Le secrétaire d'Etat chargé de la mer Hervé Berville présidait vendredi 22 septembre à Nice les Assises de la pêche. Ses annonces sur "un plan de transition énergétique" n'ont pas convaincu les pêcheurs présents. Ils sont partis avant la fin du discours.

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Pourtant, ces Assises de la mer, face à la Méditerranée, commençaient bien.

Face à une assemblée de professionnels et à la presse, le secrétaire d'Etat à la Mer, Hervé Berville, a tenté de parler de l'avenir de la pêche. Pendant 40 minutes, il a développé ses 3 axes : végétalisation du carburant, abandon des énergies fossiles et de nouvelles infrastructures portuaires.

Des mesures qui s'inscrivent dans un vaste "plan de transition énergétique de la flotte de pêche."

Un gazole pêche plus vert

"Le verdissement du carburant aura pour premier bénéfice une réduction à la pompe de 13 centimes (par litre) pour tous les navires de pêche, tant que les prix seront élevés", a déclaré Hervé Berville, sans préciser le calendrier de mise en œuvre de cette mesure.

"Avec le PDG du groupe TotalEnergies, nous nous sommes mis d'accord pour que le gazole pêche soit plus vert en incorporant une part importante de biocarburant", a-t-il précisé.

Actuellement, TotalEnergies assure "les deux tiers de la vente du carburant marin" en France, et le biocarburant qui doit être incorporé à hauteur de 7,5% est "disponible".

Cette adjonction "ne nécessite pas d'adaptation des moteurs" des navires, mais "nécessite des investissements dans les stations". Ce qui prendra du temps.

Mais justement, le temps, les pêcheurs n'en ont pas !

Ils attendaient une réponse rapide face au "cataclysme" vécu par la filière du fait du coût des carburants, c'est "la déception".

Les pêcheurs quittent l'assemblée, en plein discours.

Le plan est qualifié de "mesurettes". Sur X (ex-Twitter), le CNPMEM affirme que "le compte n'y est pas !" Il annonce qu'il tiendra un conseil extraordinaire lundi.

Filière en crise

Pour Olivier Le Nezet, président du comité national des pêches, de nombreuses entreprises de pêche exigent des réponses urgentes : "Les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur de la crise que traverse depuis des années la filière, celle du Covid, du Brexit, de l'énergie", a-t-il insisté.

"Nous allons devoir nous expliquer avec le ministre et surtout, lui va devoir nous expliquer son plan, qui aujourd'hui n'en est pas un. Les 13 centimes ne permettront pas aux entreprises de continuer leur activité", a déclaré Olivier Le Nezet devant la presse.

Le prix du carburant est au cœur des débats mais les pêcheurs azuréens subissent d’autres contraintes, différentes de la Bretagne, qui n’ont pas du tout été évoquées.

"Les yachts nous ruinent les fonds marins"

Arnaud Allari, pêcheur à Saint-Jean-Cap-Ferrat, ne croit plus en son avenir. En quelques années, il a vu la Méditerranée changer. Il explique : "On a besoin d'aides par rapport à la grande plaisance, devant tous les espaces cotés de la Méditerranée, c'est pas travaillable parce qu'il y a de plus en plus de yachts ! Ils nous ruinent les fonds marins, il n'y a plus d'habitat marin, c'est fini pour nous."

Le pêcheur remarque que la posidonie disparaît. Cette plante joue le rôle essentiel, à la fois de nurserie et de poumon de la Méditerranée. "Avant, elle allait jusqu'à 30 mètres de fond, maintenant elle est absente. Jusqu'à 15 mètres de fond, on n'a plus un brin de posidonie." Malgré les zones préservées, selon lui ça ne suffit pas, "il faut faire plus !"

Il invite le secrétaire d'Etat à voir quelle est la situation en Méditerranée.

À l’issue de cette intervention, la filière en appelle directement à Emmanuel Macron pour être enfin entendue.

(avec Thibaut Rysman et AFP)

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