La demande du maire de Nice de déclarer d’utilité publique la création d’un établissement pour la petite enfance a été rejetée pour la seconde fois par le préfet des Alpes-Maritimes. La ville "regrette fortement cette décision", qu'elle qualifie d'"inquiétante".
Nouvelle victoire pour l’institut En Nour, qui gère la mosquée de Nice Ouest. Le préfet des Alpes-Maritimes a refusé, dans un arrêté signé le 20 décembre 2018, la déclaration d’utilité publique (DUP) du projet de réalisation d'un équipement multi-services petite enfance et co-working au 1, avenue Pontremoli, dans les locaux occupés depuis 2016 par l’institut En Nour. Cette mosquée abrite notamment une grande salle de prière pouvant accueillir 800 fidèles musulmans.Liberté d'exercer leur culte
Dans sa décision, que nous avons pu consulter, le préfet Georges-François Leclerc considère notamment que le projet de crèche porté par la ville de Nice "porte une atteinte excessive au projet [...] de l'association En Nour qui offre la possibilité aux personnes de confession musulmane d'exercer leur culte, qui constitue une liberté". Le représentant de l'Etat dans les Alpes-Maritimes considère aussi dans son arrêté "l'avis défavorable du commissaire enquêteur".
Joint par téléphone ce dimanche matin, l’avocat de l’institut En Nour avait confirmé à France 3 Côte d'Azur l’information révélée par Nice-Matin. Me Ouassini Mebarek :
Je pense que nous avons toujours été confiants en la décision du préfet, d’autant qu’elle repose sur un rapport de plus de cent pages qui dit qu’il n’y a pas d’utilité publique à créer une crèche à cet endroit.
Pour l’avocat, cette décision est "parfaitement conforme à la première décision du préfet qui avait déjà refusé la DUP. Nous ne seront donc pas expropriés". C'est la sixième décision de justice en faveur de l'institut En Nour, souligne son avocat. "En Nour n'a toujours fait que se défendre en justice, et se défendra encore s'il y a un nouveau recours."
Décision "inquiétante" selon la ville de Nice
De son côté, la ville de Nice "regrette fortement cette décision." Comment comprendre dans notre pays on accepte que le ministre de la charia d'Arabie Saoudite finance un lieu de culte musulman ? Les conditions de collégialité, de transparence des fonds qui étaient jugées par tous essentielles pour accepter ce lieu de culte ne sont toujours pas remplies" réagit la mairie, contactée par France 3 Côte d'Azur.
"Alors même qu’un appel au parquet général est en cours, que des investigations complémentaires étaient souhaitées par le procureur dans son avis de classement car il estimait que des abus de biens sociaux pourraient être caracterisés, cette décision est inquiétante. Elle conduit dans notre pays un maire à ne pas pouvoir s’opposer à ce que des financements étrangers viennent créer un lieu de culte dans sa ville. Nous réaffirmons que la transparence des fonds n’est pas garantie et que les dirigeants de l’association remettent en cause certaines valeurs de la République ce qui pose un problème fondamental pour la société dans laquelle nous vivons."