfiants ont été dressées depuis juillet 2020 dans les Bouches-du-Rhône. C'est le premier département de France sur ce point, avec 12% des amendes infligées au niveau national.
Du trafic, et des victimes
Dimanche 26 juin, des coups de feu ont éclaté à Arles, dans le quartier de Griffeuille, cité sensible connue pour ses trafics de stupéfiants. Un jeune homme de 15 ans, touché par balle, est mort le lendemain.
Ce quartier avait déjà été le théâtre de violences par le passé. Les forces de l’ordre sont intervenues la semaine dernière pour des coups de feu.
La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a assuré que dix nouveaux policiers arrivés en 2021 ont permis de créer un groupe de sécurité dédié à la lutte contre les trafics à Arles.
Dimanche 5 juin, un règlement de comptes à la cité de la Bricarde à Marseille a fait un mort. Cette cité du 15e arrondissement a été le théâtre de plusieurs règlements de comptes sanglants en 2021.
La liste est longue. Samedi 28 mai 2022, un jeune homme de 19 ans a été tué par balle dans le 3e arrondissement de Marseille. L'AFP décomptait alors onze personnes tuées par balles depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône, et deux par arme blanche, pour la plupart à Marseille, le plus souvent sur fond de trafic de stupéfiants.
En 2021, les règlements de compte ont fait 94 morts en France, dont plus d'un quart à Marseille.