David Di Giacomo a été journaliste à Nice pendant 10 ans. Le soir du 14 juillet 2016, il a tenu l'antenne de France Bleu Azur toute la nuit pour maintenir les Niçois informés après l'attentat terroriste qui venait de se dérouler sur la Promenade des Anglais. Six ans après, il sort un podcast pour donner la parole aux victimes, encore touchées.
Le 14 juillet 2016, David Di Giacomo allait débuter ses congés d'été. Mais quand on est journaliste, l'actualité peut tout faire basculer. Alors qu'il a l'habitude de se rendre au feu d'artifice sur la Promenade des Anglais avec sa compagne et son enfant, ce soir-là, la famille décide de rester à la maison pour terminer de préparer les bagages pour partir le lendemain en vacances. "Aujourd'hui encore, on se demande ce qui aurait pu se passer pour nous...", confie-t-il à France 3 Côte d'Azur.
Dès que le journaliste apprend qu'il s'est passé quelque chose de grave sur la Promenade (bien avant de savoir qu'il s'agirait en fait du deuxième attentat terroriste le plus meurtrier de France), il se rend à la station de radio France Bleu Azur pour informer les Niçois et recevoir leurs témoignages.
Pendant les six mois qui ont suivi, David Di Giacomo traite le sujet de l'attentat quasiment tous les jours en suivant l'enquête de la police et en recueillant les récits des victimes. Le journaliste change alors de station après 10 ans à Nice et se retrouve au service police/justice de France Info. Cela ne l'empêche pas de continuer à suivre le sujet de près. Il est notamment présent sur la Promenade des Anglais lors de l'hommage rendu aux victimes un an après l'attaque.
Retour auprès des victimes
Six ans plus tard, alors que le procès de cet attentat s'ouvrira le lundi 5 septembre à Paris, David Di Giacomo a décidé de retourner voir ces personnes pour leur donner la parole. Il est désormais en charge du service police/justice de France Info. "En voyant l'approche du procès, assez naturellement je me suis dit que si quelqu'un devait faire quelque chose sur ce sujet à France Info, ça devait être moi", raconte-t-il au téléphone.
"Attentat de Nice, les enfants du 14 juillet" est un podcast en cinq épisodes d'une trentaine de minutes chacun. David Di Giacomo donne la parole à des parents endeuillés, des enfants traumatisés, des pédopsychiatres ou encore des policiers. "Cet attentat était une attaque des familles. 15 mineurs ont été tués, 42 blessés et des centaines d'enfants ont été traumatisés. Je voulais que ce podcast parle de cette particularité", détaille David Di Giacomo.
Se replonger dans cet événement marquant n'a pas été facile pour le journaliste. "Interviewer des parents endeuillés est très difficile, surtout quand on a des enfants soi-même, on se projette", explique-t-il. Le format du podcast lui permet donc de parler à la première personne et d'exprimer ces sentiments souvent effacés au profit d'un récit plus neutre et objectif.
Replonger dans toutes ces interviews m'a fait replonger dans ces souvenirs que j'avais mis de côté. Tout m'est revenu en mémoire, l'inquiétude pour mes proches, l'horreur de ce soir-là...
David Di Giacomo
Ce podcast a permis au journaliste de revoir des personnes avec qui il s'était déjà entretenu quelques années auparavant, juste après l'attentat. "Il y avait des enfants qui avait 4 ou 5 ans à l'époque qui n'avaient pas pu vraiment me parler de ce qu'ils ressentaient, explique-t-il. Pour le podcast, ils avaient désormais 10 ou 11 ans, ils parlaient mieux et j'ai pu voir de belles choses, car ils ont pu avancer, même s'ils sont toujours traumatisés."
Avec ce podcast, David Di Giacomo souhaite "entretenir la mémoire" collective : "Je voulais que les témoins aient bien conscience qu'un podcast a une durée de vie plus longue qu'un reportage radio comme on en fait tous les jours".
Dans "Attentat de Nice, les enfants du 14 juillet", on en apprend également davantage sur le travail des pédopsychiatres du centre Simone Veil à Nice, qui ont accompagné les enfants et leurs familles depuis six ans.
Michèle Battista, une des psychiatres qui a aidé à la construction de ce centre spécial, parle notamment d'un cas particulier : elle a décelé un traumatisme chez un nourrisson né le soir du 14 juillet 2016 à Nice. Grâce à ce centre, les parents ont pu comprendre que leur propre traumatisme avait eu des répercussions sur la santé du bébé dès la naissance.
Au cours de ces 5 épisodes de podcast, le journaliste tente de montrer comment le traumatisme de cet attentat est encore très présent dans la vie quotidienne des enfants et des personnes qui l'ont vécu. Toutefois, grâce au suivi des psychiatres et aux différentes initiatives pour rendre hommage aux victimes, on peut entrevoir l'espoir des victimes de s'en sortir, petit à petit.
