VIDEO. Procès de l’attentat de Nice : Valérie, la peine d’une victime indirecte

Parmi les parties civiles présentes au procès de l’attentat du 14 juillet 2016 survenu à Nice, on trouve des victimes indirectes. Valérie n’était pas sur la Promenade des Anglais le soir du drame et pourtant, cette attaque terroriste l’a meurtrie. Elle nous raconte.

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Valérie, qui préfère ne pas donner son nom de famille, n’est pas allée voir le feu d’artifice sur la Promenade des Anglais à Nice, le 14 juillet 2016. Et pourtant, ce soir-là, elle a perdu beaucoup.

Une partie de sa famille était en vacances à Nice. Le soir du 14 juillet, elle a décidé de ne pas les accompagner en sortie.

Pour Valérie, c’est le 15 juillet au matin que tout s’écroule. Sur une conversation Whatsapp avec sa famille, elle découvre avec horreur le récit de la soirée de la veille. Trois adultes, Jocelyne, Odile et Mathias et deux adolescentes, Soad et Emma, sont introuvables.

Aussitôt, la mère et la grande sœur de Soad et Emma partent de Bretagne où elles séjournaient aussi en vacances pour rejoindre Nice au plus vite. Toute la famille se retrouve chez Valérie et tout le monde s’organise pour retrouver les autres membres.

“Tous les jours, mon fils allait aux galets parce que c’est là qu’on lisait la liste des personnes disparues”, se souvient Valérie.

Des jours dans le flou

Il a fallu attendre plusieurs jours pour que la famille puisse comprendre ce qu’il s’était passé. 

Valérie a perdu trois membres de sa famille lors de l’attaque terroriste : sa tante Jocelyne, sa cousine Odile et le compagnon de sa cousine Mathias. Odile et Mathias étaient enseignants à Nice. 

Avec eux, se trouvaient les deux nièces adolescentes : Soad et Emma. Soad est parvenue à prévenir son père, alors domicilié au Gabon, par téléphone pour lui dire qu’elle était saine et sauve

Emma a eu beaucoup moins de chance. Le camion l’a blessée aux jambes et le choc lui a causé une commotion cérébrale. A 13 ans, elle s’est retrouvée blessée et seule sur la Promenade des Anglais car sa famille s’était complètement dispersée. Finalement, après avoir été aidée par un homme qui a vu sa détresse, elle a été amenée à l’hôpital par les secours. Elle a pu y être soignée… et retrouvée par sa famille.

Pendant une semaine, tous séjournent chez Valérie et essaient de reprendre leur esprit. Valérie accompagne sa cousine (qui a perdu sa mère, sa sœur et son beau-frère) à tous les rendez-vous nécessaires et elle gère également les soins d’Emma, toujours hospitalisée.

Pas de retour à la normale pour Valérie

“Le plus difficile, ça a été quand ils sont tous partis”, se remémore Valérie.

Je n’allais pas bien, je ne savais pas où aller. Je me suis souvenue de tous les conseils que les psychiatres et les psychologues avaient donnés à ma cousine. Le premier pas pour m'occuper de moi a été de prendre rendez-vous chez une psychologue puis avec une avocate.

Valérie

“Je ne me trouvais pas légitime, et c'est encore un peu le cas maintenant, parce que je n'y étais pas. Je n'ai pas perdu un enfant ni un parent…”, détaille-t-elle. Cependant, elle ressent que cet événement l’a affectée profondément. Quand je relis les expertises psychiatriques qui ont été faites sur moi après l'attentat, j'ai l'impression qu'on parle d'une autre personne pour qui j'ai de l'empathie”, assure Valérie.

Un procès pour toutes les victimes, même indirectes

Le Fonds de garantie des victimes, l’organisme qui indemnise notamment les victimes d’actes terroristes, a refusé son dossier car elle n’était pas l’ayant-droit des victimes décédées ou blessées. “Ce que j'en ai retenu c'est que les liens affectifs n'ont pas été établis”, explique Valérie avec ses mots. 

Toutefois, le juge d’instruction l’a bien reconnue comme victime indirecte et elle va pouvoir témoigner lors du procès qui débute ce 5 septembre à Paris.

Je ne sais pas si ça va me faire du bien. Je pense que vraiment c'est important que toutes les victimes, même les victimes indirectes, puissent parler de cette atrocité. Après je verrai, pour moi, si ça me répare ou pas.

Valérie

La famille de Valérie (Emma, Soad, leur grande soeur et leurs parents) s’est également portée partie civile au procès.

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