Depuis ce mardi 9 mai, la Police nationale peut utiliser deux drones pour survoler et sécuriser le quartier des Moulins à Nice. Une partie de la ville marquée par de nombreux incidents ces dernières semaines.
La Police nationale des Alpes-Maritimes compte désormais dans ses rangs des nouveaux membres un peu spéciaux : deux drones.
Ils peuvent dorénavant voler dans le ciel de Nice dans un but de surveillance, après l'annonce récente du préfet des Alpes-Maritimes Bernard Gonzalez. C'est un nouveau rebondissement, en janvier 2022, le Conseil constitutionnel censurait la disposition permettant de recourir aux drones en cas d'urgence sans autorisation préalable du préfet.
Les policiers municipaux niçois, eux, par contre ne peuvent toujours pas utiliser les drones dans une dimension sécuritaire. Cela fait pourtant de nombreux mois que les forces de l'ordre s'y préparent et avaient été formées dans ce sens.
Leurs drones sont actuellement majoritairement mis à disposition et utilisés par l'Agence de Sécurité sanitaire, environnementale et de gestion des risques.
Lutter contre le trafic de drogue
Un drone a donc effectué sa première sortie au-dessus du quartier des Moulins à Nice, ce mardi 9 mai. Avec une caméra haute définition, cet outil permet de reconnaître les visages et les plaques d'immatriculation.
Ce déploiement intervient quelques jours après des tirs dans le quartier, ce vendredi 5 mai. Depuis de nombreuses semaines, il y a de nombreux incidents dans ce quartier où les trafics de drogue se multiplient.
Olivier Malaver, commissaire de police, explique l'intérêt d'utiliser ce nouvel outil au micro de l'équipe de journalistes de France 3 Côte d'Azur : " on envoie le drone avant une opération pour voir l'organisation d'un point de deal, la position des acheteurs, des vendeurs et du guetteur, ce qui permet d'envoyer nos effectifs au bon endroit au bon moment. Cela permet aussi de voir le chemin de fuite des dealers et donc de les intercepter en sécurité pour les collègues".
Des policiers spécialement formés
Les drones sont manœuvrés par des télépilotes, des policiers des Alpes-Maritimes spécialement formés. Le drone, doté de moteurs discrets peut voler à une altitude de 120 mètres pendant une durée de 30 minutes. Quasiment indétectables depuis le sol, ils ne connaissent qu'un seul ennemi, le goéland, qui ne veut pas partager le ciel de Nice...
Au cours de cette première journée d'opération qui visait un point de deal, le commissaire de police dresse le bilan : " nous avons pu procéder plus rapidement à deux interpellations pour trafic de stupéfiants, à une saisie de drogue et d'argent".
Pour les trois mois à venir, les missions se dérouleront exclusivement au-dessus du quartier des Moulins.
Les syndicats s'organisent aussi pour se former :
Une législation sur les drones qui peut évoluer
Tout récemment, l'usage de drones par les forces de l'ordre a suscité des critiques lors des manifestations du 1er mai. Des organisations de défense de libertés ont notamment saisi la justice pour suspendre les différents arrêtés, pris par des préfectures autorisant l'usage de cet outil lors des manifestations.
Les conditions d'utilisation de ces outils ont récemment évolué avec un décret datant du 19 avril dernier, qui précise les circonstances dans lesquelles les drones peuvent être utilisés par la police et la gendarmerie nationale :
Assurer la sécurité des manifestations et sur la voie publique dans un objectif de maintenir ou de rétablir l'ordre public, pour la prévention d'actes de terrorisme, pour la régulation des flux de transport, la surveillance aux frontières ou dans le cadre des secours aux personnes,
précise le ministère de l'Intérieur.
Dans un communiqué daté du 25 avril, la Ville de Nice déplorait que ce décret "exclut les polices municipales du champ des autorités habilitées à l'usage des drones". En janvier 2022, quatre policiers municipaux étaient formés au pilotage de drone.
Suite à ce décret, un recours sur l'utilisation des drones va être examiné le 16 mai prochain par le Conseil d'État, ce qui pourrait peut-être modifier leurs utilisations par la suite.