#OnVousRépond par des infectiologues de Nice: comment va se passer la vaccination des 12-17 ans à partir de ce 15 juin ?

Dès ce mardi 15 juin, les adolescents peuvent recevoir à leur tour leur première dose de vaccin anti-Covid. Une nouvelle étape dans la campagne de vaccination. Quel formulaire faut-il remplir ? Qui donne son accord ? Comment se passe l'injection ? #OnVousRepond.

La campagne vaccinale s'intensifie, à partir de ce mardi 15 juin, les jeunes entre 12 et 17 ans pourront eux aussi recevoir leurs injections contre le Covid.

Dans l'Hexagone, 30 millions de personnes, ont déjà reçu une première dose de sérum. En région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, plus de 2 millions de personnes ont été vaccinées à ce jour :

Un vaccin sur la base du volontariat 

Annoncée le 2 juin dernier par Emmanuel Macron, la vaccination des 12-17 ans se fera sur la base du volontariat, comme pour le reste de la population : 

Toutefois, plusieurs observateurs dont le Comité national d’éthique (CCNE) ou la Haute autorité de Santé, ont déploré une ouverture prématurée, alors que seulement 57% de la population adulte française a pour l’heure reçu au moins une dose et qu’une large partie du monde n’a pas encore accès aux vaccins pour sa population la plus fragile.

Une "vision subjective" selon Elisa Demonchy, infectiologue au CHU de Nice :

la question des tranches d'âge se pose depuis le début de la pandémie, mais chaque pays a trouvé son rythme. Aux Etats-Unis, ils ont déjà vacciné trois millions d'enfants. C'est le Covid qui dicte la marche, donc il vaut mieux vacciner le plus largement possible.

Autorisation parentale obligatoire 

Le Code Civil stipule que les parents exercent en commun l'autorité parentale mais : "qu'un parent peut agir seul et est réputé avoir l'accord de l'autre, pour un acte usuel (...) De façon générale, n'est pas un acte usuel toute rupture forte avec une pratique antérieure."

Une règle qui s'applique donc pour l'ensemble des gestes médicaux courants réalisés sur des mineurs. Dans le cas de la vaccination Covid, les mineurs devront donc présenter une autorisation parentale de vaccination, complétée par les deux parents (ou tuteurs légaux) au travers de ce formulaire.

Jusqu’à présent, seuls les 16-18 ans ayant des comorbidités, avaient accès au vaccin Pfizer/BioNtech. Du fait de leur condition, ils ont le droit de ne présenter l’accord que d’un seul parent, le médecin estimant quant à lui si la vaccination est bien justifiée.

Dans les autres cas, si un seul des deux parents (ou responsables légaux) est présent lors de la vaccination, la présence étant obligatoire au moment de l'injection, celui-ci s’engage sur l’honneur à avoir également recueilli l’accord de l’autre parent. 

Une initiative qui risque donc de ne pas faciliter l'organisation, dans les centres de vaccination, notamment pour les enfants de couples divorcés ou ayant un schéma familial plus compliqué.  Mais Elisa Demonchy, reste néanmoins optimiste : 

je reste assez confiante malgré les contraintes de ce protocole. Les Français finissent par se faire vacciner, au départ les premiers sondages annonçaient 70% de personnes "contre" chez les jeunes adultes, aujourd'hui près de la moitié a déjà reçu au moins une première dose.

Consentement du mineur 

Dans un avis rendu mercredi 9 juin, le CCNE souligne que le mineur devra être informé par le vaccinateur "sur les incertitudes liées à la maladie, sur le vaccin lui-même et à propos son efficacité à moyen et long terme, ainsi que sur les moyens complémentaires de prévenir la maladie", et "l'administration du vaccin sera alors conditionnée au consentement libre et éclairé du mineur concerné".

La Direction Générale de Santé (DGS), précise également que "le mineur devra être muni de la carte vitale d'un de ses parents, même s'il a plus de 16 ans et en possède une à son nom, pour assurer le bon remplissage de l'outil Vaccin Covid".

Quel avantage pour les jeunes de se faire vacciner?  

Si les risques de développer une forme grave du Covid chez les plus jeunes est faible, en avril, 8% des hospitalisations, concernaient les 15-44 ans et moins d'1% les 0-14 ans. Pour certains, la vaccination pour les adolescents est donc inutile voire "dangereuse", suite notamment à des myocardites, pourtant bénignes, détectées dans d'autres pays : 

Mais Elisa Demonchy, infectiologue au CHU de Nice, tient à rappeler : "50% des sujets sont symptomatiques et nous n'avons pas encore de recul sur l'effet du Covid long, même chez les plus jeunes, je n'ai pas non plus de boule de cristal pour prédire les potentiels risques des vaccins dans le temps, mais à choisir entre le vaccin et le Covid, je choisis les vaccins que nous maîtrisons mieux, même si certains effets secondaires ont été observés, c'est vraiment rare." 

Un autre impact souligné par la spécialiste, c'est l'enjeu pour la santé mentale des enfants et des adolescents. Une théorie appuyée par l’étude de Santé publique France CONFEADO, la pandémie a affecté, et très probablement durablement les adolescents : 

la fermeture des écoles et la mise en place d’enseignements à distance, destinées à limiter la circulation du virus, pour protéger les adultes, ont eu un impact négatif très significatif sur l’apprentissage des enfants, y compris dans des pays à hauts revenus. Les conséquences dans le cas des familles défavorisées sont encore plus importantes.

Le vaccin pourrait donc apparaître pour certains comme l'espoir d'un retour à une vie normale...


Mais le CCNE s'interroge tout de même sur l'éthique de faire porter aux mineurs "la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de la vaccination (ou de la difficulté d'y accéder) d'une partie de la population adulte." 

Le comité ajoute également : « il y a un risque de stigmatisation pour les adolescents qui ne souhaiteraient pas y avoir recours», et « un risque de briser leur confiance si le retour à la vie normale» en échange de la vaccination «était compromis par l'arrivée de nouveaux variants du coronavirus." 

Eric Cua, infectiologue au CHU de Nice,  ajoute également : 

Même si les jeunes le font pour retrouver leur vie d'avant, il ne faut pas négliger l'aspect collectif, pour protéger les autres. J'ai vu des drames toutes les semaines, où des jeunes avaient rapporté le Covid à des personnes vulnérables, qui sont ensuite décédées.Vous imaginez la culpabilité ...

Autre argument également souligné par le spécialiste : "il ne faut pas oublier, que les personnes sans risques qui ne se vaccinent pas, vont devenir de véritables réservoirs pour le virus qui tentera ensuite de continuer à se propager.

Dans les centres de vaccination, Robert Traversa, médecin des sapeurs-pompiers 13 est mobilisé, il rappelle : "il faut toujours craindre la 4ème vague, la bataille n’est pas gagnée. Il faut atteindre cette fameuse immunité collective fixée aux environs de 90%".    

Pour le moment, seul le vaccin Pfizer peut être utilisé chez les adolescents. Il est autorisé dans l'Union européenne à partir de 16 ans, une autorisation étendue aux 12-15 ans par l'Agence européenne des médicaments, le 28 mai 2021. Le régulateur européen a également commencé à examiner la demande d'autorisation de la biotech américaine Moderna, pour l'instant réservé aux majeurs.

 

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