Lundi 12 décembre, une soixantaine d’enseignants-chercheurs, chercheurs, et étudiants ont été récompensés pour leur travail à l’université Côte d’Azur. Les travaux rayonnent jusque dans la communauté scientifique nationale et internationale. Rencontre avec deux femmes lauréates de ce prix prestigieux.
Dans les hauteurs du Parc Valrose de l’université Côte d’Azur se niche l’institut de Chimie de Nice (ICN). Véronique Michelet a revêtu sa blouse blanche et ses lunettes de protection pour rendre visite à son équipe de laborantins.
Ingénieure à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris, elle obtient son doctorat à l’Université Pierre et Marie Curie en 1996. Après deux stages post-doctoraux aux Etats-Unis et en Angleterre, elle devient chargée de recherche au CNRS puis est promue directrice de recherche en 2007.
Professeure des universités depuis 2017 à l’université Côte d’Azur, la scientifique a reçu lundi 12 décembre dans la soirée, le prix de la Division de Chimie Organique de la Société Chimique de France (SCF).
Arômes et chimie verte
“Nous créons des boîtes à outils pour proposer des liaisons entre les atomes et dégager ainsi une grande diversité de molécules”, résume Véronique Michelet. Concrètement, le travail de la chimiste consiste à développer de nouveaux arômes pour les producteurs de parfum dans le bassin grassois par exemple. Ses travaux sont aussi utilisés dans l’industrie pharmaceutique. Des “boîtes à outils” brevetées ou non et qui circulent à travers le monde.
La professeure travaille également au défi de la chimie verte.
“Le but c’est d’éviter de produire des déchets en évitant d’utiliser des produits trop toxiques aujourd’hui interdits par la loi. Il faut donc les remplacer. L’idée c’est d’utiliser le moins d’énergie possible en chaud ou en froid pour réaliser cette mission”
Véronique MicheletProfesseure des universités en Chimie à l'Université Côte d'Azur
Ses travaux peuvent prendre jusqu’à trois ans de recherche et sont réalisés par une équipe d’étudiants allant du BTS au post-doctorat. “C’est avant tout un travail d’équipe. C’est ce qui me plait dans mon métier. Pouvoir transmettre les connaissances en tant que professeur et faire de la recherche dans un environnement riche” explique la professeure de l'UCA.
La prévention dans la peau
Lundi soir, Corine Bertolotto a également été récompensée pour son travail depuis vingt ans sur les mécanismes de la dégénérescence des mélanocytes, des cellules responsables de la pigmentation de la peau.
La responsable de l’équipe Biologie et Pathologie des mélanocytes partage avec son confrère Robert Balloti le prix académique de la société européenne de recherche sur les cellules pigmentaires (ESPCR). Une distinction pour sa découverte d’un nouveau gène qui prédispose au mélanome cutané.
“Nous avons identifié un variant pathogène d’une protéine qui joue un rôle-clé dans le fonctionnement des mélanocytes. Ce variant prédispose au mélanome. Il peut être identifié sur les patients à risque par séquençage ADN. Des traitements spécifiques peuvent leur être proposés ensuite"
Corine BertolottoDirectrice de recherche à l'Inserm, Université Côte d'Azur
Ses travaux devraient permettre de grandes avancées sur la biologie des mélanomes de l’oeil. Une pathologie qui n’exprime pas de symptômes et dégénère rapidement en métastases incurables.