Comme Le Havre ou Bordeaux, la ville de Nice est désormais inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Elle l'est au titre de "ville de la villégiature d'hiver de Riviera" pour son patrimoine architectural, paysager et urbain. Mais qu'est ce que cela peut changer ?
Nice a obtenu ce mardi 27 juillet son classement au Patrimoine mondial de l'Unesco, reconnue au titre de "ville de villégiature".
"L'histoire de Nice, à la fois enracinée et ouverte, méditerranéenne et alpine, européenne et cosmopolite, a produit une architecture et un paysage uniques, un modèle pour un grand nombre d'autres villes du monde", s'est félicité le maire Christian Estrosi. Pour cette candidature, sa ville a investi environ 100 millions d’euros. Un gros budget qui a aidé à l'embellissement de la promenade des Anglais, la rénovation d’églises et de certains hôtels emblématique sur Verdun.
Qu'est-ce que cela va changer pour la ville ?
Cette nouvelle inscription d'une ville de France porte à 48 le nombre de biens culturels et naturels français inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Cette inscription consacre Nice comme archétype de la "villégiature d’hiver de riviera, influencée par sa situation au bord de la mer Méditerranée et sa proximité avec les Alpes".
Pour Rudy Salles, président délégué de l'Office de Tourisme de Nice, ce classement "est une reconnaisance mondiale." "La ville est reconnue pour son tourisme actuel, aux quatre coins du monde, on connait la beauté de son site, son tourisme estival... Là, c'est vraiment le classement d'une grande partie de la ville, elle montre la diversité du patrimoine niçois."
Des moyens ? Non, l'Unesco ne donne pas une enveloppe avec la nomination. Ce classement en revanche, nous oblige en termes d'urbanisme, de respect d'un cahier des charges pour maintenir nos atouts,
Ainsi, des projets récents comme la destruction du théâtre national de Nice (TNN) (projet porté par le maire de Nice) ne sera pas remis en question car "c'est un volet trop récent de l'histoire locale. De plus, l'Unesco avait connaissance des projets en cours, le dossier a évolué. On se souvient qu'au début, seule la promenade des Anglais était concernée par la candidature de classement, souligne l'élu. Précisons qu'à l’intérieur de la zone classée, les permis de démolir et de construire devront obtenir l’avis conforme de l’architecte des Bâtiments de France.
"Le dossier a évolué pour raconter le tourisme niçois à une époque et non de manière figée." Les sites concernés par les classement s’engagent à un devoir de préservation et ce, sans aucun soutien financier de la part de l’Unesco. L’organisation met à disposition des experts si besoin pour aider à la préservation des sites visés.
Le périmètre classé couvre un peu plus de 500 hectares, et englobe notamment la Promenade des Anglais, en bord de mer.
Avant elle, deux grandes villes comme Bordeaux et Le Havre avaient été consacrées.
- Bordeaux > Le 28 juin 2007 à Christchurch en Nouvelle-Zélande, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture a inscrit Bordeaux, Port de la lune, sur la liste du patrimoine mondial au titre d'ensemble urbain exceptionnel. La distinction de ce vaste périmètre de 1810 hectares était une première. La Commission du patrimoine mondial de l'Unesco n'avait encore jamais honoré un ensemble urbain de cette ampleur.
Avant elle, le 15 juillet 2005, c'est Le Havre, la ville reconstruite par Auguste Perret qui est inscrite. Hervé Collette (directeur des études urbaines et prospectives de la ville) insistait en juillet 2020 sur ce que cela change ou pas pour une ville : "être inscrit au patrimoine mondial n’est pas un dû. Si on ne respecte pas les critères, le comité peut retirer le label. Le Havre n’est pas une ville-musée, on n’est pas à Versailles, donc même dans le périmètre classé, évidemment, on peut intégrer des constructions nouvelles."
Que du positif ?
Etre classé quand on est déjà connu et très reconnu, est ce que cela peut avoir des conséquences négatives ? Les sites inscrits à l’Unesco sont très prisés notamment de la clientèle japonaise. La crise sanitaire va-t-elle changer la situation ? Pour Rudy Salles "nous nous battons pour éviter le tourisme de masse, nous voulons qu'il soit équilibré, culturel et écoresponsable. Donc, oui, c'est un signal fort à l'international et pour le tourisme hivernal, moins connu."
Être classé, c'est aussi avoir une politique à long terme, avoir un développement et une vision d’ensemble du territoire. Espérons que les bâtiments au charme que l'on connait dans le Vieux-Nice ou les rues du périmètre ne seront pas l'objet d'une spéculation immobilière étiquetée "Unesco."
Nice veut maintenant être nommée capitale de la culture en 2028 comme l'a été Marseille en 2013. Reste à savoir, si les enjeux patrimoniaux seront mêlés à des enjeux économiques, sociaux et politiques.