Son œuvre, en hommage aux 86 victimes de l'attentat de Nice, a été inaugurée le 14 juillet dernier sur la promenade des Anglais. Jean-Marie Fondacaro, Niçois d'origine, voulait mettre sa pierre à l'édifice pour "aider les Niçois à faire leur deuil."
"Quand l'attentat a eu lieu, j'ai été très touché et j'ai eu besoin d'exulter, d'exprimer ce que je ressentais. Le lendemain, j'ai construit une sculpture, c'était comme si je poussais un cri de douleur dans mon atelier " raconte Jean-Marie Fondacaro, artiste à l'origine de "l'ange de la baie", la sculpture en hommage aux victimes du 14 juillet 2016, dévoilée jeudi 14 juillet dernier sur la promenade des Anglais.
"Au début, ce n'était pas du tout dans le cadre d'un mémoriel, c'était vraiment pour moi", précise le plasticien de 66 ans. "Mais en fait, sans le savoir, j'avais posé les bases de ce qui est ensuite devenu mon projet", ajoute-t-il.
Quand, en novembre 2021, la mairie de Nice a lancé un appel à projet pour concevoir une statue en hommage aux 86 victimes de l'attentat, ce Niçois d'origine n'a pas hésité pas une seconde. "Pour moi, c'était une manière d'apporter ma pierre à l'édifice", explique l'artiste qui confie être très attaché à sa ville d'origine.
Choisi à l'unanimité
Les associations de victimes ont choisi son œuvre à l'unanimité, parmi la quinzaine de maquettes qui leur ont été présentées.
J'étais très ému mais en même temps, j'ai ressenti une grande responsabilité parce que j'ai compris que les attentes des familles des victimes seraient immenses
le sculpteur
Jean-Marie Fondacaro a conçu une œuvre en aluminium, qui mesure près de 4 mètres de haut et représente une vague sur laquelle se dresse un ange protecteur.
Artisan et artiste
Issu d'une famille d'artisans, Jean-Marie Fondacaro a appris la sculpture avec les Compagnons du devoir, dès l'âge de 14 ans. Puis, à 35 ans, il a commencé ce qu'il appelle son travail artistique.
Pour "l'ange de la baie", le plasticien a débuté par un processus de création qu'il a trouvé difficile : "J'étais seul face à la charge émotionnelle que cela représente pour les Niçois et pour les familles de victimes", raconte-t-il. Ensuite, l'artiste a travaillé avec les artisans qui ont fabriqué pour lui les différentes pièces, notamment la vague.
A partir de ce moment-là, j'ai pu partager avec eux cette charge, j'ai senti qu'eux-aussi se sentaient concernés en tant que Niçois, ce n'était pas la même chose pour eux que de fabriquer un escalier
Jean-Marie Fondacaro
L'artiste azuréen, notamment célèbre dans la région pour son œuvre "L'envol" exposée à Saint-Paul-de-Vence, avait à cœur de ne pas en faire un "projet morbide".
Une œuvre intégrée dans le paysage
"Je veux répondre à la commande des familles de victimes mais j'ai aussi voulu imaginer une pièce qui aurait pu y être même s'il n'y avait pas eu d'attentat", explique Jean-Marie Fondacaro.
"Il ne faut pas que cela soit quelque chose qui provoque immédiatement de la douleur et qu'on déciderait d'éviter. C'est pour ça que j'ai décidé, par exemple, que les noms des 86 victimes soient gravés dans la vague, mais pas colorés : en fonction de la lumière, on les verra plus ou moins", ajoute le plasticien.
Si la maquette a été dévoilée au public en janvier, la pièce finale n'a pour le moment été montrée qu'à un groupe restreint de personnes : les représentants des associations de victimes et l'adjoint à la culture de la mairie de Nice.
Les autres devront attendre que "L'ange de la baie" soit dévoilé au public, le 14 juillet vers 15 h 30. "Je pense que ça va être un moment très fort, prévoit Jean-Marie Fondacaro. Si j'en juge par les réactions des personnes qui l'ont vu, certains ont fondu en larme, donc je pense que j'ai touché juste", espère l'artiste.