Les auto-écoles sont de nouveau dans l'impasse. Elles doivent garder porte close pendant le reconfinement. Mais, les élèves ont le droit de se présenter à l'examen du permis. Une situation "ubuesque" pour ce secteur professionnel. Dans les Alpes-Maritimes, ce sont 200 auto-écoles impactées.
Les élèves peuvent passer l'examen du permis de conduire et celui du code de la route, mais les leçons sont annulées. Voici le constat bien amer des auto-écoles, suite au décret du 29 octobre 2020 pour endiguer l'épidémie du Coronavirus.
"La situation est ubuesque", déplore Philippe Sireix, directeur de l'auto-école CER le Tanit Audiberti à Antibes. Il ajoute :
"On peut présenter nos élèves mais on ne peut pas les former. Passer le permis sans être prêt est inutile, voire dangereux. Il me reste seulement quinze élèves en mesure de passer l'examen dans mon auto-école."
Quinze élèves en attente de passer le permis, cela représente seulement 20% du quota habituel pour cette auto-école implantée depuis 1996.
Un nouveau confinement pire que le premier
Face à cette situation "d'entre-deux", auto-écoles "mi-ouvertes et mi-fermées", l'incompréhension est totale pour les professionnels du secteur. La colère gronde et les appels à manifester se multiplient. A Nice, une manifestation est d'ailleurs prévue ce vendredi 6 octobre.Lors du premier confinement au printemps, les auto-écoles percevaient de l'état la somme de 1.500 euros pour compenser leur fermeture. Cette fois-ci, comme elles restent ouvertes administrativement, elles ne reçoivent rien. Or, sans cours de conduite, les rentrées financières seront moindres. Philippe Sireix s'inquiète pour son secteur.Lundi, le centre d'examen de Maubeuge (Nord) a été bloqué. Exploitants et moniteurs ont également manifesté à Amiens (Somme), dans la métropole lyonnaise et dans l'Ouest, à Châteauroux et à Orléans, klaxons à l'appui. A Nice, une manifestation est prévue vendredi #autoecole #AFP
— Taimaz Szirniks (@Taimaz) November 3, 2020
"Même si mes huit employés sont au chômage partiel, j'ai la chance d'avoir une entreprise solide. Mais, il y a beaucoup de petites auto-écoles qui sont à l'agonie. On n'a plus d'aide et on ne sait pas combien de temps la situation durera."
Des précautions sanitaires ont été prises depuis le premier confinement, avec le port du masque obligatoire et la désinfection de l'habitacle pour chaque nouveau candidat. La délégation interministérielle à la Sécurité routière a indiqué samedi "qu'aucun cas d'infection n'avait été constaté dans le cadre de l'examen du permis de conduire." Une situation qui augmente le sentiment d'incompréhension de ce secteur professionnel:
"Pourquoi dans une voiture, alors qu'on passe l'examen, on va être trois, l'élève, l'inspecteur et le référent de l'auto-école ? Par contre, on ne peut pas donner de cours. C'est un non-sens."
Les élèves inquiets pour leur permis
Pour les élèves, la situation est également pesante. C'est notamment le cas pour Inès Barrouchi, 19 ans, étudiante en école de commerce. Elle est inscrite à l'auto-école CER la Niçoise depuis juin 2020 et elle déplore une situation "compliquée"."Le permis c'est un signe d'indépendance, j'en ai besoin pour aller en cours. Le campus est loin de chez moi. J'ai peur aujourd'hui de perdre mon niveau et de devoir repayer beaucoup d'heures supplémentaires."
Après la première vague du printemps, les reports d'examen et des heures de conduite avaient entrainé beaucoup de retard sur les plannings. Sur les réseaux sociaux, même constat : l'annulation des heures de conduite inquiète.
Le 2 novembre 2020, sur RTL, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a souhaité qu'un accord soit trouvé avec les auto-écoles grâce à la mise en place d'un protocole sanitaire plus stricte qui permettrait une reprise des cours de conduite.Mon auto école est fermé à cause du covid il me reste des heures en plus je crois j’aurai mon permis en 2040
— ⭐️? (@ysss_ys) November 4, 2020