Créés par Coluche en 1985, les Restos du Coeur lancent leur 40ᵉ campagne de distribution alimentaire avec comme objectif de prioriser les publics les plus vulnérables. Entretien avec le président des Alpes-Maritimes, François Chantrait.
"Les Restos du Coeur ont voulu briser une espèce de malédiction et la reproduction de la précarité. On naît dans une famille précaire, on reste dans une famille précaire quand on devient adolescent, quand on devient adulte. Notre but, c'est d'aider à la racine, à la source la petite enfance !"
Ce constat, c'est celui de François Chantrait, président des Restos du Cœur dans les Alpes-Maritimes, au micro de France Bleu Azur. Au niveau national, l'association de Coluche a dressé un constat : un quart des bénéficiaires - 1 million 300 000 personnes en 2023 - sont des familles monoparentales, des mères essentiellement.
Autre chiffre : 128 000 enfants de moins de 3 ans ont été accueillis l'an passé.
À peine arrivé et c'est déjà la faim...
— Les Restos du Coeur (@restosducoeur) November 18, 2024
En 2023/2024, les Restos du Cœur ont accueilli 128 000 bébés.
Luttons pour que la reproduction de la pauvreté ne soit pas une fatalité.
On compte sur vous ! pic.twitter.com/CEKXdjKonb
De 0 à 36 mois, les Restos du Coeur proposent une aide complète, c’est-à-dire une aide alimentaire, une aide matérielle, des produits d'hygiène, des couches, des biberons, des tétines, tout le nécessaire d'une famille en difficulté. On fait ça jusqu'au troisième anniversaire de l'enfant.
François Chantrait, président des Restos du Coeur des Alpes-Maritimes
Retraités, travailleurs pauvres, étudiants, toujours plus de bénéficiaires
La vie de plus en plus chère. Il y a l'inflation, mais aussi la hausse du prix de l'énergie. Le nombre de candidats à l'aide alimentaire est en constante augmentation.
Dans les Alpes-Maritimes, 10 000 familles sont inscrites, soit au moins le double de bénéficiaires. Au total, 22 000 personnes ont été servies chaque semaine.
Un équilibre financier meilleur que l'an passé
Les Restos du Cœur, qui assurent 35% de l'aide alimentaire en France, ont retrouvé un peu d'air. Leurs comptes sont finalement dans le vert : ils ont dégagé un excédent de 22 millions d'euros pour la campagne 2023-2024, alors qu'ils s'attendaient initialement à un déficit de 35 millions d'euros.
Le président avait alors lancé un appel exceptionnel aux dons et pour la première fois de l'histoire des Restos, le niveau de revenus donnant droit à l'aide alimentaire avait été baissé. Du coup, 110 000 personnes avaient été refusées l'an dernier.
Face à ce SOS, les Français ont répondu présents avec des dons à la hauteur de 32 millions d'euros. La famille de Bernard Arnault, propriétaire du numéro un mondial du luxe LVMH, a apporté 10 millions d'euros et l'État, qui assure déjà habituellement 15% du budget de l'association, 8 millions d'euros.
"Les besoins sont toujours là. L'an dernier, on avait servi 170 millions de repas, on était un peu en difficulté, c'est un chiffre un peu abstrait. 163 millions devraient être distribués lors de cette campagne. C'est un peu moins de charges, un peu moins de poids financier pour les Restos, mais tout de même, on est dans une situation extrêmement tendue" rappelle François Chantrait.
La générosité au rendez-vous
"On reçoit des encouragements dans la rue, dans les magasins et ça c'est formidable, les gens sont là, ils sont généreux concrètement avec de l'argent, avec des dons. Nous avons pu passer la période difficile, la fin de l'année sera déterminante" annonce François Chantrait.
Et une chose est sûre : le nombre de bénéficiaires augmentera cette année, a priori de 30 %.
Encore un chiffre : en France, plus de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de la pauvreté, soit avec moins de 1.216 euros par mois, selon les derniers chiffres de l'Insee portant sur l'année 2022. Cela représente 14,4% de la population.