La rumeur a pris de l'ampleur. Suite à une visite de représentants de la Préfecture sur un terrain vague à Saint-Isidore pour y implanter des Roms, l'inquiétude grandit chez les riverains et la mairie de Nice, fermement opposés à ce qui, pour le moment, relève de la prospective.
Simona et Denisa jouent au bord du Var. Cela fait cinq ans que les deux petites filles, qui ne vont pas à l'école, vivent avec leur famille, dans un camp de fortune, fait de bric et de broc, sans eau ni électricité.
70 personnes réparties sur trois camps survivent ici dans un dépouillement total. Pour y remédier, la Préfecture répertorie les zones susceptibles d'accueillir ces personnes. Après la visite du sous-préfet sur ce terrain vague, à situé à Saint-Isidore, l'inquiétude a gagné les riverains du quartier.
Suite à ce vent de panique, le maire de Nice a convoqué tous les présidents des comités de quartiers de l'ouest de la ville pour leur dire tout le mal qu'il pensait du projet.
Pas question pour Christian Estrosi de laisser l'état loger des Roms sur ce terrain.
"Je ne veux pas que les Niçois soient les victimes des messages de laxisme envoyés de Paris par le gouvernement Ayrault", a tempêté l'élu, en soulignant que "des milliers de familles sont en attente de logement".
"La France n'est pas un eldorado qui peut accueillir toute la misère du monde", a-t-il ajouté.
A l'heure où les autres enfants sont à l'école, ces deux petites filles risquent de jouer encore longtemps sur les rives du Var...
Vive réaction de Christophe Mirmand, Préfet des Alpes-Maritimes :
Le préfet des Alpes-Maritimes est monté au créneau pour défendre la recherche d'un nouveau terrain d'accueil pour des Roms, répliquant à une fronde menée par le député (UMP) Christian Estrosi.
"L'application ferme des lois de la République ne doit pas exclure toute humanité dans le traitement de la situation de personnes en détresse", souligne un communiqué du préfet, Christophe Mirmand.
Il rappelle que les Roumains et les Bulgares, citoyens européens, peuvent séjourner durant trois mois sur le territoire national et bénéficier d'une aide à l'intégration.
"Le traitement de ces situations n'entre nullement en concurrence avec la satisfaction des besoins des habitants du département en matière de logement, qui constitue également une priorité de l'État", a répondu le préfet.
La préfecture rappelle également "l'impératif de l'inconditionnalité de l'accueil et de la mise à l'abri des populations les plus vulnérables, et tout particulièrement des familles comportant des enfants en bas âge, surtout lorsque les conditions climatiques sont très défavorables".