REPORTAGE. "On fait face, c'est tout" : le désarroi des habitants du quartier des Moulins à Nice, gangréné par le trafic de drogue

Le bilan dans ce quartier sensible est effrayant sur les dernières semaines. Entre saisies de drogue et interpellations, les faits se multiplient.

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"J'ai l'impression qu'il y a beaucoup d'interventions de police en ce moment", lance un commerçant du quartier des Moulins à Nice, classé comme étant prioritaire de la politique de la ville. Cette impression est confirmée par un bilan hebdomadaire édifiant. Ici, 45 personnes ont été interpellées dont 16 mineurs, entre le 8 et le 15 mai. Les forces de sécurité intérieure y ont effectué 18 opérations de sécurisation et contrôlé 852 personnes.

La récolte a été fructueuse. En tout, 2,5 kg de cannabis ont été saisis en plus des 248 grammes de cocaïne et des 3 995 euros.  

Un bilan qui n'a rien d'étonnant pour les habitants du quartier. L'un d'entre eux est arrivé il y a un an, il témoigne anonymement. Depuis son installation, il a été témoin de nombreux faits. "Ça guette terrible dans notre quartier, explique l'un d'entre eux arrivé il y a moins d'un an. On sait qu'il y a du trafic."

"Depuis que je suis ici, j'ai vu des courses-poursuites avec les flics, des gens qui se cachent dans des recoins un peu sombres."

Un habitant du quartier

à France 3 Côte d'Azur

"Les policiers sont hyper présents dans le quartier, ils se baladent. Toutes les cinq secondes, il y a une voiture de police qui passe. Nous, les habitants, on sait ce qu'il se passe !", confie-t-il.

Toujours les mêmes histoires

Un quotidien fait d'inquiétude pour certains. Ce commerçant est souvent témoin de discussions, toujours sur les mêmes thématiques : "Les gens ressentent vraiment de l'insécurité. C'est-à-dire qu'il y a toujours le risque d'une bagarre, une balle perdue... Au comptoir, j'entends à chaque fois les mêmes histoires : des agressions, des tirs, etc. Les gens se plaignent de ça."

"Je ne vais pas dire qu'on a l'habitude... On fait face, c'est tout"

Une habitante

à France 3 Côte d'Azur

Pour preuve, la préfecture des Alpes-Maritimes dénombre, dans un communiqué, trois affaires marquantes en une seule semaine : le 9 mai, "un individu connu des services des polices comme étant un guetteur, blessé par balle au niveau de la fesse. Sur place, il a été retrouvé 6 étuis au sol et 5 cartouches.". Le 12 mai, "un individu prend la fuite dans les étages d’un immeuble. Intercepté avec deux autres complices, l’équipage découvre un appartement d’où se dégage une forte odeur de cannabis : saisie de 100 g de cocaïne, 683 g de résine de cannabis et un couteau". Et enfin le 14 mai : "contrôle d’un individu dans un hall d’immeuble en possession de 800 g de résine de cannabis et sachets de conditionnements". 

"C'est surtout ce sentiment et cette tension"

Jean-Louis*, lui, ne ressent pas forcément d'insécurité mais il comprend que ce sentiment soit présent chez d'autres. "Je sais que pour des habitants vivant autour de chez moi, ce n'est pas l'environnement dans lequel ils voudraient que leurs enfants grandissent, explique-t-il. Une dame qui vivait dans le même batiment que moi me disait que c'était compliqué de voir des jeunes aller dans ces extrêmes-là. Au-delà de ce qui se passe réellement, c'est surtout ce sentiment et cette tension". 

Un sentiment lié à de nombreuses situations dont certaines ont été médiatisées, comme en avril, quand une vidéo amateur a dévoilé des individus se baladant armes à la main. 

Marcel Sarr, médiateur de nuit et directeur de l'association Adam, va à la rencontre des habitants, chaque semaine, de 17 heures à 1 heure du matin, pour discuter avec eux de leur quotidien, avoir leur ressenti et fournir des informations notamment concernant l'insertion professionnelle. Lors de ces rencontres, ils recueillent de nombreux témoignages qui ont aussi été écoutés par Christian Estrosi et le préfet des Alpes-Maritimes le 31 mars. 

"Le quartier des Moulins, depuis quelques semaines, est dans une situation qui n'est pas des plus faciles avec une existence de la violence. Ça a poussé à ce qu'il y ait une rencontre publique avec le maire et le préfet. Les habitants ont pu s'exprimer de manière claire sur la situation."

Marcel Sarr

à France 3 Côte d'Azur

À la suite de leurs revendications auprès des élus locaux, les habitants se sentent davantage rassurés. "Ils nous disent qu'il y a un réel climat anxiogène qui justifie un sentiment d'insécurité, c'est réel. Ceci dit, depuis quelques semaines et cette réunion, il y a une présence au niveau de la sécurité qui rassure. Cela fait douze ans que je travaille à l'association, que je suis dans le quartier et c'est la première fois que je vois un dispositif de sécurité aussi conséquent qui rassure. Bien sûr, les habitants espèrent que ce dispositif va perdurer", détaille-t-il. 

En tout, depuis le 10 avril, 182 personnes ont été interpellées dont 69 mineurs. Et 31 d'entre elles ont été présentées au procureur de la République, 12 ont été écrouées. En un mois, les saisies sont conséquentes : 16,8 kg de cannabis, 1.51 kg de cocaïnes et 34 755 euros. 

*Le prénom a été modifié

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